Vidéo – Oscar Temaru : « Le 29 juin 1880, c’est la date où nous perdons notre dignité… »

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Publié le 27/06/2018 à 8:45 - Mise à jour le 27/06/2018 à 8:45

Vous n’avez pas accepté l’invitation du président Macron pour la remise de ce livre bleu. Pourtant, cette feuille de route déterminera la politique du gouvernement central pour les Outre-mer. Pourquoi ?

C’est vraiment dommage. Le 29 juin 1880, c’est la date d’annexion de notre pays à la France. C’est la date où nous perdons notre dignité, notre droit à l’autodétermination, qui a été confisqué par la France. Le 17 mai 2013, l’organisation des Nations Unies demande à la France, qui est la puissance administrant, de démarrer le processus de décolonisation et d’autodétermination…

Justement, ce déplacement à Paris aurait pu être une occasion pour en parler avec le président Macron…

Je sais comment cela se passe. C’est pour servir de pot de fleurs. Je veux bien le rencontrer mais pour parler de quelque chose de bien précis. Ce processus d’autodétermination, la France ne le respecte pas. Cela fait déjà cinq ans ! Voilà une occasion pour discuter de choses sérieuses…

Cette feuille de route, vous en pensez quoi ?

Cette feuille de route nous l’avons examiné. Ce n’est ni plus ni moins un contrat de projets. Nous en avons déjà vécu. Il y a eu plusieurs dizaines de projets qui ont été proposés par le Pays. Huit ont été retenus mais on ne voit pas grand-chose.

Pourtant il y a eu une consultation menée depuis septembre 2017…

Oui, ils ne sont pas venus à Faa’a hein ! Ce sont des mini-projets qui ne mènent à rien. Il y a deux grandes décisions à prendre dans ce pays si on veut développer ce pays comme il faut. Il faut déjà commencer par respecter ce processus d’autodétermination. Les compétences actuellement détenues par l’Etat, ce sont les principaux leviers de commandes qui sont entre les mains de l’Etat. Pour ne citer qu’un exemple : le développement du tourisme dans ce pays.  Nous le savons tous que le principal point de blocage, c’est la délivrance des visas, qui est une compétence de l’Etat… Commencer par ramener cette compétence au Pays. Regardez le Vanuatu ! Il a accédé à son indépendance en 1980. Aujourd’hui, il y a plus de 800 000 touristes qui y vont… Pourquoi aujourd’hui, on n’arrive pas à dépasser difficilement le cap des 180 ?

Dans le rapport de la Chambre territoriale des comptes (CTC) qui vient de sortir : gestion de l’eau, de l’assainissement et des déchets est à nouveau pointée du doigt. Ce sont des problèmes qui ne datent pas d’aujourd’hui. Quand est-ce que vous comptez réagir ?

Vous le dîtes très bien. On nous aurait écouté il y a une trentaine d’années, il n’y aurait plus de dépotoir à Faa’a. Avec une société, il était question de construire une usine d’incinération à Faa’a avec récupération de l’énergie. Et qui s’est mis au travers de ce projet ? C’est l’Etat ! On n’a toujours pas trouvé de solutions qu’il faut. On a mis en place Paihoro… Rendez-vous compte si la commune de Faa’a avait envoyé ses tonnes de déchets à Paihoro, il y a longtemps que Paihoro serait fermé.

Vous ne comptez donc pas fermer cette décharge comme le préconise la CTC ?

Je veux d’abord remercier le premier tāvana de Faa’a. Nos parents qui ont été dans le conseil municipal. Ce sont ces personnes-là qui ont donné l’autorisation à la commune de Faa’a d’envoyer les déchets, là où ils sont actuellement. C’est la commune qui a investi pour pouvoir envoyer les déchets de toute la population de Faa’a.

Que dîtes-vous des risques de pollution ?

Il y a des tests qui ont été faits. Il n’y a aucun risque de pollution de la nappe phréatique.

Mais pour les hommes…

Nous sommes habitués à éteindre le feu dans ce dépotoir.

La santé des hommes ne vous préoccupe pas…

Je pense qu’il vaut mieux parler de solution. D’ici quelques temps, nous allons faire des essais. Des machines qui vont arriver à Faa’a. On verra si on peut utiliser cette nouvelle technique de traitement des déchets. Cela, on le savait déjà quand on a mis en place Paihoro.

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