Armelle Merceron : « Il y a beaucoup de violences dans la société polynésienne. Ce n’est pas une fatalité »

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Elles se lèvent contre les violences en perpétuelle augmentation dans notre pays : sept associations se fédèrent au travers d'un collectif : Ia Ora Te Fa'atura ... Ensemble elles espèrent trouver des solutions pour mieux comprendre ce phénomène afin d'agir de manière plus efficace.

Publié le 21/11/2020 à 19:44 - Mise à jour le 23/11/2020 à 10:45

Elles se lèvent contre les violences en perpétuelle augmentation dans notre pays : sept associations se fédèrent au travers d'un collectif : Ia Ora Te Fa'atura ... Ensemble elles espèrent trouver des solutions pour mieux comprendre ce phénomène afin d'agir de manière plus efficace.

« Ia Ora Te Fa’atura – Non à la violence, oui au respect » : c’est le nom du collectif qui regroupe 7 entités : l’APAJ – Te rama ora, le Soroptimist international club de Tahiti – Papeete, le Centre d’information des droits des femmes et de la famille, l’association Emauta, Vahine Orama, l’Union des femmes francophones d’Océanie et le groupement de solidarité des femmes de Tahiti.

Armelle Merceron est la secrétaire de ce mouvement. Elle était l’invitée du journal télévisé le vendredi 20 novembre.

Tahiti Nui Télévision : Armelle Merceron, nous célébrons aujourd’hui les droits de l’enfant sur le plan international : il est nécessaire de se les remémorer chaque année ?
Armelle Marceron : « S’il existe une journée du 20 novembre, c’est justement pour rappeler que tous les enfants ont un certain nombre de droits : à la santé, à l’éducation… nous, dans nos actions, on pense au droit à l’intégrité physique, à la protection, et notamment contre les violences. »

C’est ce qui vous a incité à monter ce collectif : de qui est-il composé ?
« Il se compose de 7 associations qui ont des activités différentes. Ce ne sont pas uniquement des actions pour les droits des femmes : ce sont des associations qui travaillent pour le droit des familles; pour l’accueil et l’hébergement de personnes en difficulté; mais plus largement, ce qui nous a rassemblé, c’est le fait de dire non à la violence, parce-que la violence, ce n’est pas normal, ce n’est pas une fatalité, et nous sommes interpelées par le fait que dans la société polynésienne il y ait autant de violence ».

Les chiffres parlent d’eux même : on recense 2,5 fois plus de victimes de coups et blessures au fenua par rapport à la métropole. C’est très alarmant et pourtant, c’est récurrent…
« C’est très paradoxal : on sait que les Polynésiens sont gentils, accueillants… et en même temps on a ce noyau de violence qui se manifeste de façon très différente, que ce soit à l’égard des enfants, des adultes, des femmes, des hommes quelques fois aussi, ou du voisinage… « 

Mieux comprendre pour mieux agir

Quels sont les facteurs de ces violences ?
« C’est un des points que nous souhaitons creuser. Nous aimerions qu’il y ait davantage d’études universitaires sur la question pour mieux comprendre ce phénomène. Je pense qu’il faut aller chercher des explications dans le passé. La société Polynésienne a reçu beaucoup de bouleversements au cours des 60 dernières années, peut-être qu’il y a des explications à trouver. Si on analyse mieux cette violence, peut-être que l’on pourra mieux agir de manière préventive ».

Votre objectif c’est également de mieux vous coordonner? *« On pense que beaucoup de moyens existent, mais qu’il faut plus de coordination, un travail de terrain, de proximité, et on pense que l’état, le Pays et les maires devraient pouvoir travailler avec les associations pour que l’on ait des solutions adaptées afin de prendre en charge les victimes ».

Force est de constater que le Grenelle des violences conjugales, qui a eu lieu l’an dernier, n’a pas porté ses fruits?
« C’était une première étape. Le Haut-commissariat nous a indiqué que compte tenu de cette année qui a été très perturbée par la pandémie du Covid, on n’avait pas encore pu faire émerger les résultats, mais nous on espère bien prolonger les choses, et le président de la Polynésie qu’on a rencontré nous a donné la possibilité d’organiser un forum ».

Quel en serait l’objectif ?
« Tout le monde a sa pierre à apporter. On a des constats à partager, et l’on peut réfléchir à la façon dont on pourrait travailler pour que tout polynésien soit à l’abri de la violence. Nous sommes le 20 novembre. Un enfant, il a besoin que ses droits soient respectés pour bien grandir et devenir un adulte responsable ».

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