Dukan, dissocié, kéto ou intermittent. Les régimes fleurissent tellement qu’on ne sait plus où donner de la tête. Mais derrière les promesses de minceur, attention à la spirale des kilos. Car à force de s’infliger des restrictions, le corps développe ce qui est désormais identifié comme une faim « émotionnelle ». Parce que manger, ça fait du bien. Par conséquent, les régimes augmentent l’appétit, exerçant une très mauvaise influence sur nos émotions.
« On voit qu’au fur et à mesure des régimes, les gens confondent les émotions et utilisent la nourriture pour tout, explique Sophie Deram, chercheur en neuroscience du comportement alimentaire. Je suis stressé, je mange. Je suis fatigué, je mange. J’ai soif, je mange. Ils sont complètement perdus dans leurs sensations internes et on se rend compte qu’aujourd’hui, le fait de faire des régimes, ça vous déconnecte de votre corps. »
Dans son livre, Sophie dénonce un « terrorisme nutritionnel » et démontre que la meilleure façon d’accumuler des kilos, c’est d’enchaîner les régimes. C’est d’ailleurs l’objet de sa venue en Polynésie, former des professionnels de santé à travailler sans régime, pour aller davantage vers une hygiène alimentaire.
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« L’idéal c’est d’avoir une relation tranquille avec l’alimentation, comme avaient nos ancêtres, poursuit-elle. Mais c’est vrai que ça ne suffit pas. Il faut aussi privilégier la qualité. Ça peut être la qualité alimentaire, mais aussi la qualité de votre comportement. Je dis souvent qu’il faut manger mieux, pas moins. »
Selon une étude de l’Institut de la statistique de Polynésie française, les comportements alimentaires sont liés aux ressources financières. Ainsi les foyers les plus modestes présentent un régime riche en amidon, avec un apport conséquent de riz et de pain. Par opposition, les cadres ou professions intermédiaires font des repas très riche en protéines.
« Le fond du problème, ce n’est pas uniquement un manque de moyens, indique de son côté Ingrid Boudeau, diététicienne en diabétologie à l’hôpital de Taaone. Mais ça y participe grandement, sachant qu’en Polynésie, on a quand même une personne sur deux qui vit en-dessous du seuil de pauvreté. Donc à partir de là, les gens ne sont pas dans l’intellect de dire qu’est-ce qu’il faudrait que je mange pour manger équilibré. Ils sont dans l’intellect de dire qu’est-ce que je vais manger pour vivre, pour survivre. A partir de là, vous ne pouvez pas faire d’éducation alimentaire avec des gens qui n’ont pas de quoi manger, qui n’ont pas de quoi vivre, qui n’ont même pas un toit sur la tête ou qui ont un toit sur la tête mais qui sont serrés. Comment vous voulez que ces gens-là s’investissent dans la recherche d’une alimentation adaptée à leur état de santé, à leur état de poids ? C’est pas possible. »
Pas de gélule, ni de poudre magique pour maigrir donc. Mais un investissement personnel et familial, qui nécessite un accompagnement.