12 nations mobilisées pour l’exercice militaire Marara

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Cette année, le commandement de Marara prend une dimension internationale. Un Etat-major formé de 12 pays dirigera l’opération d’assistance humanitaire qui aura lieu du 8 au 18 mai prochains. Un exercice de grande ampleur pour tester les capacités de réactions militaires devant une catastrophe naturelle. Un millier de soldats des forces armées de Polynésie française et de l’US Navy seront déployés sur le terrain.

Publié le 05/05/2022 à 19:46 - Mise à jour le 12/05/2022 à 17:00

Cette année, le commandement de Marara prend une dimension internationale. Un Etat-major formé de 12 pays dirigera l’opération d’assistance humanitaire qui aura lieu du 8 au 18 mai prochains. Un exercice de grande ampleur pour tester les capacités de réactions militaires devant une catastrophe naturelle. Un millier de soldats des forces armées de Polynésie française et de l’US Navy seront déployés sur le terrain.

Si ce n’est pas la première fois que Marara rassemble de nombreux pays, c’est bien la première fois que le commandement de l’exercice sera multinational. 12 pays seront ainsi représentés (Australie, Canada, Corée du Sud, France, Iles Cook, Japon, Malaisie, Pérou, Philippines, Singapour, Thaïlande et Etats-Unis d’Amérique). Des représentants des quatre coins de l’Asie Pacifique seront ainsi réunis au Fenua, au sein du quartier général de l’Etat-Major.

Côté terrain, des unités franco-américaines seront déployées à Huahine, Raiatea et Bora Bora rebaptisées fictivement « Greenland island ». Et comme souvent dans ce type d’exercice grandeur nature, l’Archipel est touché par un cyclone. Baptisé Virginia, il frappera dans la nuit du 7 au 8 mai. Les forces armées interviendront alors pour porter assistance à la population, l’évacuer si nécessaire et rétablir la sécurité sur les îles. Mouvement de foules, blessés, pillage : les soldats interviendront pour porter assistance à la population et procéder à des évacuations.

Dans ce contexte, ils devront bien sûr s’adapter aux différentes situations d’insécurité, protéger les ressources d’éventuels « profiteurs ». Il s’agit de proposer un scénario d’intervention réaliste pour se préparer au mieux à d’éventuelles catastrophes naturelles. Pas de doute pour le commandant de l’opération, le contre-amiral et commandant des FAPF, Jean-Mathieu Rey, le récent tsunami qui a frappé les Tonga témoigne de l’importance de se préparer.

« Notre stratégie dans le Pacifique est une stratégie de partenariat c’était donc naturel d’ouvrir [Marara] à nos partenaires ».

Le contre-amiral et commandant des FAPF, Jean-Mathieu Rey

« Nous partageons avec nos voisins du Pacifique ces risques de catastrophes naturelles. Il a fallu porter assistance aux Tongiens depuis la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie avec des moyens militaires » précise le contre-amiral. « Notre stratégie dans le Pacifique est une stratégie de partenariat c’était donc naturel d’ouvrir [Marara] à nos partenaires. Un partenariat avec d’autres nations apporte des moyens, des troupes, des bateaux en plus des nôtres. »

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Avant le lancement des cinq jours d’exercice, deux jours d’intégration et d’entrainement permettrons aux soldats de réviser leurs gammes. Sur les 1 000 militaires déployés, 45% sont issus des Forces armées de Polynésie française (FAPF) et 45% de l’armée américaine. Les 10% restant étant formés de renforts internationaux et Français, ainsi que de l’équipe d’animation.

Mobilisé en 2020, lors du dernier exercice Marara, le Bougainville devrait intervenir à nouveau.

Pour cet exercice grandeur nature, les deux pays ont sorti l’artillerie lourde. Pas moins de neufs appareils seront mobilisés : sept côté français et deux côté américain, dont l’imposant USS Pearl Harbour arrivé mercredi à Papeete. Equipé pour faire de la maintenance en pleine mer, le bâtiment sert aussi de navire de transport de troupes. Et pour coordonner tout ce beau monde, un gros travail de préparation s’impose. C’est le rôle du quartier général, chargé de distribuer les ordres et d’analyser les comptes-rendus des troupes en intervention.

Mais si cet exercice qui intervient tous les deux ans prend une telle dimension internationale cette année, ce n’est pas pour rien. Les ambitions grandissantes de la Chine dans la Pacifique Sud suscitent de vives inquiétudes chez les occidentaux. Et la signature le 19 avril dernier d’un accord-cadre de coopération en matière de sécurité entre la Chine et les îles Salomon n’a pas laissé indifférents les voisins de la zone. De quoi pousser les Etats-Unis et la France à avancer leurs jetons et à montrer les muscles. Il s’agit plus que jamais d’assurer une présence dans le Pacifique pour « contribuer à la sécurité de la région en favorisant la coopération militaire et sécuritaire ».

L’USS Pearl Harbour dans la rade de Papeete (Crédit TNTV).

« La volonté française est de continuer à maintenir cet équilibre en refusant la logique des deux blocs qui nous amènerait vers une opposition ».

Le contre-amiral et commandant des FAPF, Jean-Mathieu Rey

« Il y a un risque », reconnaît le contre-amiral. « La France se positionne comme une puissance d’équilibre. Nous sommes alliés des Etats-Unis d’Amérique mais nous ne sommes pas alignés derrière eux ». Pas question pour autant d’entrer en conflit avec Pékin. « Nous nous opposons quand c’est nécessaire aux actions illégales de la Chine mais nous maintenons le dialogue avec eux. La volonté française est de continuer à maintenir cet équilibre en refusant la logique des deux blocs qui nous amènerait vers une opposition ».

Si ses missions prioritaires se concentrent sur l’assistance humanitaire et la protection de la ZEE, le commandant des forces armées n’écarte pas d’éventuels exercices de défense. « C’est une possibilité. (…) Nous sommes à même aussi de conduire des missions de haute intensité. C’est ce que nous avons fait quand les rafales sont venus pour s’entrainer à faire un tir missile ». Il rappelle d’ailleurs que par le passé en mer de Chine, les forces armées disposaient d’un sous-marin nucléaire d’attaque commandé depuis Tahiti.

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