​Ouverture d’une ligne low cost : le Pays va dire oui à French Blue

Publié le

Publié le 23/10/2017 à 12:07 - Mise à jour le 23/10/2017 à 12:07

Au début du mois d’octobre, le site Tahiti News révélait que la compagnie French Blue projetait d’ouvrir une ligne aérienne entre Paris et Papeete via San Francisco. Le dossier est dans sa dernière ligne droite et il va aboutir très rapidement.

Une ligne low cost entre la France et la Polynésie, voilà une nouveauté qui risque de bouleverser le paysage de l’aérien à Tahiti avec, au final, des tarifs de vol en sensible baisse pour les voyageurs.

La demande d’exploitation de la ligne a été faite dans les règles : d’une part auprès de l’aviation civile en métropole pour une demande de droit de trafic entre Paris et la Polynésie, mais également la même demande auprès de l’aviation civile polynésienne (ACPF) pour la demande de droit de trafic entre San Francisco et Faa’a. Le dossier complet,  instruit par l’ACPF a été remis à Nicole Bouteau, ministre du Tourisme.

Dans ce dossier on trouve notamment une étude d’impact très précise. Avec plusieurs vols hebdomadaires (deux à trois selon la saison) l’arrivée de French Blue devrait générer 100 000 passagers de plus par an. Et, dans un marché totalement dérégulé dans le monde entier, il y a fort à parier que le ciel polynésien fasse la même chose. « En résumé, confie un spécialiste du dossier, vive la concurrence, mais attention, on est un petit pays, il faut être prudent. » Mais, selon nos informations, du côté du gouvernement, la décision est prise : le Pays ne fera pas obstacle à l’ouverture de cette ligne.

Chez Air France et ATN, on ne décolère pas. « C’est une grande menace pour nos emplois » déclarent en substance les cadres des deux compagnies qui  comptent 113 salariés pour Air France et près de 800 pour ATN.
Toujours est-il que, en cas d’arrivée de French Blue, la guerre des prix du billet sera officiellement déclarée. « Ce sont des pros. On doit s’attendre à une baisse de 20 à 30% avec cette low cost », estime notre spécialiste de l’aérien. Soit un billet au plus bas qui pourrait descendre à 130 000 Fcfp. Avec des Airbus A350 sans classes supérieures French Blue table sur 411 passagers à bord avec une triple grille tarifaire comme il le fait déjà sur ses autres destinations : la formule Basic avec un seul bagage en cabine de 12 kilos, Smart avec un bagage en cabine et un en soute et Premium avec deux bagages en soute. Le tout combiné avec les services à bord compris ou non dans le prix selon votre formule.

ATN et Air France devront alors faire des efforts et, au final, ce sera tout bénéfice pour les voyageurs. Si ATN, qui est en bonne santé économique (deux milliards de résultat net en 2016), a les épaules assez solides pour faire, enfin, un effort sur les tarifs, les choses sont, en revanche, plus compliquées chez Air France. Aujourd’hui, la compagnie française maintient l’antenne polynésienne plus dans un souci de service public que de rentabilité économique. Mais si une low cost vient accentuer les difficultés, l’opportunité de supprimer la ligne reviendra sur le tapis.

La grande inconnue de l’arrivée de la compagnie low cost reste la capacité touristique de la Polynésie pour accueillir ce flot supplémentaire. Argument souvent avancé par Michel Monvoisin pour justifier de tarifs quasiment immuables. Lors de sa visite il y a quelques semaines, Marc Rochet, le président de French Blue, a rencontré Tahiti Tourisme. Dans son viseur, les pensions de familles (qui correspondent plus à l’image des clients de compagnies low cost) et qui peinent souvent à remplir leurs fare. Une stratégie qui laisse perplexe un spécialiste du tourisme polynésien : « La Polynésie ce n’est pas la République Dominicaine. Même en pension de famille, l’hôtellerie reste chère ici et ne correspond pas tout à fait au tourisme low cost comme on le voit ailleurs. » C’est aussi pour cela que French Blue vise également une clientèle locale pour remplir ses avions.

Marc Rochet doit revenir dans les jours qui viennent eu fenua. Probablement pour annoncer officiellement l’ouverture de la ligne. Il y a urgence pour la compagnie qui espère lancer la commercialisation de ses vols avant la fin de l’année pour des premières rotations en mai 2018.

Bertrand Parent

 
 

Dernières news