Autonomie alimentaire : 96 milliards de Fcfp sur 10 ans pour soutenir l’agriculture

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Sujets évoqués par le gouvernement à la journée de rencontre avec les maires : les différents chantiers et les plans d’investissements. Il est notamment question de sécurité alimentaire. Le gouvernement prévoit d’investir plus de 96 milliards de Fcfp dans l’agriculture sur les 10 ans à venir sur l’ensemble des archipels.

Publié le 08/08/2020 à 11:56 - Mise à jour le 08/08/2020 à 12:00

Sujets évoqués par le gouvernement à la journée de rencontre avec les maires : les différents chantiers et les plans d’investissements. Il est notamment question de sécurité alimentaire. Le gouvernement prévoit d’investir plus de 96 milliards de Fcfp dans l’agriculture sur les 10 ans à venir sur l’ensemble des archipels.

75% de ce que nous mettons dans nos assiettes vient de l’importation. La couverture des besoins alimentaires n’est que partiellement assurée par l’agriculture locale, et elle fait l’objet d’une politique de soutien active du Pays. Face aux maires, le ministre de l’Economie verte Tearii Alpha a présenté son schéma directeur 2021-2030. Avec 96 milliards de Fcfp d’investissements, l’agriculture sera au cœur des stratégies de développement de l’ensemble des archipels : « Nous souhaitons que l’agriculture familiale soit le premier pilier de ce schéma directeur où chaque famille, autant que possible, puisse commencer à planter ce qu’il sait planter et ce qu’il peut planter. Deuxième axe : c’est d’intégrer dans le circuit de la commercialisation, des produits de qualité puisque nous souhaitons que les produits polynésiens, les produits agricoles, soient reconnus comme des produits de qualité. »

Et les communes seront associées au développement économique par l’agriculture au travers de deux projets de loi. Cela répond à leur volonté d’avoir davantage d’autonomie et d’aller plus loin en matière d’autosuffisance alimentaire : « Il faut une volonté politique pour emmener tout ça, pour tirer tout ça, estime Robert Maker, adjoint au maire de Faa’a. Et je m’aperçois avec plaisir d’ailleurs, que le gouvernement actuel a peut-être compris qu’il faut absolument revenir à l’agriculture pour plusieurs raisons : d’abord pour que l’économie circulaire fonctionne, et ensuite pour diminuer les problèmes de santé que nous retrouvons dans notre pays. »

Thomas Moutame assure de son côté : « nous, à Taputapuatea, nous avons déjà démarré, plus ou moins en respectant les lois, mais nous avons mis en pratique depuis 3 ans de cela, comment responsabiliser les familles, comment apporter un soutien pour ce développement. »

« Le cannabis thérapeutique, soyons clair, sera certainement une solution aussi pour notre développement économique demain« 

Tearii Alpha, ministre de l’Economie verte

Et parmi les produits à fortes valeurs ajoutées pour l’exportation comme la vanille, l’huile de coco vierge, la canne sucre transformée en rhum… cela a créé la surprise : le gouvernement souhaite aussi ajouter le pakalolo… « Le cannabis thérapeutique, soyons clair, sera certainement une solution aussi pour notre développement économique demain. Mais, mettons les garde fous avant pour que cette production et cette utilisation du cannabis soit bien contrôlée dans notre pays », déclare Tearii Alpha.

L’agriculteur de demain utilisera moins de pesticides et plus de fertilisants naturels comme le faisaient les anciens Polynésiens.

