Teva Rohfritsch : « La division des autonomistes a été source de défaite électorale »

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Le sénateur Teva Rohfritsch était l’invité des journaux de TNTV, jeudi soir, alors qu’une tentative de rapprochement entre les différents partis autonomistes est en cours. « La division a été source de défaite électorale » a estimé l’ancien vice-président de Polynésie. « C’est notre responsabilité d’hommes politiques, et surtout d’amoureux de notre pays, d’essayer de proposer une offre politique qui puisse être renouvelée », a-t-il ajouté. Interview.

Publié le 12/01/2024 à 10:10 - Mise à jour le 12/01/2024 à 10:17

Le sénateur Teva Rohfritsch était l’invité des journaux de TNTV, jeudi soir, alors qu’une tentative de rapprochement entre les différents partis autonomistes est en cours. « La division a été source de défaite électorale » a estimé l’ancien vice-président de Polynésie. « C’est notre responsabilité d’hommes politiques, et surtout d’amoureux de notre pays, d’essayer de proposer une offre politique qui puisse être renouvelée », a-t-il ajouté. Interview.

TNTV : Les autonomistes commencent à se rapprocher. On parle d’une plateforme commune. Vous avez été contacté pour en faire partie. Où en sont les discussions ?

Teva Rohfritsch : « Ce sont les premières discussions. Je veux rassurer Nuihau Laurey, il n’y a pas eu de négociations dans son dos. Il y a eu une prise de contact. Nous souhaitons tenter, en tout cas, de réunir ces différents partis autonomistes parce que, contrairement à ce qui a été dit, la défaite n’a pas été cuisante. C’est la division du camp autonomiste qui a fait que nous ne soyons pas, aujourd’hui, au gouvernement de ce Pays. Globalement, il y a eu plus d’électeurs qui ont voté pour les partis autonomistes. Nous reconnaissons bien entendu la victoire du Tavini Huiraatia, mais, néanmoins, nous avons aussi constaté que la division a été source de défaite électorale. C’est de notre responsabilité de tenter ce rassemblement, de voir ce qui peut nous unir, nous rassembler, sans oublier les différences des uns et des autres. Le pays associé évoqué par Gaston Flosse ne fait pas aujourd’hui partie de la plateforme. C’est le projet du Amuitahira’a que propose Gaston Flosse mais personne n’a dit que c’était validé ».

TNTV : Pensez-vous que s’unir suffira à rétablir la confiance des électeurs vis-à-vis des partis autonomistes ?

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Teva Rohfritsch : « Non. Absolument pas. Il faut, au-delà de simplement dire qu’on s’est reconciliés et qu’on se reparle, ça a été mon mot d’ordre et c’est ce que j’ai indiqué lors de cette première réunion, il faut d’abord, travailler sur un projet, sur le contenu de ce que portera cette plateforme. On regarde notamment l’évolution de la Constitution qui pourra avoir lieu pour le sujet calédonien. Que vont proposer les autonomistes ? Comment est-ce qu’on peut améliorer notre statut, mieux travailler avec l’État, simplifier et optimiser les modes de financement, comment est-ce qu’on peut davantage libérer notre économie, faire en sorte qu’on puisse soutenir l’activité économique en se libérant, peut-être, de quelques carcans qu’il y a encore aujourd’hui. Il y a un vrai travail de fond à réaliser. Et on sera meilleurs si on est unis. C’est en tout cas ce que nous tentons de faire. Nous verrons si nous y arriverons ».

TNTV : Vous semblez de nouveau vous rapprocher du Tapura Huiraatira dont vous avez démissionné en 2022. Avec un peu de recul, est-ce un choix que vous regrettez ?

