Bientôt la reprise d’activité pour Air Tahiti : en effet, à compter du vendredi 22 mai, la compagnie va pouvoir reprendre ses vols commerciaux mais seulement vers 10 îles de son réseau (au lieu de 48 habituellement) : Huahine, Raiatea, Bora Bora, Rangiroa, Tikehau, Fakarava, Rurutu, Tubuai, Hiva Oa, Nuku Hiva. Il n’y a aucun vol pour les Gambier.
Selon Manate Vivish, le directeur général d’Air Tahiti, seules six destinations dégagent des bénéfices pour la société, et les autres sont déficitaires. Mais la compagnie perçoit des aides du Pays dans le cadre d’une délégation de service public, afin de compenser les pertes. L’arrêt de l’activité dû au confinement a ainsi contraint la compagnie a revoir son programme de vols. « Air Tahiti doit affronter des turbulences économiques très fortes, du fait de l’absence de la clientèle touristique, dont la date de retour est encore incertaine ainsi que d’un marché local ébranlé par cette crise. Malgré tous nos efforts pour réduire les dépenses dans l’entreprise, la situation financière de notre compagnie locale reste précaire » indiquait le directeur dans un communiqué.
Aux Marquises, seules Nuku Hiva et Hiva Oa seront desservies
Le déficit des rotations inter-Marquises représente, pour Air Tahiti, 450 millions de Fcfp annuels. Pour l’heure, jusqu’au mois de juin, seules deux îles de l’archipel des Marquises seront desservies : une au Nord, l’autre au Sud. Nuku Hiva et Hiva Oa. La compagnie annonce que les dessertes via Twin Otter ne reprendront pas dans l’immédiat. Des dessertes qui concernent Ua Pou et Ua Huka, les deux îles du Nord.
– PUBLICITE –
« Je pense aussi à Apataki, Fakahina ou Takume. »
Joseph Kaiha
Les membres de la CODIM (Communauté De Communes Des Îles Marquises), qui avaient reçu un courrier d’Air Tahiti leur annonçant la l’arrêt de la liaison des Twin Otter se sont réunis en visioconférence le lendemain. Ils ont décidé d’adresser un courrier aux autorités de l’État et du Pays. « Ça ne nous a pas beaucoup surpris, parce qu’il fallait s’attendre à un tel arrêt, vu l’impact du Covid-19 à l’échelle mondiale. Je confirme qu’Air Tahiti nous informe de l’arrêt pour un temps indéterminé des liaisons de Ua Pou et Ua Huka. Je pense à nos malades, nos evasan, nos transports scolaires ? Les urgences… On va se trouver dans une situation pas très confortable. Mais j’ose espérer que dans cette situation exceptionnelle, le Pays prendra des mesures exceptionnelles, afin de maintenir la continuité territoriale. Au niveau de la desserte du Twin Otter dans des îles comme les nôtres, mais je pense aussi à Apataki, Fakahina ou Takume » déclare Joseph Kaiha, maire de Ua Pou.
« On n’a pas de navette au Nord encore. On n’a pas d’autre moyens que les bateaux privés, bonitiers ou poti marara. Mais je pense aux evasans ! Je fais appel au président du Pays ! Comment on va faire pour les mamans enceintes, pour les petits enfants d’1 mois ou 2 ? » s’inquiète le maire, qui demande aux autorités de maintenir la continuité territoriale « vu que le Pays a pris des mesures exceptionnelles pour soutenir les entreprises, ceux qui ont perdu leur emploi… pourquoi nous, nous serions laissés sur le carreau ? Pourquoi ne pas inclure, dans ces aides, la prise en charge de la continuité territoriale ? Pour l’instant, c’est Air Tahiti qui nous a fait l’annonce officielle de la suspension des dessertes en Twin Otter. On attend de voir ce que le Pays va faire. On va y aller étape par étape ».
« Nous n’oublions pas les îles éloignées »
Jean-Christophe Bouissou, ministre en charge des transports interinsulaires
« Je voudrais rassurer la population. À terme, l’ensemble des dessertes seront assurées, a réagi Jean-Christophe Bouissou, ministre en charge des transports interinsulaires. Il n’y a jamais eu vraiment de décision d’arrêt, tout s’est stoppé avec le confinement. C’est comme un véhicule que l’on redémarre après plusieurs mois. Il faut le ménager. C’est un peu pareil sur le plan économique. On ne peut pas faire en sorte que toutes les dessertes soient desservies d’un seul coup. Ce sont des coûts importants. Cette année, il est prévu qu’Air Tahiti perde plusieurs milliards de francs pacifiques. Il convient d’éviter d’en rajouter sur l’aspect des déficits. Mais petit à petit, nous souhaitons que l’ensemble des dessertes puissent être assurées en même que temps que l’économie du Pays reprendra. Il n’y a pas de calendrier. Les dessertes vont reprendre au fur et à mesure que le plan stratégique de réouverture de notre Pays s’effectuera, et où Air Tahiti aura la capacité de porter, sur le plan financier, l’ensemble des dessertes. Notre souhait, avec le président, c’est de faire en sorte que ce soit le plus rapidement possible.Nous sommes en train de mener un plan de reprise de l’économie Polynésienne. Il est bien évident qu’aujourd’hui, financièrement parlant, le Pays n’a pas la capacité de ramener les choses comme au mois de janvier. Il faut parler vrai aux gens et leur dire la vérité. Nous utilisons donc les moyens que nous avons. Nous n’oublions pas les îles éloignées, mais nous composons avec la capacité financière du Pays et je pense que les populations des îles peuvent le comprendre.«