L’interview de Félix Barsinas, maire de Tahuata

L’autonomie alimentaire aux Marquises est-elle utopique ?
« Pas du tout. Comme l’a bien dit Thomas Moutame, (…) du fait que nous vivions dans des îles éloignées de Tahiti, la dépendance alimentaire est moins préoccupante que pour les familles qui vivent ici dans le centre urbain. Mais dans tous les cas, par le biais de la communauté de communes des Marquises, au travers de notre plan de développement économique, nous voulons aller plus loin que ça, à savoir comment valorisait la viande bovine, la viande de chèvre, pour que, au niveau de la restauration, nos enfants puissent apprécier cette viande locale pour réduire la dépendance alimentaire. »

Le secteur bovin aux Marquises est un secteur qui se développe bien ?
« Il se développe bien mais il faut que les normes d’hygiène soient respectées pour que la restauration scolaire puisse profiter de cette viande locale. C’est ce sur quoi nous travaillons au travers de la communauté de communes. »

On remarque aussi qu’il y a toujours cette dépendance au riz, aux pâtes aujourd’hui…
« Oui mais il faut que la prise de conscience soit collective. D’abord au niveau des parents, des familles, puis au niveau des écoles pour que les actions pédagogiques soient déclinées pour que les enfants d’aujourd’hui deviennent des parents de demain conscients de la valeur nutritionnelle de nos produits locaux. Mais en tous les cas, les élus communautaires que nous sommes avons pris connaissance et conscience de cette problématique. Et bientôt, dans deux ans, on pourra mettre en place un centre d’abattage de gibier à Nuku Hiva pour que, d’abord, nos enfants puissent profiter pleinement de cette viande locale. »

Près d’une semaine de séminaire avec les autres maires du fenua. Que vous a apporté ce partage d’expérience ?
« C’était un moment très attendus par tous les élus parce que 19 communes, 19 élus ont été renouvelés sur les 48 communes de la Polynésie française. Et c’est d’abord apprendre à vivre ensemble partager nos problématiques pour mieux construire l’avenir de la population, de chaque population, de chaque archipel. Et c’est bien de faire connaissance et de partager nos problématiques ensemble. »

Sept nouveaux cas de covid-19. Il n’y en a pas encore eu aux Marquises. Malgré tout, comment cette crise sanitaire impacte votre archipel ?
« Dieu merci nous avons été préservés de cette crise sanitaire. Aujourd’hui je souhaiterais rassurer la population des Marquises puisque Aranui partira demain matin (ce samedi, NDLR) avec une centaine de touristes à bord. Nous avons reçus les haka iki des Marquises, nous avons eu une réunion de qualité avec le directeur de Aranui pour mener à bien cet itinéraire. À savoir qu’ils nous a vraiment rassurés pour dire qu’à bord le protocole sanitaire sera respecté et sachant qu’Aranui, c’est un cargo mixte donc nous souhaiterions qu’Aranui puisse continuer son itinéraire jusqu’à destination. Et pour éviter de prendre en otage la population sachant que la semaine prochaine c’est la rentrée des écoles. Nous sommes dépendants des deux goélettes pour ne pas citer Taporo aussi, pour justement, faire en sorte de constituer le stock alimentaire de nos élèves qui feront leur rentrée à partir de la semaine prochaine. »

Autre sujet : deux hélicoptères ont été livrés dans l’archipel en juin dernier. Vous en attendez deux autres. Est-ce que ces hélicoptères sont exploités actuellement et pour quels types d’interventions ?
« Il n’y a qu’un seul hélicoptère qui opère actuellement aux Marquises. Jusqu’à aujourd’hui il y a eu 18 interventions. Un mois. 18 interventions. Donc il y a un besoin pour que ce moyen de transport plus rapide soit vraiment mis en place en attendant la venue prochainement de deux autres hélicoptères. L’arrivée à Tahiti est prévue le 12 août, et l’affectation aux Marquises se fera le 21 août. (…) C’est très important. »

Les Marquises se préparent à recevoir le nouveau ministre de l’Outre-mer Sébastien Lecornu, mais surtout le chef de l’Etat Emmanuel Macron. Qu’est-ce que vous souhaiteriez lui dire ?
« Qu’il puisse venir aux Marquises. C’est le seul archipel où aucun président de la République française n’a jamais mis les pieds. De mémoire, Mitterrand est allé aux Australes, Jacques Chirac aux Tuamotu et Hollande dernièrement, aux îles Sous-le-Vent. C’est tout à fait légitime : le président viendra aux Marquises.

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