Vidéo – Oscar Temaru : «Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas…»

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Publié le 25/04/2018 à 8:37 - Mise à jour le 15/06/2019 à 2:52

Est-ce que vous avez tenté d’approcher les petites formations pour le deuxième tour ?

Je voudrais répondre à Monsieur Bouissou. Monsieur le ministre est un fin démagogue, un fieffé menteur puisqu’il n’y a jamais eu d’alliance. Il faut que les gens se rendent compte : la politique est un combat d’idées, pas un combat de coqs.  Nous avons dit qu’on n’allait pas s’allier avec qui que ce soit. Il y a deux mois, j’ai été invité par le syndicat pour la promotion des communes à Pirae où il y avait également le président du gouvernement et ses ministres. Je sais ce qu’il y avait derrière tout ça : une possible adhésion au Tapura. Je leur ai fait comprendre le combat que nous menions depuis une quarantaine d’années. Le droit international reconnu à tous les peuples : à l’autodétermination, à la souveraineté du peuple mā’ohi quand on sait que nous avons un pays soi-disant autonome alors que les élections dépendent de décisions qui viennent de Paris. C’est Paris qui décide à quelle heure on peut aller manger, à quelle heure on peut aller dormir […]

Pourquoi avoir décidé de rencontrer Gaston Flosse alors que vous avez mené votre campagne sur la probité des élus ? C’est un peu contradictoire…

Il faut que les gens se rencontrent… Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas.

Quel était votre objectif ? Comment se sont passées les négociations ?

J’ai rencontré Jean-Christophe Bouissou, j’ai rencontré Edouard Fritch. Il faut que les gens se rencontrent…

C’était de la politesse tout simplement ?

Il faut se rencontrer et partager. Si on n’a pas d’idée, on ne doit pas se rencontrer. Nous avons des valeurs, nous sommes dépositaires de ce droit à l’autodétermination et nous sommes là pour le défendre…

Selon Gaston Flosse, ce qui a achoppé, c’est la question de l’indépendance. Est-ce que vous le confirmez ?

On a parlé que d’un seul thème. Il y a tellement d’oppositions dans nos idées. Je prends par exemple, le droit à l’autodétermination : ça c’est un droit sacré. Ensuite, la protection de l’emploi local : personne n’en parle sinon le Tavini. L’officialisation de notre langue ma’ohi et là, ils ne sont pas d’accord. Il y a le problème du développement économique de notre pays, la monnaie, comment voulez-vous sereinement développer un pays quand on ne maîtrise pas sa monnaie ?

Est-ce que ne vous craignez pas d’avoir perdu un peu de votre électorat après cette rencontre avec Gaston Flosse ?

Je ne pense pas du tout. Au contraire. Si je peux, je fais appel à tous ceux qui ne sont pas venus voter. Je compte sur eux pour renverser la vapeur.

Vous êtes troisième au 1er tour. C’est un score moins bon qu’en 2013 avec l’UPLD (Union pour la démocratie). Est-ce que le désir d’indépendance perd du terrain, selon vous, en Polynésie ?

Je ne sais pas qui vous donne ces informations. Nous avons bien au contraire 1000 voix de plus que par rapport à 2013. Cette fois-ci, c’est le Tavini tout seul. (NDLR : lire l’encadré ci-dessous).

Est-ce que le fait d’avoir changé de nom a fait évoluer cette situation ?

Le Tavini a toujours été le moteur de cette organisation parce qu’il n’y a pas de démocratie dans un pays sous tutelle…

Avez-vous rencontré les petites formations dans cet entre-deux tours ?

J’ai rencontré Monsieur Marcel Tuihani dimanche soir qui m’a tout simplement dit à l’oreille : je suis plus proche des Bleus que des deux autres.

Quel est le mot d’ordre ?

Beaucoup sont restés chez eux parce qu’ils savaient qu’il y aurait un deuxième tour […]. Le mot d’ordre c’est : pensez à l’avenir, pensez à l’avenir de ce pays pour les futures générations… 

Mauvais calculs ?

 « 1000 voix de plus » par rapport au premier tour de 2013 assure Oscar Temaru : pas tout à fait. En 2013, au premier tour, l’UPLD, la liste menée par le leader indépendantiste, a recueilli 30 783 voix contre 25 891 au premier tour de 2018, pour l’ensemble de la Polynésie.

A Faa’a, le score du Tavini a quelque peu augmenté. En 2013, 4 761 personnes avaient voté pour l’UPLD. Cette année, elles étaient 5 143 à glisser un bulletin bleu ciel dans l’urne.
 

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