84 professionnels de santé sont arrivés dans la nuit de mercredi à jeudi, dont 34 soignants de la réserve sanitaire et 50 de la solidarité nationale.
« Sur les 59 personnels soignants qui viennent renforcer le CHPF, 15 viennent remplacer le premier contingent de la réserve sanitaire qui nous avait été accordé à la mi-août, explique Claude Panero, la directrice du Centre hospitalier de Taaone. Aujourd’hui ce sont donc 59 soignants qui vont venir renforcer les effectifs du CHPF. »
Des “renforts massifs” sont encore attendus ce week-end a annoncé le haut-commissaire ce jeudi. « Nous attendons pour la fin de la semaine 66 personnels soignants. C’est le nombre qui nous est aujourd’hui annoncé, déclare Claude Panero Cet autre contingent qui arrivera a vocation également à être réparti avec la direction de la santé. Mais nous espérons bien que d’ici à la fin de la semaine ce soit à peu près une centaine de personnels soignants qui viennent renforcer les équipes du CHPF. »
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Des renforts oui, mais dont le nombre reste « encore en-deçà de ce que nous avons demandé » rappelle la directrice, admettant toutefois que cette aide permettra de renforcer la filière des urgences. « Ça va nous permettre de retrouver des ratios normaux dans les services d’hospitalisation en permettant la prise en charge des patients avec un infirmier pour 8 patients plutôt que 12 aujourd’hui. Et puis enfin ça va nous permettre, notamment en secteur de réanimation, de pouvoir porter notre capacité réanimatoire en secteur covid et non covid réanimatoir, de 48 à 55. (…) On remercie l’Etat et le Pays d’avoir contribué au soutien de nos demandes de renfort également. Et on espère que ce mouvement de soutien et de renfort au CHPF va se poursuivre dans les semaines et les jours à venir. (…) »
Eviter une saturation encore plus grande
« Aujourd’hui, la stratégie de l’hôpital c’est, en étant aidé par les structures périphériques, les cliniques, la médecine libérale, d’éviter que l’on soit encore un peu plus saturé. Cette situation reste fragile lorsque peuvent décompenser des patients à domicile ou que, à aujourd’hui, on rencontre des pénuries de concentrateurs d’oxygène pour maintenir les patients à domicile. La stratégie de l’hôpital elle est aujourd’hui aussi gouvernée par un léger infléchissement de l’activité. Non pas que ça se traduise en terme de baisse significative des hospitalisations puisque la situation reste relativement fragile. Mais elle n’empêche pas en tout état de cause l’établissement de réfléchir aujourd’hui à l’augmentation de ses prises en charge au global. »
L’hôpital réfléchit par exemple à un service de réanimation éphémère ou encore à un dispositif d’évacuations sanitaires vers la métropole ou la Nouvelle-Zélande : « les propositions sur lesquelles on travaille aujourd’hui mais on est encore qu’au stade de faisabilité, elles consistent à aborder le sujet des évacuations sanitaires en fonction d’un profil particulier de patients vers la métropole ou vers la Nouvelle-Zélande. En tout cas on essaie d’explorer ces voies. C’est complexe à mener donc ça prend du temps et puis il y a aussi la stratégie de pouvoir installer de nouveaux postes de réanimation avec des stratégies de postes de réanimation éphémères pour pourquoi pas augmenter à une vingtaine de postes de réanimation supplémentaires. Mais là aussi ça suppose des études de faisabilité, un portage Etat Pays. Donc aujourd’hui l’établissement a cherché à élargir la palette des solutions qu’il peut prendre pour assurer et anticiper un peu plus l’afflux massif des patients et profiter de cette légère accalmie pour essayer d’augmenter sa capacité de prise en charge. »
La charge émotionnelle des soignants, prise en compte
Avec 463 décès liés à la covid-19 en Polynésie à ce jour, des services saturés, le personnel de l’hôpital doit également supporter une charge émotionnelle intense. Un dispositif d’écoute a été mis en place : « Le centre hospitalier de la Polynésie française a mis en place un dispositif de soutien et d’écoute particulier pour les soignants qui sont extrêmement affectés au plan émotionnel sur les situations qu’ils sont en train de vivre. (…) Beaucoup de soignants vivent aujourd’hui avec une grande douleur et il n’est pas rare de voir des personnels soignants aujourd’hui pleurer des situations qu’ils vivent et cette charge émotionnelle il faut absolument la considérer »
Des patients non-covid en attente
Près de trois quarts des lits d’hospitalisation sont réservés aux patients atteints de covid-19. Mais d’autres personnes attendent une prise en charge… « Nous avons le souci en effet de reprendre le plus vite possible nos capacités normales de prise en charge des patients non covid pour, le moins possible, retarder les diagnostics thérapeutiques (…) Ça va prendre du temps parce que le nombre de patients qui sont en attente d’être pris en charge aujourd’hui de ce point de vue là, sont extrêmement importants. Et notre souci aujourd’hui, il est à la fois d’assumer la prise en charge des patients covid. »
« la vraie saturation de l’hôpital c’est aussi celle qui nous empêche de pouvoir prendre en charge dans des conditions normales, les patients non covid.«
Claude Panero, directrice du CHPF
L’hôpital compte sur l’accélération de la campagne de vaccination pour ralentir le nombre d’hospitalisations… « Nous espérons, nous comptons beaucoup sur les mesures qui sont prises au plan de l’ordre public et de la sécurité au niveau de l’Etat, au niveau du Pays pour accroitre la campagne de vaccination, accroitre les mesures d’ordre public pour faire qu’il y ai moins de contaminations et donc moins de personnes qui soient hospitalisées à l’hôpital pour, le plus rapidement possible, reprendre une activité normale. Cependant, tout ceci va encore durer plusieurs semaines, nous espérons pas plusieurs mois parce qu’aujourd’hui effectivement et je le redis, la vraie saturation de l’hôpital c’est aussi celle qui nous empêche de pouvoir prendre en charge dans des conditions normales, les patients non covid. »