Ce n’est pas la première fois que vous vous lancez dans la course aux sénatoriales. Qu’est-ce qui vous motive autant à vous présenter ?
« Si je m’intéresse autant au Sénat, c’est parce que c’est dans cette institution que vont se décider, dans les années qui viennent, les façons dont vont s’organiser les relations entre l’Etat français et la Polynésie française, mais aussi les relations entre le Pays, la Polynésie française, et les communes. En ce qui concerne les relations entre l’Etat et la Polynésie, à l’occasion des débats qui auront forcément lieu, de réforme de la constitution du fait du dossier Calédonien, on aura l’occasion avec nos amis sénateurs de Nouvelle-Calédonie, de plaider pour que la France accepte de réintroduire dans la constitution, des articles qui existaient dans la Constitution de 46 et de 58, et qui permettaient aux collectivités ultra-marines et notamment celles du Pacifique, de rester au sein de la République française, avec des citoyens à part entière, membres de la République française, mais qui auraient été liés à cette République, en ayant que les matières régaliennes, c’est-à-dire la défense, la justice, la monnaie, qui restent de compétence d’Etat, et la totalité des autres matières qui soient effectivement de compétence locale. Vous me direz « on a déjà ces compétences économiques, sociales etc. » mais en fait, pas vraiment puisqu’avec le statut de 2004, par exemple on est compétents en matière d’éducation et de culture, mais la seule langue officielle en Polynésie est le français. Alors que si on avait une véritable autonomie, comme le permettrait cette réforme constitutionnelle, avec ces articles de l’Union française, eh bien, toutes les langues de Polynésie pourraient devenir des langues officielles dans chaque archipel. Et on pourrait également faire en sorte que les enfants puissent entrer à l’école en maternelle, dans leur langue maternelle, ce qui est reconnu comme un élément absolument fondamental, pour leur permettre de construire leur identité, à la fois de Polynésien et de Français. »
Dans votre programme de campagne, vous voulez aussi une réforme de la CGCT. Vous voulez qu’on entende les tavana…
« Oui. C’est le deuxième volet que j’évoquai : c’est l’évolution des relations entre le Pays, l’Etat, et les communes. Depuis le statut de 2004 notamment, on s’aperçoit qu’en Polynésie française, les communes sont sous la tutelle absolue du couple Etat-Pays. En fait, elles ne peuvent strictement rien faire sans demander l’accord du haut-commissaire, du président, du gouvernement… Alors que dans les faits, il y a énormément de bonnes initiatives et de souhaits de ces communes et également des archipels constitués en communautés de communes, de pouvoir réfléchir à comment ils vont développer eux-mêmes leurs communes, avec leurs populations, ou leurs archipels. Hors, dans le cadre de l’organisation actuelle, ils ne peuvent pas. Par exemple, s’ils veulent faire des investissements, ils sont quasiment systématiquement obligés d’aller demander autorisations, subventions, à la présidence. ce que moi je souhaite défendre, c’est de que les tavana demandent depuis 10 ans en fait. C’est l’autonomie des communes par rapport au Pays. Ce qu’on appelle sous la dénomination « clause de compétences générales ». Mais également, c’est ce que les tavana réclament, en matière d’application du CGCT. On applique actuellement le CGCT tel qu’il a été défini pour la France, on a fait copier coller. Hors, par exemple pour l’eau, c’est complètement stupide de demander dans les communes de Polynésie, d’amener 100% d’eau potable à tous les ménages, alors qu’on a des solutions historiques. Ou si on récupère l’eau de pluie et qu’on la stocke. Eh ben c’est beaucoup plus économique, beaucoup plus écologique. Donc on veut pouvoir, par la loi, permettre qu’il y ai vraiment une différenciation totale, une autonomie totale de gestion de ces règles. »