Cancers, maladies neurologiques lourdes ou chroniques, l’efficacité du cannabis pour les soins palliatifs, ou en soin de support dans la prise en charge de la douleur n’est plus à démontrer.
« Dans le cadre du traitement global de la prise en charge de la douleur, ça ne veut pas dire exclusif, souligne Eric Parrat, président de l’association Honea. Pour nous, c’est un arsenal thérapeutique qui va nous amener des réponses supplémentaires à proposer aux patients qui nous le demandent actuellement. »
D’autant qu’à défaut de règlementation, certains patients s’approvisionnent sur le marché noir.
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« C’est une de nos problématiques : les patients arrivent et ont déjà un traitement qu’ils se fournissent à titre personnel et qu’ils nous demandent de mettre en place officiellement à l’hôpital. Ce qui aujourd’hui est impossible parce que c’est interdit. »
Pour y avoir accès dans un cadre légal, l’association défend l’intérêt du développement d’une filière économique et sociale. « Du cannabis, il y en a ici et on aimerait pouvoir le mettre en valeur chez nous pour nos patients. »
Créer de la richesse localement, c’est aussi l’ambition du syndicat du chanvre. Mais selon son président Philippe Cathelain, c’est l’exportation du cannabis qui pourrait permettre d’abonder les caisses du Pays : « Il y a une part de marché à prendre sur les opiacés et de moins dépendre des importations. »
D’où l’intérêt selon le syndicat de se concentrer sur l’exploitation des fleurs uniquement. Elles nécessitent en effet moins de foncier et permettent de produire un CBD à forte teneur en THC. Des teneurs susceptibles d’intéresser les laboratoires pour la fabrication de médicaments.
« Pour le volet médical, on va s’intéresser aux deux molécules, CBD et THC. Pour l’instant aucun médicament n’existe localement. Dans un premier temps, il sera question d’importer, mais à court terme, l’intérêt, c’est de se substituer aux importations. Ça passe par le développement d’une filière de production de cannabis à usage médical. »
Au-delà de l’export de la matière première, le syndicat rêve d’aller plus loin dans le développement de la filière avec un laboratoire pharmaceutique polynésien capable de concevoir ses propres médicaments. « L’objectif ultime, c’est de créer un laboratoire ici à Tahiti pour ne plus être obligé d’exporter notre matière première, mais d’approvisionner ce laboratoire pharmaceutique pour fabriquer nos propres médicaments. »
Autre marché à prendre : celui du bien-être, grâce à des huiles enrichies en CBD.
Pour Olivier Touboul, directeur du laboratoire de cosmétologie du Pacifique Sud, « il y a un potentiel marché et surtout si on a une traçabilité dans la matière première. L’avantage, c’est d’avoir un petit pays et ça nous permet de mieux tracer nos végétaux. Ça pourrait nous apporter un plus sur le marché parce qu’aujourd’hui, les marques sont très demandeuses de prix, de qualité, mais aussi de traçabilité pour être sûres que la matière première provient bien de la géographie qui est dite. »
Avec sa nouvelle unité acquise en 2023, le laboratoire de cosmétologie est aujourd’hui capable d’extraire le CBD. Preuve que les industriels sont prêts. À condition d’avoir un cadre juridique clair.