Air Moorea : d’anciens mécanos critiquent la maintenance

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Publié le 17/10/2018 à 14:04 - Mise à jour le 17/10/2018 à 14:04

Corrosion non traitée sur les avions, négligence dans leur suivi, ambiance de travail pesante et atelier en bazar… Tel est l’inquiétant tableau dépeint par d’anciens mécaniciens d’Air Moorea, ce jeudi au palais de justice. « On se disait tous que ça allait arriver un jour », a même témoigné l’un d’eux, en référence au crash du 9 août 2007. Trois de ces employés ont d’ailleurs assuré avoir démissionné pour ne pas cautionner ce qui se passait au sein de l’atelier de la compagnie.
 
Des photos des lieux, prises par ces mécaniciens, ont été diffusées ce jeudi matin à l’audience. Et elles ont laissé l’expert judiciaire pantois. « C’est affligeant. La quasi-totalité des clichés démontre des non-conformités réglementaires », a-t-il fini par lâcher. Ce qui, pour la partie civile, confirme que le crash du Twin Otter résulte bien d’un défaut de maintenance. « On a vraiment l’impression qu’il y a une sorte de prédisposition en amont au drame qui s’est joué ce jour-là, déclare l’avocat de familles de victimes, Me Jean-Pierre Bellecave. C’est-à-dire que le câble ne rompt pas comme ça, tel jour, il y a une préparation, il y a une prédisposition, et ça, ça vous amène à la maintenance, ça vous amène à ne pas constater l’état du câble, à ne pas le vérifier, à ne pas l’inspecter, à ne pas respecter les règlements et les prescriptions. »
 
Mais ces supposés manquements ont une nouvelle fois été balayés d’un revers de manche par les avocats de la défense. Ceux-ci notent que d’autres employés ont tenu des propos positifs. Et les témoignages critiques émanent selon eux de salariés qui étaient en conflit ouvert avec la direction. « S’il y avait eu des choses à redire, je pense que ces salariés se seraient adressés à l’autorité compétente pour dénoncer ces choses et force est de constater que cela n’a pas été le cas, a défendu Me Jourdainne, l’avocat de Jacques Gobin, ancien directeur technique d’Air Moorea. Les quelques photos qui ont été projetées sont issues de salariés qui sont partis avec des remontrances qu’ils avaient à faire auprès de leur employeur. »
 
Un argument un peu court pour la partie adverse. « Effectivement, ils ne sont plus dans l’entreprise, ils ont eu des conflits, rétorque Me Bellecave. Mais ces personnes témoignent toutes séparément et individuellement de faits qui sont tous, eux, concordants sur l’état de l’atelier… »
Le procès se poursuit ce vendredi avec le témoignage d’anciens pilotes d’Air Moorea.
 

Rédaction Web avec Jean-Baptiste Calvas et Sam Teinaore
 
 
 

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