CHPF : les syndicats lancent un ultimatum au gouvernement

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Publié le 04/02/2015 à 15:25 - Mise à jour le 04/02/2015 à 15:25

Après l’annonce de la diminution du budget du CHPF de 600 millions de Fcfp pour l’année 2015, les organisations syndicales se sont mobilisées. Le personnel estime avoir fait des efforts considérables en augmentant son activité à effectif constant. En janvier, les syndicats dénonçaient notamment l’impact de cette diminution sur la qualité des soins (lire ICI). Dans un communiqué diffusé aujourd’hui jeudi, ils tirent la sonnette d’alarme et donnent un ultimatum au gouvernement : trouver « des solutions aux problèmes de financement du CHPF » d’ici demain vendredi ou subir une grève. 
« On essaie de convaincre, de montrer que le problème est réel », déclare Marc Levy, président du syndicat des praticiens hospitalier (SPHPF) au micro de Tahiti Nui Télévision. Les syndicats espèrent faire prendre conscience au gouvernement que « ce dossier doit être une priorité ». Demain, les syndicats doivent être reçus par le vice-président « pour qu’il nous apporte des solutions concrètes ». A défaut, un préavis de grève sera déposé. 

Le communiqué

« Selon les préconisations de l’administrateur provisoire et du directeur de la CPS, le gouvernement de la Polynésie française a décidé sans concertation avec la direction de l’hôpital du Taaone, de diminuer le budget du centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) de 600 millions de francs pour l’année 2015.  
 
Depuis l’entrée dans le nouvel hôpital du Taaone en 2010, le financement du budget du CHPF par la caisse de prévoyance sociale (CPS) a autant diminué que le nombre de patients hospitalisés a augmenté.
 
Les efforts considérables de gestion et de management du CHPF ont permis des économies de fonctionnement, notamment grâce au personnel qui a augmenté son activité à effectif quasiment constant. Les charges en personnel représentent moins de 60% du budget du CHPF, ce qui est peu par rapport à la situation des hôpitaux de métropole.
 
La dotation globale de fonctionnement (DGF) versée par la CPS à partir des différents régimes de prestations sociales représente 70% du financement du CHPF. Son montant a baissé de 2,3 milliards entre 2010 et 2015, ce qui représente une économie cumulée de 5 milliards de francs pour la CPS. En 2015 la DGF est équivalente à celle de 2008 à l’époque de l’ancien hôpital de Mamao.
 
La perte des recettes de la DGF versées par la CPS a été compensée par l’augmentation continuelle des tarifs d’hospitalisation pour les ressortissants ne cotisant pas à la CPS. Cela est revenu à faire payer la sécurité sociale de métropole en partie à la place de la CPS. Cet artifice a atteint ses limites, ces prix de journée ayant été multipliés par 4 depuis 2010, ils ne pourront plus éternellement être augmentés.
 
L’augmentation exceptionnelle des dépenses entraînées par les épidémies des virus Zika en 2013 (100 millions de francs) et Chikungunya en 2014 (200 millions de francs) n’a pas été compensée par des subventions supplémentaires.
 
De plus, l’augmentation normale des coûts liée aux prix des prestataires externes et des fournitures, et à l’évolution des salaires due à l’avancement d’échelon, est équivalente à 1,5%  du budget total du CHPF soit environ 300 millions par an.
 
Ainsi en 2015, la diminution de 600 millions de francs de la DGF du CHPF va entrainer le déséquilibre budgétaire du CHPF, ce qui va avoir des conséquences sur son fonctionnement.
 
En plus d’un montant de DGF insuffisant, le CHPF doit subir des retards de versements mensuels de la part du régime de solidarité (RSPF). En 2015, les retards de paiement de la DGF s’élèvent à 3,3 milliards de francs, soit 9 mois de retard.
La DGF n’étant pas versée intégralement au CHPF, la trésorerie est insuffisante pour permettre de payer les fournisseurs et les prestataires externes. Les retards de paiement pouvant être de plusieurs mois, certains prestataires refusent de nouvelles commandes et les fournisseurs menacent de ne plus livrer.
 
Pour pallier au manque de trésorerie du CHPF, le gouvernement a consenti à des avances pour un montant cumulé de 3 milliards de francs avec un taux d’intérêt de 4,4%.
Or, alors qu’il y a un retard de versement de 3,3 milliards de la DGF, le gouvernement vient d’envoyer une injonction au CHFP pour qu’il rembourse 1 milliard d’avance plus 111 millions d’intérêts.
 
La situation de la trésorerie du CHPF rend ce remboursement impossible, à moins de ne plus payer les salaires.
 
 
 
Les restrictions budgétaires sont aggravées par : la nouvelle diminution du montant de la DGF en 2015, les retards de versements du RSPF, et l’injonction de payer les avances de trésorerie majorées des intérêts.
 
Dans cette situation, le CHPF n’a plus les moyens financiers pour assurer la continuité de l’ensemble de ses activités.
 
Les organisations syndicales du CHPF ont obtenu 4 rendez vous avec les représentants du gouvernement depuis le 18 décembre 2014. La réalité du niveau de financement nécessaire au fonctionnement du CHPF semble avoir été reconnue par le vice-président en charge de la santé et de la solidarité qui a déclaré qu’il soumettrait une demande de correctifs budgétaires au conseil des ministres.
 
Or, à ce jour, aucune solution de subvention n’a été trouvée par le gouvernement, le retard de versement du RSPF n’est toujours pas versé, et l’injonction de paiement de l’avance de trésorerie est maintenue.
 
Le déséquilibre budgétaire provoqué par la baisse de la dotation globale de fonctionnement de 2015 et aggravé par les retards de versement des années antérieures, menace la continuité et la qualité de la prise en charge des malades au CHPF.
 
Les organisations syndicales représentatives du personnel du CHPF qui convoquent une assemblée générale du personnel ce jeudi, vont être contraintes de durcir leur mouvement si le gouvernement ne leur donne pas enfin satisfaction.
 
Les organisations syndicales du CHPF ont informé monsieur Patrick Howell que le gouvernement a jusqu’à demain vendredi 6 février 13 heures pour apporter des solutions aux problèmes de financement du CHPF, faute de quoi, les actions décidées ce jeudi seront mises en œuvre. »

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