Au départ, rien ne prédestinait Jenny Dieudonné à créer une marque d’accessoires pour chiens. Née à Tahiti, elle part à 25 ans travailler sur des yachts de luxe aux États-Unis. Pendant 15 ans, elle travaille dans le yachting et passe de steward à chef stewardess d’un bateau de 70 mètres. Elle revient finalement au fenua en 2016 : « Le déclic s’est fait pendant la campagne Trump. J’ai senti un pays qui se divisait. J’étais arrivée à la fin de ma carrière dans le yachting, je ne supportais plus les caprices de milliardaires ».
Arrivée à Bora Bora pour fêter le Nouvel An, elle décide finalement de ne plus quitter l’île : « J’ai tellement voyagé, que maintenant, j’ai envie de me poser. À Bora, ce que j’aime, c’est que tous les jours, je parle anglais. Je rencontre plein de monde de pays différents ». Elle devient villa manager, et de fil en aiguille, elle crée Bora Bora Luxury Concierge, puis elle fait construire des bungalows pour de la location saisonnière. Mais le Covid-19 arrive et met un frein à son activité. Jenny décide de rebondir et de lancer sa marque, une marque pensée par elle et destinée aux chiens et chats.
L’idée de Coco by Pablo germe ainsi en pleine crise sanitaire dans la tête de Jenny, véritable passionnée des toutous, présidente de l’association « le bouledogue français de Tahiti », et membre de l’association Bora Bora Animara. « Pendant la pandémie, j’avais zéro activité, puis on était confinés… J’avais Pablo (son bouledogue français, NDLR), et le peu de temps où on pouvait sortir, on allait au parc. Je voyais tous ces chiens qui se baladaient avec leurs maîtres, et je me suis dit que ce serait bien de les accessoiriser un peu. Une fois, j’ai compté, au parc Paofai, j’ai vu entre 40 et 50 personnes avec leurs toutous entre 16 heures et 18 heures 30 ! C’est là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Alors j’ai eu cette idée de harnais stylé pour chiens » explique Jenny. « Et durant la pandémie, après le premier confinement, il y a eu une petite hausse d’adoptions des chiens, selon les vétérinaires et les associations ajoute-t-elle. Malgré la crise, les gens achètent toujours pour leurs animaux et ne comptent pas, ils ne font pas attention à la dépense ».
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Jenny est la maitresse de Pablo, un bouledogue français venu de Nouvelle-Zélande il y a 3 ans alors qu’il n’avait que 3 mois : « Je vis en appartement et je voulais un chien qui ne soit pas trop actif. Les bouledogues sont très patauds. Ils sont hyper attachants et très humains. Si je le laisse quelques heures, je sais qu’il va me faire la tête après. Et c’est un chien fragile, qui a des problèmes respiratoires et de peau. Pablo, par exemple, est allergique aux poulets ». On recense seulement une vingtaine de bouledogues en Polynésie. Le choix du nom « Coco by Pablo » lui est donc venu naturellement : « Je devais avoir une femelle, mais avec la fermeture des frontières en Nouvelle-Zélande, elle n’a jamais pu arriver. Elle devait s’appeler Coco. Et puis après, c’est devenu Coco pour Coconut ».
« Je voulais quelque chose qui apporte un peu de gaieté et avec une touche exotique, locale »
Jenny déplore le manque d’accessoires « fun » pour nos compagnons à 4 pattes du fenua : « C’est assez classique ce qu’on propose dans les animaleries. Moi, je voulais quelque chose qui apporte un peu de gaieté et avec une touche exotique, locale. Quand j’ai fait ma prospection, j’ai vu que personne ici ne vendait des harnais, des laisses ou des colliers avec des coloris sympas ».
Une marque née à Bora Bora, inspirée du fenua
Un projet murement réfléchi, avant de finalement naître fin 2021 : « Il ne faut pas se lancer comme ça, il faut faire un prévisionnel, une étude de marché… Il faut observer, regarder sil y a une concurrence, étudier les prix.. Et il faut y croire d’abord. Je pense que tout produit marche si on y croit et si on s’y met à fond ».
Jenny imagine et crée ses dessins à Bora Bora : des imprimés avec des feuilles de ape, des hibiscus, des ananas, la vague de Teahupoo… Elle met une année à tout mettre au point : « Avec le Covid, tout a pris du retard… puis je faisais tout à distance. J’ai reçu ma première commande en novembre 2021 ». Elle fait le tour des vétérinaires afin qu’ils valident ses produits au niveau de la sécurité et les teste avec son chien. Les colliers, laisses et harnais sont en polyester et en néoprène : « Tout est lavable. Et cela ne tient pas chaud au chien ». Ses produits sont destinés à des chiens pesant jusqu’à 18 kilos : « pour un gros chien, qui va tirer plus, l’anneau sera mis à l’arrière. Moi, c’est vraiment plus pour le petit chien, mais aussi pour les chats ». Jenny a également imaginé des bandanas et nœuds papillons, avec des prix qui se veulent abordables. Elle crée aussi le sac à crottes : « On essaie de changer la mentalité des gens, même si ce n’est pas évident. Quand on va se promener dans des parcs, ce n’est pas agréable que des enfants marchent dans les excréments des chiens… ». Aussi, le packaging de Coco by Pablo est fait à base d’amidon de maïs 100% biodégradables.
Et si sa clientèle est majoritairement locale, elle n’oublie pas pour autant les touristes qui peuvent désormais ramener chez eux « un petit bout de paradis pour leurs toutous qui ne peuvent pas faire partie du voyage ».
Aujourd’hui, la marque est distribuée chez certains vétérinaires, animaleries et hôtels de Polynésie, et une gamme est envisagée pour la grande distribution, car même si son activité de location saisonnière est repartie, Jenny a encore des idées plein la tête pour Coco by Pablo. Toujours engagée dans la cause animale, Jenny compte soutenir les associations du fenua : « sur un autre produit qui devrait bientôt apparaître, je vais impliquer mes clients de Polynésie : 100 Fcfp par article vendu seront reversés à une association animalière ».