Autisme en Polynésie : un suivi qui s’améliore

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Comme chaque année, le 2 avril marquait la journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme. Une journée qui vise à mieux informer le grand public sur les réalités de ce trouble du développement. Pour en parler, Mickaël Shan et Cedric Viale-Dufour, membres de l’association Entre deux mondes au fenua, étaient les invités du journal.

Publié le 03/04/2022 à 10:43 - Mise à jour le 03/04/2022 à 15:52

Comme chaque année, le 2 avril marquait la journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme. Une journée qui vise à mieux informer le grand public sur les réalités de ce trouble du développement. Pour en parler, Mickaël Shan et Cedric Viale-Dufour, membres de l’association Entre deux mondes au fenua, étaient les invités du journal.


TNTV : Pouvez-vous expliquer ou rappeler rapidement ce qu’est l’autisme ?
Mickaël Shan, membre de l’association Entre deux mondes : « L’autisme est un handicap, ce n’est pas une maladie. C’est un handicap invisible car il ne se voit pas. Les troubles du spectre autistique, ce sont, premièrement, des difficultés du langage, de communication de sociabilisation. »

Cédric, tu es toi-même autiste, peux-tu nous parler de ton expérience de vie ? Aujourd’hui, tu es bien inséré et tu es actuellement stagiaire dans une banque. Plus jeune, comment s’est passée ta scolarité ?
Cédric Viale-Dufour, membre de l’association Entre deux mondes : « Ma scolarité n’était pas si simple parce qu’avant, l’autisme n’était pas du tout connu, j’ai donc suivi une scolarité normale. Je n’avais pas vraiment de suivi adapté à l’autisme. C’était très compliqué. »

Tu as effectué tes études à Raiatea, où depuis, ils ont ouvert une classe spécialisée…
« J’étais à l’école de Avera, et grâce à mon cas, cette classe a ouverte en école maternelle. Elle existe aujourd’hui grâce à moi. »

Quel est le suivi des personnes autistes en Polynésie ?
Mickaël Shan : « Il a beaucoup évolué, par rapport à l’époque de Cédric. L’autisme est aujourd’hui bien pris en charge. Il y a des médecins spécialisés, il y a de la pédopsychiatrie, il y a la CAMSP (Centre d’Assistance Médico-Sociale Précoce). Dans les écoles, il y a des AVS (assistants de vie scolaire, NDLR) pur les enseignants. Dans les écoles primaires, il y a le dispositif Ulis. Tout se met en place et avance bien. »


Quels sont les premiers signes chez l’enfant ou l’adolescent autiste ? Comment dépister l’autisme ?
« Il y a des retards de langage, d’apprentissage. Le mien par exemple, a marché plus tard, il n’était toujours pas propre avant de rentrer à l’école, et on voit de suite la différence avec les autres élèves en classe. »

Est-ce que les moyens déployés pour le dépistage en Polynésie sont suffisants, tout comme le suivi ?
« Ils sont de plus en plus suffisants. Et pour le suivi, le service de pédopsychiatrie organise des médiations pour les enfants et il évalue le degré d’autisme et fait le suivi en fonction de l’enfant. Chaque cas est particulier donc chaque suivi est particulier. »

Cédric, tu n’arrives pas à exprimer physiquement d’autres émotions que la joie et la colère. Peux-tu nous en parler ? Cela a été compliqué pour toi dans tes interactions sociales ?
« En effet. Je peux ressentir de la tristesse, mais cela ne se voit pas physiquement. Et la difficulté d’un autiste, c’est aussi de savoir lire les émotions sur les autres personnes. »

Mickaël, aujourd’hui, aucune école spécialisée n’existe et l’association Entre deux mondes préfèrerait des classes spécialisées dans des écoles normales.
« L’autiste doit être inclus dans le milieu scolaire ordinaire, avec le dispositif Ulis à partir de la primaire. L’enseignement spécialisé prend en charge les enfants en difficulté, dont les enfants autistes, mais il (le dispositif Ulis, NDLR) est inclus également dans le milieu scolaire cursus normal. »

Cédric, quel message souhaiterais-tu faire passer aux personnes autistes, mais également à leurs familles ?
« Aux familles, je souhaiterai leur dire de ne vraiment pas perdre espoir, de ne pas perdre courage, car par le biais de l’association Entre deux mondes, des solutions et des moyens existent, afin qu’ils puissent s’en sortir et s’intégrer dans la société. »

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