Alex Hervet, délégué régional d’Air France : « Si la grève continue, Air France devra probablement suspendre la desserte de Tahiti »

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Publié le 11/11/2017 à 10:14 - Mise à jour le 11/11/2017 à 10:14

Ils étaient 300, ce dimanche matin, aux comptoirs d’enregistrement d’Air France de l’aéroport de Tahiti Faa’a, à espérer pouvoir décoller pour les Etats-Unis ou l’Europe. Dès 5h30, ils ont tenté de rejoindre la salle d’embarquement. Chose faite pour plus de la moitié d’entre eux. Mais pour finalement faire machine arrière, faute de personnel naviguant commercial en nombre suffisant. Ils sont trois à s’être présentés. Il en fallait quatre pour faire partir l’appareil. 

Les PNC ont débuté un mouvement de grève vendredi 10 novembre. Ils réclament le respect du dernier protocole d’accord en date, des accords collectifs, et souhaitent régulariser leurs bulletins de salaire. 
Vendredi le dernier vol avait été lui aussi annulé. 
Une annulation de dernière minute qu’ont du mal à comprendre les passagers étrangers : « Pour moi, Air France c’est un peu la honte pour la France depuis quelques années », regrette un passager. « C’est assez souvent qu’il y a des grèves et des retards. On a fait la queue pendant 1h et on nous informe au dernier moment ».

« J’ai avec moi un groupe de  31 personnes », explique un visiteur américain. « Nous avons du faire un choix : tenter notre chance ce matin, ou réserver des places ou être sûrs de partir sur le vol de ce soir. Nous avons choisi la sécurité. Air France fait tout ce qu’elle peut pour notre prise en charge. Des chambres nous ont été proposées à l’Intercontinental… »

« Ma mère est gravement malade et je veux rentrer à la maison! », déclare une passagère américaine les larmes aux yeux. « Je ne sais pas si je vais partir ce soir et peut-être que je devrai attendre trois jours supplémentaires »!

« J’adore l’imprévu dans les voyages, et là, il est difficile d’être mieux servi que cela! » plaisante un voyageurs métropolitain. « J’ai eu la chance de venir ici, de passer un séjour merveilleux. Je me sens toujours solidaire des gens qui font grève parce que j’imagine que ce n’est pas pour se faire plaisir qu’ils la font… »

En France, une loi contraint ceux qui veulent faire grève à se déclarer 48h auparavant, pour permettre aux compagnies aériennes de s’organiser afin de ne pas pénaliser les passagers. Une loi qui n’existe pas en Polynésie française. 

Les 300 passagers prévus sur le vol AF 77 ont été conduits vers les hôtels de Tahiti. 

Interview d’Alex Hervet, délégué régional d’Air France en Polynésie française

« Le vol de ce matin qui devait embarquer 260 passagers, va de nouveau décoller à vide faute de PNC locaux en nombre suffisant. Plusieurs PNC se sont déplacés mais pas suffisamment pour pouvoir décoller avec des passagers. Il a manqué juste un seul PNC. Sur les 260 passagers qui devaient partir ce matin, la grande majorité sont des touristes américains et européens. Nous allons pouvoir en faire partir 110  sur le vol affrété sur Air Tahiti Nui ce soir, qui emporte déjà 180 passagers restants du vol de vendredi. Nous allons donc héberger une centaine de touriste qui ne pourra pas partir aujourd’hui, et chercher des solutions alternatives dans les prochains jours. 

Nous avons eu des discussions avec le syndicat avant et pendant le préavis. Nous avons fait des propositions sur plusieurs points. Elles sont toujours valides et ma porte est toujours ouverte. J’appelle le syndicat USAF UNSA et tous les PNC de la base de Papeete à leurs responsabilités et à lever la grève de toute urgence. Je sais combien ils sont attachés à nos clients, à notre compagnie, et à leur métier. 

Cela fait deux vols de suite d’Air France qui arrivent avec des passagers et repartent sans. Nous ne pouvons pas décemment emmener des touristes si nous ne savons pas leur offrir un retour chez eux. il en est de même pour nos clients polynésiens. En conséquence, si le mouvement était maintenu, Air France étudie toutes les solutions mais devra probablement suspendre la desserte de Tahiti. Pour les clients réservés sur les prochains vols, de mardi au départ de Los Angeles vers Papeete, et de mercredi au départ de Papeete vers Los Angeles : nous cherchons une solution d’affrètement avec une autre compagnie mais les vols pourraient être annulés, comme les suivants, si la grève n’était pas levée. 

Nous reviendrons vers tous nos clients pour leur proposer des solutions dès que possible. Je présente encore une fois toutes nos excuses à nos clients, ce n’est pas ce que nous souhaitons leur offrir. Je vous remercie de votre compréhension. »
 

Laure Philiber 

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