Blessé médullaire : Kahi, un exemple de courage et de volonté

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Depuis un choc à la tête, Kahikahara Holman souffre d’une tétraplégie incomplète. C’est une lésion médullaire : la moelle épinière de sa colonne vertébrale a été touchée. Après six mois de rééducation au centre Te Tiare, le jeune homme parvient à nouveau à réaliser quelques mouvements. Les blessures médullaires, en constante augmentation, pourraient s’expliquer par une prédisposition physique propre aux Océaniens.

Publié le 15/08/2023 à 17:01 - Mise à jour le 17/08/2023 à 14:41

Depuis un choc à la tête, Kahikahara Holman souffre d’une tétraplégie incomplète. C’est une lésion médullaire : la moelle épinière de sa colonne vertébrale a été touchée. Après six mois de rééducation au centre Te Tiare, le jeune homme parvient à nouveau à réaliser quelques mouvements. Les blessures médullaires, en constante augmentation, pourraient s’expliquer par une prédisposition physique propre aux Océaniens.

À 27 ans à peine, la vie de Kahi bascule à la plage. Il plonge dans une eau peu profonde, et se cogne la tête. Le début d’un calvaire pour le jeune homme, qui ne peut alors plus bouger. Il est sauvé par ses camarades témoins de l’accident.

« C’est impressionnant, souffle Kahi. Tu commences déjà par faire ta prière. Au dernier moment, quand ils sont venus, j’allais vraiment lâcher. J’étais à bout de souffle et je me suis dit, bon ben là, c’est fini. »

Touché au niveau des vertèbres cervicales, le jeune homme est diagnostiqué tétraplégique incomplet. Ces lésions médullaires sont provoquées le plus souvent par des accidents de la route, des chutes, voire des infections ou des tumeurs. S’ensuit un long processus de rééducation, physiquement et mentalement éprouvant pour Kahi.

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« Je suis resté un mois et demi totalement paralysé. Je ne pouvais plus du tout bouger, à part des petits mouvements des doigts. » Aujourd’hui, il parvient à effectuer des exercices avec des haltères dans l’eau. « Ce que je fais là, franchement, je l’ai vraiment développé à Te Tiare » , sourit-il.

Kahi effectue des exercices de rééducation dans la piscine de Te Tiare (Crédit Photo : TNTV)

« Un blessé médullaire, c’est une atteinte de la moelle épinière, explique le Taote Marc Dambry, spécialisé en réadaptation. Il y a le cerveau, qui est l’ordinateur central, et un ‘gros câble électrique’ qui sort du cerveau et qui descend tout le long des vertèbres » , illustre-t-il. Le câble du paraplégique est en quelque sorte sectionné, et tout ce qui passe en dessous s’arrête de fonctionner. « La tétraplégie, c’est plus haut. Tétra ça veut dire quatre. Donc, c’est au niveau cervical et ce sont les quatre membres qui sont atteints. Le cas de Kahi est particulier. C’est ce qu’on appelle un tétraplégique incomplet. Les lésions n’étaient pas si graves que ça, et la moelle épinière n’était pas complètement sectionnée » , résume Taote Dambry. En outre, le courant électrique repasse, mais pas entièrement. Kahi a donc toujours des problèmes au niveau moteur et de la sensibilité.

Au centre de rééducation Te Tiare, les patients atteints de blessures médullaires, de plus en plus fréquents, nécessitent une prise en charge plus importante. Les populations océaniennes auraient une particularité physiologique qui les rend plus sensibles à ces blessures, selon Taote Dambry.

Selon Taote Dambry, les populations océaniennes auraient une particularité physiologique qui les rend plus sensibles aux blessures médullaires : « Ils ne sont pas plus fragiles, ils ont ce canal beaucoup plus étroit qui est ici. Donc forcément, dès que ça tape, si mon doigt c’est la moelle épinière, ça touche tout de suite le bord de l’os. Et ça fait des dégâts, explique-t-il.

Dans les années 2021, 24 % des patients de Te Tiare issus de la neurologie étaient des blessés médullaires. « En 2022, ce chiffre est monté à 37 % et, sur les 6 premiers mois de l’année 2023, on est exactement dans les mêmes chiffres, c’est-à-dire dans les mêmes pourcentages, note le directeur de Te Tiare Stéphane Milon. On est obligés de se réorganiser, surtout avoir des professionnels supplémentaires. C’est le plus important pour pouvoir répondre aux besoins de l’hôpital« .

Passionné par son métier de barman, Kahi s’en est inspiré pour sa rééducation. Il utilise son shaker pour faire travailler ses membres supérieurs. « Il y a ma copine qui me garde, ma famille aussi. Le fait qu’on ait pu me donner un espoir de pouvoir reprendre et toucher les shakers m’a beaucoup aidé pour ma rééducation« , se félicite-t-il.

Malgré les progrès réalisés, Kahi en a encore pour plusieurs mois à Te Tiare. Le jeune homme compte partir en métropole pour bénéficier de moyens médicaux plus poussés, et revenir au fenua plus motivé que jamais à reprendre une vie autonome.

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