Teva Rohfritsch : « Non, parce que malheureusement, nous n’étions plus d’accord sur la manière de gouverner. Ce sont plus des questions de formes, et des choix qui ont été faits. On se souvient des épisodes malheureux pendant le Covid et je ne vais pas revenir là-dessus. Il y a eu une sanction de la population sur le sujet. J’avais essayé, en interne, de prévenir, d’alerter, et de prendre des décisions qui n’ont pas été suivies. Je le respecte. Il y a un président de ce parti qui a pris d’autres décisions. A ce moment-là, nous n’étions plus d’accord ».

TNTV : Les choses ont changé aujourd’hui….

Teva Rohfritsch : « On ne va pas refaire le passé et on ne peut pas passer sa vie à regarder dans le rétroviseur. Par contre, les électeurs ont choisi majoritairement le camp autonomiste, mais de manière divisée. Il nous faut, à mon sens, proposer quelque chose pour les Européennes, voire plus tard. On verra si on y arrive. Mais c’est notre responsabilité d’hommes politiques et surtout d’amoureux de notre pays, d’essayer de proposer une offre politique qui puisse être renouvelée. Et proposer aussi de nouveaux visages. C’est en tout cas tout le challenge qui est devant nous avec le Tapura, avec le Amuitahira’a et j’espère aussi avec Nicole Sanquer et Nuihau Laurey qui, je l’espère, rejoindront ces discussions, au moins ».

TNTV : Vous avez créé le Ia Ora te Nuna’a avec Nicole Bouteau, fin 2022. Aujourd’hui, où en est-il ?

 Teva Rohfritsch : « Le parti continue de travailler. On n’en entend plus parler, car il n’y a plus d’élections. Nous n’avons pas pu accéder au second tour. Il faut dire que nous sommes partis un peu tard puisque nous avions cofondé le Tapura et nous en sommes sortis bien malheureusement, faute d’accord. Mais nous avons aussi engagé beaucoup de jeunes. Nous n’étions que 4 anciens. Tout le reste de la liste était composé de jeunes visages, de moins jeunes, mais en tout cas nouveaux en politique. Nous souhaitons pousser ce renouvèlement en politique. Et ça continuera avec Ia Ora te Nuna’a, bien sûr ».

TNTV : Concernant votre avenir, cela fait quasiment 20 ans que vous êtes en politique. Comment comptez-vous poursuivre votre carrière ? Entendez-vous vous présenter de nouveau aux élections sénatoriales ?

Teva Rohfritsch : « On verra. Ce sera aux électeurs d’en décider. Cela fait 20 ans. Je n’ai que 48 ans aujourd’hui. En même temps, on ne peut pas s’improviser à la direction du pays, on ne peut pas s’improviser pour diriger la Polynésie française. On le voit aujourd’hui, il y a quelques difficultés. Le jeunisme, c’est bien, la nouveauté, c’est bien, mais encore fait-il, lorsqu’on est aux commandes, pouvoir rapidement travailler et mettre en œuvre les réformes qui ont été annoncées. On va dire qu’il y a eu 20 ans de formation. Je suis prêt à servir encore la Polynésie à la place qui me sera donnée, si les électeurs le souhaitent, bien étendu ».

TNTV : Vous êtes sénateur et assez effacé de la scène politique locale. C’est un choix de votre part d’œuvrer avant tout au niveau national ?

Teva Rohfritsch : « Je suis sénateur, donc je travaille à Paris. Je suis la plupart du temps à Paris parce que les grands électeurs ont souhaité que j’occupe ce mandat. J’essaye de le faire du mieux que je peux comme chaque mandat que j’ai pu avoir. Lorsque j’étais vice-président de Polynésie, je me suis donné à fond. Aujourd’hui, au Sénat, je suis à fond dans toutes les commissions. En matière financière, car c’est le domaine qui m’a été confié, mais également à la Délégation aux Outre-mers et sur tous les sujets qui intéressent le fenua. C’est-à-dire que je me bats à Paris, mais pour mon fenua, pour notre population. Ce n’est pas loin des yeux, loin du cœur, bien au contraire. Plus je vais loin, plus mon cœur bat pour la Polynésie. Ça, jamais, on ne me l’enlèvera ».

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