Un an après les législatives, premier bilan des députés polynésiens

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Moetai Brotherson a quitté ce mardi les bancs de l’Assemblée nationale pour se consacrer à son mandat de président de la Polynésie. L'occasion de revenir sur l'année écoulée des députés du Tavini à Paris, entre gestion des Territoriales, opposition parlementaire, et relations Pays-État.

Publié le 07/06/2023 à 17:07 - Mise à jour le 08/06/2023 à 9:40

Moetai Brotherson a quitté ce mardi les bancs de l’Assemblée nationale pour se consacrer à son mandat de président de la Polynésie. L'occasion de revenir sur l'année écoulée des députés du Tavini à Paris, entre gestion des Territoriales, opposition parlementaire, et relations Pays-État.


Il est sorti par la grande porte du palais Bourbon. Ce mardi, Moetai Brotherson a enfilé une dernière fois son costume de député pour enfiler, pendant 5 ans, celui de président de la Polynésie française. « Je me suis donné à fond pendant toutes ces années, souffle celui qui avait été élu député en 2017, réélu en 2022. Mes collègues parlementaires ont reconnu le travail effectué » .

« La rupture entre l’État et la Polynésie par l’élection de trois députés indépendantistes n’a pas eu lieu, analyse Tematai Le Gayic, député de la 1ere circonscription de la Polynésie française. On l’a vu dans le discours de félicitations et de remerciements de la première Ministre Mme Borne » . La cheffe du gouvernement avait salué en Moetai Brotherson « un opposant ferme » mais « profondément respectueux et attaché au débat démocratique« .

Selon le site « nos-députés.fr », qui scrute l’activité parlementaire, les points forts de celui qui a représenté la 3ème circonscription pendant un an sont les propositions de lois écrites, signées, et les questions orales. Moetai Brotherson se classe parmi les 150 députés les plus actifs sur ces points.

Steve Chailloux et Tematai Legayic, élus députés aux côtés de Moetai Brotherson le 19 juin dernier, se distinguent sur le volume des propositions de lois signées, les amendements rédigés et les interventions longues dans l’hémicycle pour le benjamin de l’Assemblée. Le nombre de semaines de présence est de 14 et 16 pour les représentants des deux premières circonscriptions. Plus ou moins autant que les autres élus du Pacifique, mais loin derrière les autres ultramarins.

« On a réussi à se faire une place dans cette Assemblée et dans les différents ministères » , nuance Tematai Le Gayic. Pour rappel, le gouvernement d’Élisabeth Borne n’a pas la majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Une situation « exceptionnelle » , glisse le député de la 2e circonscription Steve Chailloux, qui partage le constat de nombreuses « tensions » au palais Bourbon depuis plus d’un an. « L’utilisation du 49-3 de manière abusive par le gouvernement central fait que le Parlement est court-circuité et ne joue pas son rôle, à savoir voter les lois » .

Le spectre de la réforme des retraites

Il faut dire que le conflit social lié à la réforme des retraites, dont la dernière démonstration a eu lieu ce mardi 6 juin partout en France, a cristallisé les oppositions. « Le pays est coincé autour de ce sujet clivant, poursuit M. Chailloux. Les sujets tels que le retour des fonctionnaires d’État polynésiens, ou de l’Indemnité temporaire de retraite (ITR) ont en effet été repoussés sur l’agenda de l’exécutif. Moetai Brotherson a fait de ce dernier point une priorité lors de sa rencontre avec le ministre des Outre-mer Gérald Darmanin, également ce mardi.

« Quand nous sommes élus, nous retirons un peu nos casquettes militantes pour faire avancer les dossiers du quotidien Polynésien, continue M. Chailloux. Ce qui préoccupe principalement notre population aujourd’hui, c’est la cherté de la vie. Nous sommes principalement attelés à ces sujets-là, de manière urgente » .

Quid de l’assiduité des députés ultramarins

Les députés polynésiens sont de facto moins présents que leurs homologues métropolitains dans les murs de l’Assemblée. Moetai Brotherson figure ainsi parmi les 150 députés les moins bien classés pour la présence en séance et en commission.

Outre les 22 heures de vol qui séparent Papeete de Paris, Tematai Le Gayic retient « les raisons statutaires » : « L’essentiel des pouvoirs en Polynésie, que ce soit Santé, Logement, Économie, sont des compétences territoriales. On laisse la France et les parlementaires française décider de leur quotidien« .

Possibilité pour compenser cet éloignement, la « digitalisation du travail parlementaire à distance« , suggère M. Brotherson. Les députés Polynésiens bénéficient en tout cas de l’équivalent de 16 trajets en classe affaire entre Paris et le fenua.

De son côté, Steve Chailloux rappelle que la campagne électorale du Tavini pour les Territoriales nécessitait la mobilisation de tous les élus bleu ciel. « Nous n’avons pas le don d’ubiquité, a-t-il souri. Nous devions gagner cette campagne. Dans l’ordre de nos priorités, c’était de gagner les Territoriales« .

Moetai Brotherson quittera aussi la tête de la délégation aux Outre-mer, composée de 54 députés, dont les 27 députés élus outre-mer qui sont tous membres de droit. « J’espère que celui ou celle qui me succèdera gardera l’esprit d’ouverture, non partisan qui m’a animé dans la gouvernance de la délégation, a-t-il ajouté. J’ai essayé de tisser des liens avec les autres délégations, que ce soit celle du Sénat ou de la conférence des bâtonniers. Il faut continuer cela » .

Au palais Bourbon, Moetai Brotherson sera remplacé par Mereana Reid Arbelot. La nouvelle députée prendra ses fonctions ce vendredi.

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