Dans les îles éloignées, déjà une centaine d’animaux soignés par les vétérinaires itinérants

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Fin décembre 2023, TNTV les avait suivi dans leurs préparatifs pour soigner et stériliser les animaux des îles éloignées. Après cinq semaines aux Marquises et un peu moins d'une centaine d'animaux domestiques pris en charge, Lorenzo Manis et Margaux Douard ont entamé la deuxième partie de leur mission à Amanu, dans les Tuamotu, où ils espèrent rendre service à un maximum de propriétaires.

Publié le 12/04/2024 à 17:04 - Mise à jour le 13/04/2024 à 11:17

Fin décembre 2023, TNTV les avait suivi dans leurs préparatifs pour soigner et stériliser les animaux des îles éloignées. Après cinq semaines aux Marquises et un peu moins d'une centaine d'animaux domestiques pris en charge, Lorenzo Manis et Margaux Douard ont entamé la deuxième partie de leur mission à Amanu, dans les Tuamotu, où ils espèrent rendre service à un maximum de propriétaires.

C’est fin décembre 2023 que Lorenzo et Margaux, vétérinaires exerçant à Tahiti, avaient partagé leur projet de sillonner les îles les plus éloignées en bateau pour y prendre en charge les animaux domestiques. Un plan finalement concrétisé quelques semaines plus tard. Atterri le 22 février dernier à Nuku Hiva, le couple se lance alors pour deux mois de mission : cinq semaines aux Marquises, le reste aux Tuamotu.

Le couple avait déjà pris connaissance de la demande sur place en termes de soins animaliers via l’association Nuku Hiva Animaraseule association du genre aux Marquises, ndlr. Une destination qui leur permet, comme ils l’avaient envisagé dans leur projet initial, de trouver un particulier pour les emmener en bateau dans les autres îles de l’archipel. « L’association a participé à hauteur de 40% sur les stérilisations, pour aider les propriétaires à prendre en charge leurs animaux, détaille Margaux. C’est de là que l’on a trouvé notre premier bateau pour nous rendre à Ua Pou, Ua Huka, Hiva Oa et Tahuata » .

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Un deuxième bateau les transporte ensuite jusqu’à Fatu Hiva. Là, ils reçoivent le soutien bienvenu de la Manu-Sop (Société Ornithologique de Polynésie), celle-ci ayant financé la stérilisation des chats à 100%. L’association œuvrant à la préservation du monarque endémique de Fatu Hiva, qui organisait déjà des campagnes de stérilisation, souhaite réinsérer l’oiseau dans la vallée de Hanavave.

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Le couple est donc sollicité pour y diminuer la population féline, en prenant en charge les chats domestiques. La population de chats sauvages étant difficile voire impossible à jauger avec leurs moyens, Margaux et Lorenzo estiment qu’il serait « intéressant d’envisager, dans un second temps, cette population avec du personnel (…) Il faudrait des cages pour les attraper, une réelle organisation qui demande plus que ce que l’on a fait » , poursuivent-ils. Bilan de ce séjour de trois jours à Fatu Hiva : 34 animaux pris en charge, tout de même.

Le lien avec les habitants ne s’est toutefois pas créé fissa. Si le message de leur arrivée était bien passé, le couple s’est activé pour aller chercher les chats, prenant le problème à bras-le-corps. « On a bien été aidés par les enfants de la vallée, s’amuse Lorenzo. Il y en a qui s’ennuyaient pendant les vacances, donc ils sont venus nous voir et on leur a demandé s’ils pouvaient faire le tour du village pour nous amener les chats des propriétaires » . « Les gens étaient contents que ce soit gratuit, bien sûr, souffle Margaux. Ils n’auraient peut-être jamais fait stériliser si ça n’avait pas été le cas » . Une remarque particulièrement vraie dans les petites îles, où aucune association n’est présente pour soutenir la population. Le couple ne peut que constater la baisse de la demande à Ua Pou ou à Ua Huka.

Les Tuamotu, désert vétérinaire

Après Fatu Hiva, Lorenzo et Margaux lèvent l’ancre et naviguent trois jours et demi pour rejoindre les Tuamotu, où ils effectuent la deuxième partie de leur mission itinérante, pendant trois semaines, avant leur retour à Tahiti.

Le défi s’annonce difficile dans les atolls les moins peuplés, malgré l’utilisation de leur cagnotte constituée avant le départ (200 000 francs) pour proposer des tarifs réduits. « Comme prévu, on la réservait pour les Tuamotu, où on savait qu’il y avait moins de moyens. À Amanu, on a fait 75% de réduction sur la stérilisation de chienne, soit 5000 francs. En quelques jours, nous n’avons eu que deux chiens » , souffle Lorenzo. On espère qu’on arrivera à faire plus à Makemo » .

« On s’est beaucoup investis, autant personnellement que professionnellement. Ça nous a permis de rencontrer beaucoup de gens, d’avoir un réel contact avec la population, assure Lorenzo (Crédit : Vet’iroa Fenua)

Autre constat aux Tuamotu, les propriétaires sont relativement réfractaires à la castration des mâles. S’ils ne baissent pas les bras, l’énergie que les deux vétérinaires déploient à deux dans les plus petites îles n’est pas forcément rentable, « ni en temps, ni en argent » , observe Margaux. À cela s’ajoute la dépendance à la météo : tempête oblige, le couple doit s’attarder sur Amanu pendant quelques jours. « Le déplacement en bateau, c’est bien, mais forcément on ne peut pas prévoir des dates comme on avion. On espère pouvoir utiliser la cagnotte à Makemo et Fakarava, si nous avons le temps » , prévoit Lorenzo. S’ils ne sont pas totalement consommés dans les jours à venir, les fonds restants serviront à une mission ultérieure, toujours dans les Tuamotu.

« On s’est beaucoup investis, autant personnellement que professionnellement. Ça nous a permis de rencontrer beaucoup de gens, d’avoir un réel contact avec la population, assure Lorenzo. Il y a certes cette désillusion de ne pas pouvoir travailler sur certaines îles, du fait du manque d’économie locale, mais on a quand même apporté pas mal de soin sur des îles dépourvues de professionnels, où les animaux en avaient besoin » . Margaux, elle, retient la reconnaissance « indéniable » des gens. « On se sent utile, mais on pourrait l’être beaucoup plus avec une association globale sur ces îles » , conclut-elle.

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