Les médecins locaux et des professionnels des Antilles, où le chikungunya a déjà frappé, sont en visio-conférence permanente. Les médecins souhaitent profiter de l’expérience et des connaissances de leurs collègues pour mieux faire face à la maladie. Au centre des discussions, les populations les plus fragiles, bébés et personnes âgées. Cinq nouveaux-nés seraient déjà hospitalisés au CHPF après avoir contracté la maladie.
Selon le président Edouard Fritch, si le nombre de personnes touchées ne cesse d’augmenter, « le pic de la maladie n’est pas encore atteint, c’est bien ce qui est inquiétant ». Selon le président, le chikungunya peut toucher jusqu’à 70% de la population. Il a assuré que les services du Pays continuent de se mobiliser pour combattre la prolifération des moustiques.
Interviewé, le docteur Fabrice Jeannette, chef du service des urgences du CHPF, précise que l’activité de ses médecins a « doublé ». « On a dépassé les 200 patients par jour avec des pointes à 250 patients par jour. D’habitude on tourne à 120, 130 patients par 24 heures. » L’épidémie de chikungunya l’inquiète : « elle va s’étaler sur plusieurs mois avec possiblement un maximum de patients d’ici deux mois. Des études disent que l’épidémie sera à son maximum vers début février ».
Mais les médecins sont déjà débordés. Le docteur Jeannette annonce que « le directeur de l’hôpital a pris la décision de mettre une quatrième ligne de garde » aux urgences « afin de mettre ce que l’on appelle nous une filière courte. C’est-à-dire que les patients se présentant au service des urgences avec une pathologie relevant plutôt de la médecine générale, seront orientés vers un médecin, à un autre endroit physique que les urgences, pour qu’il puisse consulter et désengorger le service. »
Si les médecins sont déjà débordés, on imagine facilement ce qui risque de se produire lorsque l’épidémie sera à son apogée. Déjà, selon Fabrice Jeannette, les médecins font « plus de gardes, plus d’astreintes ». « Ca fait trois semaines qu’on a dépassé 170 patients par jour qui était notre seuil d’alerte à partir duquel il faut absolument qu’on réagisse si on ne veut pas épuiser les équipes et engorger complètement le service. »
Cette situation rappelle l’épidémie de zika pendant laquelle le CHPF avait également été débordé. Mais pour le chef du service des urgences, l’épidémie de chikungunya « est plus importante que le zika. En nombre de patients c’est la même chose, mais le zika était une maladie bénigne. Certes, il y a eu des complications en nombre qui ont interpellé les neurologues, mais la maladie était beaucoup moins invalidante. La fièvre était moins importante. Les douleurs articulaires que ressentent les gens avec le chikungunya sont très embêtantes ».
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