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Sébastien Lecornu ouvre la voie vers une réparation du fait nucléaire

Cette table ronde visait à préparer celle prévue à Paris, fin juin - Crédit Tahiti Nui Télévision

Sébastien Lecornu en Polynésie : ses déclarations sur le nucléaire

Les adversaires historiques du fait nucléaire n’ont qu’une confiance très limitée en la parole de l’Etat. Mais lundi soir à la Présidence, chacun a fait un petit pas, même timide, pour mieux se comprendre.

Pour crever les abcès, d’abord : sur la santé, sur l’environnement, sur la « propagande d’Etat » dénoncée par Edouard Fritch : tout cela doit être abordée lors de la table ronde présidée par Emmanuel Macron, fin juin à Paris. Sans tabu. L’Etat se dit « prêt à assumer ».

Mais il faut regarder l’Histoire en face, précise aussitôt le ministre des Outre-mer : « Ce n’est pas l’Etat seul qui a imposé le CEP au Territoire : il y a aussi un Territoire qui l’a accueilli pendant des années avec des élus qui ont participé à un certain nombre d’échanges et de travaux. Donc si on veut faire la Vérité, il faut faire les vérités, au pluriel, et les vérités, c’est aussi l’impact qu’a eu le CEP sur l’ensemble de la Polynésie, y compris sur les questions d’aménagement, sur les questions financières. C’est une des thèses d’ailleurs du livre Toxique, de dire que beaucoup d’argent ici a circulé. Il ne faut pas avoir peur d’un débat sur l’ensemble de ces questions »

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Le ministre des Outre-mer a aussi annoncé le nom du coordonnateur de la table ronde pour l’Etat : ce sera le préfet Alain Rousseau. Côté Pays, ce sera l’entrepreneur Joël Allain. « Et ce sera le Pays qui choisira les participants » a précisé Edouard Fritch.

Sébastien Lecornu a aussi souhaité plus d’humanité dans le traitement des victimes. « Quand une personne est malade, on doit, dans une société qui se veut fraternelle et solidaire, accueillir cette personne malade avec beaucoup plus de délicatesse et de bienveillance et on ne peut pas être dans une approche purement administrative ou technique ».

Le ministre des Outre-mer n’a enfin pas exclu la déclassification de documents secret-défense. Cette demande sera abordée lors de la table ronde à Paris. Il a invité les associations à s’y rendre, même si certains de leurs représentants, comme Hiro Tefaarere de Moruroa e tatou, ont déjà annoncé qu’ils refuseraient. Tout comme le Tavini, qui souhaite une table ronde à Tahiti et l’arbitrage de l’ONU.

Les opposants historiques au nucléaire attendent aussi un pardon, a prévenu Moetai Brotherson : « A minima j’attends deux gestes forts. Le premier c’est une demande de pardon, qu’on a toujours pas eue. Ça pour moi, c’est important. Si monsieur le Président de la République vient en août ou en juillet et qu’il ne fait pas ce geste-là, il sera venu pour rien. Ça, c’est mon avis personnel. J’attends une deuxième chose, c’est la dimension environnementale qui aujourd’hui est inexistante du mécanisme d’indemnisation. Je pense qu’il ne faut pas attendre que Moruroa s’effondre pour se poser la question : est-ce qu’on aurait dû, est-ce qu’on aurait pu ? »

Un peu plus tôt lundi, Sébastien Lecornu avait rencontré les représentants religieux. L’Eglise protestante maohi préfèrerait que la table ronde sur le nucléaire se tienne en Polynésie plutôt qu’en métropole. Le ministre leur a répondu: « Je me méfie toujours des prétextes de forme. Moi je suis en Polynésie. Je vais les voir. Je crois que je suis disponible. Le président lui-même va venir au mois de juillet. On ne peut pas dire qu’on n’est pas là. Et je le redis : sur les essais nucléaires, vous avez un Président de la République qui a une quarantaine d’années et votre serviteur ministre des Outre-mer a 34 ans. J’avais 10 ans lors du dernier essai. On va aussi aborder ce dossier avec beaucoup de calme et avec un engagement qui est un engagement de vérité. Il n’y a pas de sujet tabou et il n’y a aucune question que j’ai envie de balayer d’un revers de main. Aucune. En revanche, on le sait très bien aussi, tenir cette rencontre à Paris, c’est aussi une facilité pour avoir le plus grand nombre possible. Il faut aussi intéresser les députés, les sénateurs. C’est une démocratie la France. On a quand même besoin d’associer le Parlement. D’avoir aussi le plus large nombre d’experts parce que ce livre, Toxique, pose des questions qui sont éminemment techniques. Pardon, moi je ne suis pas atomicien donc je pense aussi qu’on a besoin d’avoir une confrontation intellectuelle, scientifique, qui soit rigoureuse et sérieuse. Et le faire à Paris c’est évidemment cette assurance-là. Le président de la République sûrement participera à ces journées de tables rondes sur cette question des essais nucléaires. Et de toute façon il y reviendra ici en Polynésie. On montre de la disponibilité, de l’engagement sur ce dossier. Donc pas de prétexte de forme. »

« Hier, j’ai passé mon dimanche à Moruroa parce que je considérais que pour tenir cette table ronde cet après-midi, il faut parler de ce qu’on a vu, de ce qu’on connaît. Parler de Telsite ou de surveillance de la géologie du site sans forcément avoir vu de quoi il s’agit. (…) On ne peut pas parler aussi de la protection du site sans avoir vu le détachement militaire qui le protège. Cela comprend aussi la question de l’après essai nucléaire sur l’atoll, notamment comment la nature a pu reprendre ses droits (…) Je tenais à prendre cette longue journée pour voir de quoi il s’agissait. Quand j’ai posé la question au haut-commissaire ‘quel était le dernier membre du gouvernement qui s’est rendu sur le site du CEP, j’ai cru comprendre qu’il s’agissait de Paul Quilès lorsqu’il était ministre des Armées. On va encore vérifier ce point parce que je n’en crois pas mes oreilles. En clair il n’y a pratiquement pas eu de visite ministérielle sur le site pour aller traiter là où les choses se sont passées et comprendre ce qui se fait. (…) C’est un sujet qui est trop grave, trop sérieux pour qu’on le réduise à un slogan ou à une facilité. En tout cas je m’y refuserai » a-t-il conclu.

Avant la rencontre sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie française prévue cet après-midi à Papeete, je…

Publiée par Sébastien Lecornu sur Lundi 10 mai 2021
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