Sénatoriales : Nuihau Laurey veut réorganiser les relations financières entre le Pays, l’Etat et les communes

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Nuihau Laurey est l'un des deux sénateurs sortants de l'élection qui se tiendra ce dimanche 27 septembre. Il souhaite proposer une nouvelle manière d'aborder les relations financières entre le Pays, l'Etat et les communes ; et apporter des aménagements au Code général des collectivités territoriales (CGCT).

Publié le 21/09/2020 à 10:55 - Mise à jour le 22/09/2020 à 9:42

Nuihau Laurey est l'un des deux sénateurs sortants de l'élection qui se tiendra ce dimanche 27 septembre. Il souhaite proposer une nouvelle manière d'aborder les relations financières entre le Pays, l'Etat et les communes ; et apporter des aménagements au Code général des collectivités territoriales (CGCT).

Qu’est-ce qui vous a motivé à briguer un second mandat ?
« Avec Sylviane Terooatea, avec qui je me présente, nous considérons que cette crise économique, sociale et sanitaire qui nous touche va altérer de manière durable et profonde les relations financières entre l’Etat, les communes et le Pays. Et de ce fait, nous souhaitons proposer une nouvelle manière d’aborder cette relation financière au travers d’abord d’une loi de Pays que nous souhaitons présenter à l’assemblée de la Polynésie française pour un meilleur développement économique, un développement économique plus harmonieux des archipels, avec la définition de critères objectifs permettant une allocation plus équitable des ressources financières que dispense le Pays chaque année. Et nous souhaitons dans un deuxième temps solliciter l’Etat au travers de la continuité territoriale intérieure, parce que nous sommes un territoire océanique aussi grand que l’Europe et cette richesse qui fait de la France la deuxième puissance maritime au monde constitue pour nous des handicaps économiques en termes de dispersion, en termes de difficulté d’accès au service public. C’est par le biais d’un dispositif me semble-t-il comme celui-là que nous pourrons rééquilibrer ces relations financières. »

Il est facile de se faire entendre au Sénat quand on vient d’un aussi petit territoire ?
« Absolument. Nous sommes que deux sénateurs polynésiens sur 348, ça fait 0,5% des parlementaires au Sénat. C’est la raison pour laquelle il faut prouver à l’Etat que nous sommes capables, dans ce contexte économique difficile, de nous organiser et de proposer surtout une nouvelle manière d’organiser ces relations entre le Pays, l’Etat et les communes. Nous disons cela parce qu’il y a, et c’est quelque chose qui existe depuis très longtemps, une forme de domination économique du gouvernement et du président sur l’allocation des subventions aux communes. Et nous pensons que c’est en définissant des critères objectifs de taille, de population, de difficulté d’accès par voie maritime et aérienne… »

Réformer justement le CGCT, ça fait partie de votre programme…
« C’est le deuxième sujet que nous voulons traiter aussi. C’est un code qui est complexe, qui impose des investissements massifs aux communes qui n’en ont pas les moyens. Et nous souhaitons qu’il y ait une vraie réflexion de fond sur ce CGCT en disant qu’il y a deux voies possibles. La première voie est celle qui est suivie depuis de nombreuses années avec des aménagements progressifs de ce code. Et une deuxième voie que nous préconisons, dans laquelle nous proposerons une réforme complète de ce CGCT qui serait plus local, un petit peu à l’instar de la Nouvelle-Calédonie. »

Vous voulez également augmenter le fonds intercommunal de péréquation de 17 à 20%. Comment le financer ?
« Nous le disons parce que le Pays a indiqué lui-même dans son collectif budgétaire que les ressources fiscales allaient baisser de 15 milliards, et il est nécessaire que les communes investissent, et le seul moyen pour ces communes d’investir sans avoir les difficultés auxquelles elles auront droit si le FIP baisse effectivement, c’est une réévaluation du FIP en prenant sur le budget du Pays. Mais comme nous l’avons dit à l’assemblée, ce n’est pas le Pays qui perd finalement, c’est l’ensemble de la collectivité qui gagne en ayant la possibilité d’investir massivement. »

Vous briguez un second mandat, mais cette fois-ci sans le soutien de la majorité. Comment faire pour s’imposer dans une telle élection sans l’appui d’un parti tout en sachant que ce sont les grands électeurs qui votent ?
« Nous comptons sur la liberté de vote des grands électeurs. Et c’est vrai que certains maires ont donné la liberté de vote à leurs délégués en considérant que ce sont des adultes et qu’ils étaient capables d’entendre des propositions d’où qu’elles viennent et de prendre leur décision. C’est vrai qu’on a en face de nous une équipe qui est ardemment soutenue par le gouvernement et le président, qui fait campagne quasiment quotidiennement. Et je vous le dit très clairement, beaucoup auraient préféré que le président passe autant de temps à essayer de trouver des solutions à notre crise, que de passer ses journées et ses soirées en campagne. »

Vous espériez également avoir le soutien du Tavini. Oscar Temaru a finalement présenté sa candidature à ces élections. Ça complique un peu les choses ?
« C’est tout à fait normal que le Tavini présente sa candidature. Le Tavini n’est pas là pour soutenir des candidats autonomes quels qu’ils soient. On a eu de longues discussions avec Oscar Temaru et c’est vrai qu’on partage un certain nombre de points de vue sur le fait que notre statut d’autonomie arrive à ses limites. »

Finalement vous vous situez où ? autonomiste ? indépendantiste ?
« Autonomiste, mais je pense qu’il faut aussi considérer que l’évolution institutionnelle n’est pas un sujet tabou. Tout le monde le sait, la Calédonie va devoir voter le 4 octobre prochain et choisir son destin. Et nous, on ne peut pas rester à l’écart de cette réflexion. Je pense que ce n’est ni un homme, ni un parti politique qui va choisir que la Polynésie devienne indépendante, mais il faut que chacun s’engage dans cette réflexion. Ce n’est pas un sujet tabou. »

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