Covid-19 : 150 SDF confinés dans des structures, et les autres ?

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Afin d'éviter la propagation du Covid-19, les sans-abri de Tahiti sont confinés à la salle Ateivi, à la salle Maco Nena ou encore au gymnase du lycée Paul Gauguin, à Papeete. Mais certains ne souhaitent pas y aller, et rester donc errer dans les rues...

Publié le 07/04/2020 à 13:40 - Mise à jour le 08/04/2020 à 17:07

Afin d'éviter la propagation du Covid-19, les sans-abri de Tahiti sont confinés à la salle Ateivi, à la salle Maco Nena ou encore au gymnase du lycée Paul Gauguin, à Papeete. Mais certains ne souhaitent pas y aller, et rester donc errer dans les rues...

Le confinement entré en vigueur le 21 mars à minuit concerne également les personnes sans domicile fixe errant dans les rues du fenua, afin d’éviter la propagation du Covid-19. Elles ont été placées par les autorités du Pays et de la ville de Papeete à la salle omnisports de Ateivi, à la salle Maco Nena ou encore au gymnase du lycée Paul Gauguin :

Cependant, plusieurs SDF errent aujourd’hui encore… Si certains n’ont pas souhaité entrer dans ces centres, d’autres ont franchi le pas. Mais après quelques jours passés à l’intérieur, les restrictions ainsi que les désaccords les ont poussés à en ressortir. Ils confient s’être sentis trop « enfermés » et déplorent un manque d’équité avec les agents de proximité, qui peuvent sortir « librement » selon eux. « On se sent enfermés, on peut même pas sortir pour aller au magasin chercher des cigarettes… Au début, on nous laisser y aller, mais plus maintenant. Il y a des activités proposées, mais ça ne sert à rien… ce n’est pas assez. La plupart, on a fait les activités, mais après on est fiu de faire les mêmes choses tous les jours » nous dit une sans domicile file. « Il y a beaucoup de vieux dans les centres, ils sont malades… on peut facilement avoir la maladie avec eux. Et il n’y a pas d’intimité hormis aux vestiaires » ajoute-t-elle. On est plus en sécurité à la cathédrale avec Père Christophe, selon moi. Là-bas (dans les centres, NDLR), on est collés les uns aux autres. Les matelas sont à quelques centimètres des autres, il n’y a même pas un mètre de distance ».

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Aucune interview ne nous a été accordée de la part de la direction des centres d’accueil, pour autant, elle assure que concernant les courses, un document est mis en place dans les différents centres et dans lequel tout un chacun peut mentionner les achats qu’ils souhaitent. Par la suite, les agents de proximité se rendent dans les magasins pour les acheter. Mais selon un SDF, ces courses ne sont pas faites dans l’immédiat et il leur arrive d’attendre jusqu’à 4 jours.

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Force est de constater une tension sous-jacente entre les sans-abri et les agents de proximité : « Il y a eu une réunion où on nous interdisait de sortir à cause du confinement. Ils nous ont demandé notre avis et j’ai dit que si on ne pouvait pas sortir pour aller au magasin, pourquoi eux, les agents de proximité ou les taote, peuvent ? Et ils peuvent nous ramener la maladie. Ils ont mal pris la chose et ils m’ont mis dehors. On mangeait bien sinon là-bas. Mais il faudrait modifier le comportement des personnes, on n’est pas des chiens quand même, on est des êtres humains, on a le droit à un minimum de respect. Qu’on ne nous demande pas notre avis si on ne nous écoute pas » déclare encore un SDF.

Le Conseil des ministres du 8 avril fait le point d’étape de la prise en charge des personnes sans-abri confinées :

La mise à disposition de plusieurs matelas et nécessaire de couchage (coussins, draps, couvertures…) ainsi que des produits d’hygiène a pu être réalisée dès l’annonce du confinement général. Compte tenu de l’urgence, ces premiers achats en équipement ont été effectués par la DSFE qui a investi 5 931 409 Fcfp dans ces opérations

Le concours des municipalités, des services du Pays, des associations et confessions religieuses a également été très précieux car il a permis d’identifier et de réaménager 4 sites en centre d’accueil d’urgence pour la prise en charge de cette frange de la population, avec les salles omnisports Bambridge et Ateivi, une salle mise à disposition par l’Eglise protestante à Pirae, le lycée Paul Gauguin, en plus du centre d’hébergement d’urgence (CHU) existant de Tipaerui. À ce jour, près de 150 personnes sans-abri sont confinées dans ces 5 structures.

Progressivement, des activités collectives ont été instaurées sur chaque site pour les aider et les soutenir face aux difficultés rencontrées (besoin de sortir, rivalité de clans, agressivité latente).

Aujourd’hui, le nombre de personnes sans-abri confinées commence à se stabiliser, et un accompagnement quotidien permet d’ajuster la prise en charge sociale au gré des besoins de chacun. Les agents de santé, les agents communaux de Papeete et les travailleurs sociaux de la DSFE œuvrent activement chaque jour auprès de ce public vulnérable. Une cellule de coordination permet de rassembler tous ces professionnels pour une meilleure continuité de service.

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