Air Moorea : « S’il y a des peines prononcées, il y aura forcément des déceptions »

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Publié le 24/10/2018 à 14:02 - Mise à jour le 24/10/2018 à 14:02

Après l’accusation, place à la défense. Les avocats des huit prévenus du procès ont fait feu de tout bois aujourd’hui. À l’image de l’avocat d’Air Moorea, maître François Quinquis. Le conseil a une nouvelle fois martelé que le câble de gouverne à cabrer ne s’était pas rompu en plein vol, contrairement à ce que soutient l’accusation. Selon lui, le rapport d’un seul expert est recevable. Or le document est ambigu. Le parquet et la défense n’en ont donc pas la même lecture.

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« Ce rapport démontre que le câble n’a pas pu se rompre en vol. Il n’y a qu’une phrase en conclusion, qui est assez inexplicable d’ailleurs,  où il ne l’affirme pas, il dit ‘cela suggérait que ce serait probable’, ce n’est pas une démonstration, surtout que c’est rigoureusement le contraire de ce qui est dit dans le rapport »  déclare maître François Quinquis.

> « On ne pouvait pas faire voler l’avion avec un câble qui n’avait pas été changé »

Pour la défense, ces doutes doivent profiter aux prévenus. Les avocats ont par conséquent réclamé la relaxe de leurs clients. Mais pour les parties civiles, même si les raisons de l’accident demeuraient floues, des fautes ont bien été commises, justifiant des condamnations.

« Il était prévu que ce câble soit installé pour 12 mois. Il a été installé pour plus de temps, donc il y a un défaut de navigabilité, donc on comprend tout à fait qu’il se soit rompu. Mais indépendamment, même s’il s’était pas rompu, on ne pouvait pas faire voler l’avion avec un câble qui n’avait pas été changé » explique maître Jean-Pierre Bellecave, l’avocat des familles des victimes.

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Pour les proches des disparus, ces trois semaines ont été particulièrement éprouvantes. Elles ont néanmoins permis de mettre sous le feu des projecteurs les manquements d’Air Moorea. Pour Nikolaz Fourreau, président de l’association 9-8-7 : « Il a été révélé aux yeux de tous les dysfonctionnements d’une compagnie, des comportements qui n’étaient pas à la hauteur du service qu’on attendait d’Air Moorea. Après il y a probablement des attitudes de certains prévenus qui ne sont pas à la hauteur des faits qui leurs sont reprochés ».

Les familles endeuillées ont en tous les cas le sentiment du devoir accompli. « Je ne pense pas qu’il y aura une forme de satisfaction, quelle que soit la décision. S’il y a des peines prononcées, il y aura forcément des déceptions, mais ça sera fait et il y aura une reconnaissance. On ne peut pas comparer 20 000 euros et une interdiction d’exercer à une vie » ajoute Nikolaz Fourreau. Le tribunal rendra son délibéré le 22 janvier 2019.
 

Rédaction web avec Jean-Baptiste Calvas et Sam Teinaore

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