Civen : « on n’a pas assez de demandes » d’indemnisation

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Le président du comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) et deux médecins ont rencontré cette semaine les représentants de l'Etat du pays et d'associations avec qui ils espèrent travailler "main dans la main" et en toute transparence. Alain Christnacht était l'invité de notre journal :

Publié le 30/11/2019 à 12:40 - Mise à jour le 30/11/2019 à 13:06

Le président du comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) et deux médecins ont rencontré cette semaine les représentants de l'Etat du pays et d'associations avec qui ils espèrent travailler "main dans la main" et en toute transparence. Alain Christnacht était l'invité de notre journal :

Un premier point sur vos rencontres depuis le début de cette semaine…
« On est venus pour écouter le Pays, rencontrer des personnes intéressées par ce sujet et dialoguer avec elles. »

Et qu’est-ce qui est ressorti de votre rencontre avec le Coscen (conseil d’orientation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires, NDLR) ?
« On a rencontré beaucoup de monde. Des associations, des élus etc. Plusieurs sont dans le Coscen. Moi je découvrais cette assemblée très large. On a pu échanger pendant 3 heures.
Il en est ressorti que, d’abord je crois qu’on a mieux compris ce qu’on nous reprochait et que ceux qui ont écouté on mieux compris comment on travaillait. Donc il en est d’abord ressorti une meilleure connaissance mutuelle. Et on a eu un diagnostique commun sur plusieurs points. Spécialement, qu’on n’avait pas assez de dossiers. On n’a pas assez de demandes. Depuis la création du Civen on a reçu 311 demandes de résidents polynésiens. Ce n’est pas beaucoup. On pourrait imaginer d’en recevoir deux fois plus par exemple. »

Quels sont vos critères pour recevoir ces demandes d’indemnisation ?
« Je répète : le problème c’est qu’on n’a pas beaucoup de dossiers qui sont déposés. Une fois qu’ils sont déposés, on les instruits, on les analyse, donc il faut d’abord que les personnes qui déposent une demande d’indemnisation aient résidé dans toute la Polynésie pendant les essais aériens ou souterrains donc ça veut dire de 1966 à 1988. Il y a un critère de lieu et de date. La deuxième condition c’est que ces personnes aient été atteintes d’une des 23 maladies, il y en a eu deux rajoutées récemment, qui sont des cancers de divers nature dont la caractéristique est que ces cancers peuvent être radio induits c’est-à-dire suscités, accélérés ou révélés par les rayonnements ionisants dus aux essais nucléaires. »

Les associations sont toujours opposées au seuil de 1 millisievert. Cela continue à déplaire. Quelle serait la solution ?
« Les associations, on ne peut pas en faire un bloc. On a bien discuté avec deux d’entre elles. 193 n’a pas voulu venir mais avec d’autres on a bien discuté. Je crois que ce qu’il faut bien comprendre, ce sur quoi tout le monde devrait pouvoir être d’accord c’est qu’il ne suffit pas d’avoir une des maladies radio induites pour qu’elle ait été provoquée par les rayons des essais nucléaires. Sinon, si toutes étaient provoquées par les rayons des essais nucléaires, ça voudrait dire que s’il n’y a pas eu d’essai nucléaire, ces maladies n’auraient pas pu se produire. Ça voudrait dire qu’en Polynésie il n’y aurait pas eu de cancer du sein, pas de cancer des os etc. Ce n’est pas vraisemblable. Le rôle du Civen, qui n’est pas facile, c’est de distinguer, de dire, « au vu du dossier médical, d’un certain nombre de critères dont le millisievert qui n’a rien à voir avec le risque négligeable, c’est de dire voilà ce cancer qui est sur la liste des maladies radio induites, dans ce cas particulier, il est dû aux rayons des essais nucléaires, et dans d’autres cas il est dû à d’autres causes. Et on n’est pas arc bouté sur ce critère de 1 millisievert. On regarde d’autres critères, on regarde tout le dossier de la personne, on se détermine sur une personne, dans une situation avec son âge, son histoire, son environnement professionnel. »

L’Etat est-il prêt à accéder à la demande de la CPS qui souhaite le remboursement des soins des malades victimes de cancer ?
« C’est ce que le Civen a fait jusqu’en 2016. En 2016 il a arrêté parce que le Conseil d’Etat a jugé que le type d’indemnisation de la loi Morin ne permettait pas de le faire. Si ce blocage juridique est levé, le Civen recommencera comme il l’a fait. »

Quelle est la suite de ce déplacement en Polynésie française ?
« On va travailler sur tous les sujets qui ont été abordés pour accélérer le traitement des dossiers pour mieux informer, mieux communiquer. On a pris une foule d’adresses de messagerie, de numéros de téléphone et on va poursuivre le dialogue. C’est pas « on vient une fois tous les deux ans pour rencontrer les gens ». C’est « on veut un nouveau départ et maintenir un dialogue constant avec tout le monde ». »

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