ATN obtiendra-t-elle sa défiscalisation pour l’achat de ses Boeing ?

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Publié le 02/10/2018 à 15:58 - Mise à jour le 02/10/2018 à 15:58

Un article paru dans la Canard Enchaîné ce mercredi à Paris jette un doute sur l’issue de la demande de défiscalisation Etat déposée par Air Tahiti Nui pour l’achat de deux de ses quatre Boeing Dreamliner. Cette « défisc » concerne les deux appareils que la compagnie va acheter en 2019. Les deux autres, dont le premier va être livré dans quelques jours, ont été loués.

Selon l’hebdomadaire parisien, le contexte économique, difficile pour Airbus (notamment à cause de l’embargo sur l’Iran relancé par Donald Trump), tendrait à freiner la décision finale du ministère des Comptes publics qui ne voudrait pas froisser le constructeur européen. Gérald Darmanin « ne semble pas pressé », écrit le Canard, de valider cette défiscalisation qui irait à l’encontre d’un certain patriotisme économique au moment où Airbus rencontre de sérieux problèmes commerciaux. L’enjeu financier n’est pas anecdotique pour ATN : cela représente près de 200 millions de dollars (plus de 20 milliards de Fcfp), soit près de 40% du prix d’achat des deux appareils.

Chez ATN, personne n’a souhaité faire de commentaire. La compagnie affirme juste que le dossier « n’est pas encore ficelé ». Ces derniers mois, Michel Monvoisin s’est déplacé à plusieurs reprises au ministère des Comptes publics, pour défendre ses intérêts et notamment au « Bureau des agréments et rescrits » qui instruit les dossiers. Le P-dg d’ATN avait par ailleurs déclaré au moment de la décision de l’achat des appareils américains qu’il ne comptait pas sur la défiscalisation (dont le système n’était même pas sûr d’être prolongé à l’époque) et que le financement des appareils était budgété.  Mais ce serait tout de même un coup dur pour la compagnie si elle ne pouvait bénéficier de cette aide fiscale.

Au haut-commissariat non plus, personne ne veut infirmer ou confirmer l’information du Canard Enchaîné.  Tout juste rappelle-t-on que les sous-traitants de Boeing ne sont pas tous américains et qu’il y a même beaucoup d’entreprise française. Il n’y aurait donc aucune entorse caractérisé au patriotisme économique et donc pas d’opposition de principe à obtenir une aide de Bercy. Michel Monvoisin avait rappelé lui-même en 2015 qu’Air Austral avait obtenu une défiscalisation pour des Boeing.

À Paris, la décision finale pourrait aussi se mesurer à l’enveloppe globale accordée à la Polynésie au titre de la défiscalisation. Avec 200 millions de dollars, l’aide demandée par ATN pourrait empiéter sur d’autres dossiers jugés plus prioritaires.
 

Bertrand Parent

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