Attentats : attention aux amalgames

Publié le

Publié le 16/11/2015 à 18:15 - Mise à jour le 16/11/2015 à 18:15

Après les attaques contre Charlie Hebdo et depuis les attentats du 13 novembre il est difficile pour certains de ne pas faire de stigmatisation.
Sur les réseaux sociaux la psychose s’alimente rapidement. Les commentaires sont parfois racisteS. Pour ne pas tomber dans cette psychose, se renseigner sur la situation est essentiel. 

C’est avec Jérôme Schmitt, professeur d’Histoire Géographie que Tahiti Nui Télévision a tenté d’apporter des définitions plus préciseS de termes qui peuvent mener à faire des amalgames.

Il revient d’abord sur la différence entre arabe et musulman : « Un arabe est un habitant de la région du moyen orient qui fait partie de cet ensemble que l’on appelle Arabie. Etre musulman ce n’est pas un caractère ethnique. Le critère de musulman fait référence à une religion. On peut trouver des arabes qui ne sont pas musulmans, qui peuvent être chrétiens par exemple. Et il peut y avoir des musulmans qui ne sont pas forcément arabes, qui peuvent être d’origine occidentale, d’origine indienne puisqu’il y a un groupe de représentation musulmane importante au nord de l’Inde »
Il ajoute : « le musulman c’est celui qui pratique l’islam. Et l’islam c’est la religion tout simplement. »

Mais quelle est la différence entre l’Islam et l’état islamique ? « L’islam c’est une religion, comme la religion chrétienne… comme la religion juive qui est pratiquée de façon normale en respectant les codes. Tandis que l’état islamique est quelque chose qui peut être apparenté à une déviance qui fait partie de l’islamisme. C’est à dire, puiser certaines parties des textes du coran en s’appuyant dessus, en oubliant le message global délivré. Et en pratiquant dans l’extrême certaines codifications, à l’instar de ce que l’on peut retrouver dans la burka par exemple. Dans le coran à aucun moment il n’est dit de voiler entièrement sa femme. Il est écrit : « met un voile sur les cheveux de ta femme », simplement… A aucun moment il n’est demandé de sombrer dans l’intégrisme, de priver les femmes de droits. Et donc l’état islamique s’apparente à un intégrisme religieux … » indique Jérôme Schmitt.

Enfin il faut aussi bien différencier les termes djihadiste et terroriste. Il explique : « Le djihad ou le djihadiste c’est intéressant ce concept. Dans la première définition du djihad, c’est un combat intérieur. C’est un petit peu comme dans la foi chrétienne on va chercher à respecter tous les préceptes qui sont demandés. Ici justement le djihad c’est au départ un combat intérieur, personnel qui est de respecter la codification du coran. Alors que l’on peut avoir une deuxième définition : celle de la guerre sainte. C’est à dire celle qui a été parfois proclamée par Mohamed, le prophète musulman. Et qui est aujourd’hui une des justifications des actes terroristes de l’état islamique. Mais encore une fois, est-ce que le mot djihad convient véritablement à ce qu’est en train de perpétrer l’état islamique ? On peut en douter fortement. Il s’agit plutôt d’une organisation mafieuse, très organisée et très financée… puisqu’elle détient pas mal de champs pétroliers qui permettent de nourrir son action et d’avoir un rayonnement régional mais aussi international. Il faut donc bien distinguer le combat personnel intrinsèque à la personne et cette volonté de justifier des actes criminels par une guerre sainte. (…) Je pense que pour l’état islamique le qualificatif de terroriste convient mieux que celui de djihadiste. »

Ce professeur d’Histoire Géographie conclu en indiquant que c’est par la connaissance que l’on devient tolérant !
 

Reportage de Sophie Guébel et Juliano Tautu.

Jérôme Schmitt, professeur d’Histoire Géographie

Dernières news