Avec S. M. Creation, un jeune couple réinvente les bijoux en nacre

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Âgé d'une vingtaine d'années, un jeune couple de Paea a décidé de se lancer dans le monde de l'entrepreneuriat en créant sa propre marque de bijoux en nacre : S. M. Creation. Des bijoux qui se veulent singuliers avec une nacre travaillée tout en finesse, et qui ont gagné en popularité grâce aux réseaux sociaux.

Publié le 11/11/2021 à 13:00 - Mise à jour le 12/11/2021 à 10:06

Âgé d'une vingtaine d'années, un jeune couple de Paea a décidé de se lancer dans le monde de l'entrepreneuriat en créant sa propre marque de bijoux en nacre : S. M. Creation. Des bijoux qui se veulent singuliers avec une nacre travaillée tout en finesse, et qui ont gagné en popularité grâce aux réseaux sociaux.

Alors qu’il vient d’être diplômé du centre des métiers d’arts (CMA) en option gravure, après plusieurs stages, Malcom Chauvet cherche du travail, en vain : « Je suis allé voir des grands graveurs comme Hiro Ou Wen, Prokop… Je suis allé leur demander s’ils n’embauchaient pas, et ils m’ont conseillé de me lancer, car sinon ils me prenaient en CAE, et je ne voulais pas ». Le jeune homme qui dessine depuis tout petit cumule alors les petits boulots avant de se décider à devenir entrepreneur : « Je ne me voyais pas faire ma vie dans tous les petits jobs que je faisais. Je me voyais plus dans un métier artistique ». Sa compagne, Jennifer Temanihi, tombe enceinte, ils sont jeunes. Elle passe son bac pro gestion : « Notre bébé arrivait au moment où on passait les épreuves. Ça a été un déclic » confie Jennifer. « On a la niaque, il faut évoluer, travailler, oublier les vacances, tant pis. On se dit que c’est pour notre avenir, pour notre petit, pour lui laisser quelque chose, et pour qu’il soit fier de ses parents ».

(Crédit photo : Noémie Schetrit / Tahiti Nui Télévision)

Avec leurs diplômes en poche, leur ambition et leurs compétences, le couple se lance dans l’entrepreneuriat en bénéficiant d’une aide à la création, l’I.C.R.A., leur permettant d’acheter du matériel. S. M. Creation (pour « Signé Malcom Chauvet » et aussi pour « See My Creation ») voit le jour. « J’ai changé la base de la nacre, de tout ce qu’on voyait toujours au marché. On voulait changer la vision de la nacre, du bijou. On voulait faire quelque chose de plus raffiné. Et aussi suivre la demande d’aujourd’hui qui est plus sur des petits bijoux que des grosses parures. On voulait se démarquer avec cette personnalisation aussi. Il y a plus de demandes de colliers prénoms en inox, donc nous, on s’est dit qu’on allait en faire en nacre » confie Malcom, aujourd’hui âgé de 25 ans. Le couple compte d’ailleurs bientôt déposer le concept des prénoms gravés en nacre.

« J’aimerai révolutionner la gravure. Je trouve que c’est trop gros aujourd’hui, un peu démodé… Tu portes le bijou une fois pour une soirée et c’est tout. »

Malcom Chauvet

L’artisan grave des prénoms, mais pas seulement : « Je voulais un bijou qu’on puisse porter facilement tous les jours, et qui soit plus moderne ». Sa différence, le couple la cultive jusque dans le packaging, et il s’attache au maximum au fait-main, tout en respectant au mieux la nature : « On a arrêté de commander des packagings tout faits à l’étranger. On se fournit ici, on prend des grands rouleaux et on fait nous-mêmes les découpes. Sauf les boîtes, mais qui restent en kraft. On utilise également du paiore pour présenter nos bijoux, et on utilise du rafia. Que du recyclable. On veut aider à faire tourner l’économie de notre pays en commandant localement, et mettre un peu de notre Polynésie dans le packaging » précise Jennifer. Pour les bijoux, S. M. Creation se fournit donc au fenua, que ce soit pour les nacres ou pour les chaînes en acier, en plaqué or. « Le souci, c’est qu’il y a eu une maladie qui s’est répandue sur les nacres à cause du changement climatique, cela fait deux ans environ. Donc les nacres sont moins épaisses et moins grandes maintenant. Mais comme je fais des petits bijoux, ça va » précise le graveur.

Et le couple peut compter sur sa complémentarité : « C’est bien quand c’est ta moitié qui est à tes côtés, c’est un soutien, elle te comprend. Et comme c’est pour nous deux, elle met la main à la pâte. Et là, on y met notre cœur » déclare Malcolm. La jeune femme de 23 ans s’occupe de la communication, de la gestion des commandes, des livraisons ou encore du montage des bijoux. Et elle le reconnait : « La principale difficulté, c’est de se faire connaître parmi tous les autres graveurs. Au début, c’était dur, c’est surtout la famille qui achetait nos bijoux ». Car se démarquer, c’est bien, mais être connu, c’est encore mieux : « On a commencé à se faire connaître avec Facebook. Et après, la vague Tik Tok est arrivée. Il a fallu s’adapter. On a regardé un peu ce qui se faisait aux États-Unis, ils montraient l’envers du décor, le packaging, les livraisons… On s’est dit qu’on allait faire ça, et ça a bien pris ». La marque compte aujourd’hui plus de 6 000 abonnées sur Tik Tok et plus de 8 000 fans sur Facebook.

« On a toujours vu très loin, depuis la création de notre projet. On voulait se lancer mondialement. C’est ce qui a fait qu’on a tenu aujourd’hui, et grâce aussi à l’aide de nos familles qui nous ont encouragé » admet Jennifer. Et d’ajouter : « C’est beaucoup de travail. C’est un travail minutieux. Il faut de l’expérience. Il y a eu beaucoup de cassés au début ».

« Le but n’est pas de devenir milliardaire, mais juste d’arriver à nourrir ma petite famille. »

Malcolm Chauvet

Une boutique à Paea en 2022

Et s’ils ont senti l’impact de la première vague Covid alors qu’ils venaient de se lancer, la deuxième vague leur a plutôt été bénéfique : « Tous les vendeurs de bijoux ont dû fermer et donc nous, on a profité d’être sur internet pour montrer nos créations et attirer la clientèle ».

Une chose est sûre, les deux entrepreneurs sont épanouis : « Si c’était à refaire, je le referais, mais en travaillant deux fois plus » indique Malcolm qui ne regrette pas de s’être lancé à son compte. « Je me vois faire des bijoux toute ma vie. Je suis fait pour ça, pour dessiner, pour graver, pour montrer mes créations aux gens ». Aujourd’hui, le couple arrive à vivre de sa passion et a même pour projet d’ouvrir une boutique à Paea : « On a déjà le local. On espère être ouvert d’ici début 2022, c’est notre objectif ». Ils envisagent également de lancer un site internet pour commercialiser leurs bijoux.

Aux jeunes qui aimeraient se lancer, le couple souhaite leur faire passer un message : « Il faut croire en soi. Tu peux déplacer des planètes si tu crois en toi ».

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