Santé mentale à l’école : « le sujet est trop grave pour en faire un sujet de polémique », selon Christelle Lehartel

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Dans le cadre de la session budgétaire ce jeudi matin à l'Assemblée, Sylviane Terooatea a interrogé la Ministre de l'Éducation Christelle Lehartel au sujet de la prise en charge de psychologues professionnels pour tous les établissements scolaires. Cette dernière a souligné l'existence des dispositifs œuvrant pour le bien-être des élèves à l'école, et rappelé la nécessaire coopération entre personnels, institutions et tissu associatif pour progresser dans la prise en charge des jeunes à l'école.

Publié le 13/10/2022 à 16:08 - Mise à jour le 13/10/2022 à 16:18

Dans le cadre de la session budgétaire ce jeudi matin à l'Assemblée, Sylviane Terooatea a interrogé la Ministre de l'Éducation Christelle Lehartel au sujet de la prise en charge de psychologues professionnels pour tous les établissements scolaires. Cette dernière a souligné l'existence des dispositifs œuvrant pour le bien-être des élèves à l'école, et rappelé la nécessaire coopération entre personnels, institutions et tissu associatif pour progresser dans la prise en charge des jeunes à l'école.

Sylviane Terooatea, représentante A Here Ia Porinetia à l’assemblée de la Polynésie française : « L’actualité nous rappelle, au travers d’événements dramatiques, l’urgence à reconsidérer l’importance du rôle des psychologues dans la prise en charge de la santé mentale de nos jeunes au sein des établissements scolaires, publics comme privés […].

Madame la ministre de l’Éducation, comme vous l’avez évoqué dans la presse hier, cet événement est dramatique et doit s’interpréter comme un éléctrochoc qui nécessite une réaction à la hauteur des enjeux qui s’élèvent en matière de prise en charge de la santé mentale de la population en souffrance […]. Je souhaite vous interpeler sur le manque de personnel disponible pour garantir le suivi et l’accompagnement des enfants en souffrance. Les professeurs ne sont pas des personnels, et ne peuvent décrypter toutes les attitudes positives et négatives, et savoir alerter toujours quand il le faut […].

Pouvez vous nous indiquer le nombre de psychologues dont dispose chaque établissement scolaire et quelles véritables mesures de prévention comptez-vous déployer au sein de tous les établissements scolaires pour mieux accompagner nos jeunes dans l’acquisition de comportements psycho-sociaux adaptés à l’évolution de leur environnement de vie ?« .

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Sylviane Terooatea, représentante A Here Ia Porinetia à l’assemblée de la Polynésie française (Crédit : Capture Yt AssembleePolynesie)

Dans sa réponse, Christelle Lehartel, Ministre de l’Éducation, a commencé par rappeler le nombre de psychologues de l’éducation présents sur le territoire : « Concernant les effectifs des psychologues de l’éducation nationale dans les écoles, collèges et lycées, 44 Psychologues de l’éducation, fonctionnaires d’état majoritairement polynésiens, sont répartis sur l’ensemble du territoire, une grande majorité intervient massivement sur l’île de Tahiti qui regroupe plus de 75% des élèves scolarisés, tout en ayant des missions dans les archipels éloignés […].

Pour Mme Lehartel, le nombre de psychologues n’est qu’une partie du problème, qui mérite selon elle un traitement au sens large : »il serait illusoire de penser que mettre un psychologue derrière chaque élève réglerait le problème. C’est un sujet qui nécessite une approche plus globale […]. Elle rappelle que deux protocoles liés à deux enjeux ont été mis en place ces derniers mois.

  • Le premier enjeu est de former les personnels éducatifs qu’ils soient enseignants, non enseignants, surveillants, à repérer des élèves en fragilité et potentiellement dangereux pour eux-mêmes pour accélérer leur prise en charge. Le premier protocole, « intervention événements sensibles en milieu scolaire » , prévoit la mise en place immédiate de cellule de crise. « Ce protocole prévoit aussi la mise en œuvre dÉquipe de Ressource Interne de Crise ERIC, le GARI : Groupe d’Appui de Ressource et d’Intervention et l’IDDA : Instance Décisionnelle de Déclenchement d’Action. Ces dispositifs sont pilotés par la DGEE et composés d’experts tels que des psychologues, des infirmières, des assistantes sociales. De la même manière, tous les personnels de direction du 1er et du second degré sont formés ou vont être formés sur la prévention et la gestion de crise » […].
  • Pour la ministre, le deuxième enjeu est d’œuvrer pour améliorer le bien-être des élèves et des personnels à l’école. « Sur ce deuxième enjeu, un séminaire sur le bien -être à l’école est programmé du 7 au 11 novembre. Plus nous favoriserons les conditions du bien-être à l’école, plus nous pourrons mettre les jeunes dans les meilleures conditions de vie et d’apprentissage […]. Parmi les actions qui contribuent à cet objectif, je peux citer la généralisation des PLEI et des WEI pour les jeunes sans correspondant, financés par le Pays à hauteur de plus de 400 millions par an et portés par les associations d’éducation populaire […] ».

Je ne reviendrais pas en détail sur le dispositif « école en santé » porté conjointement avec le ministre en charge de la santé et de la santé […]. Partout où il est déployé dans les 38 écoles et CJA concernés, nous constatons concrètement des indicateurs en progrès (assiduité scolaire, meilleur état de santé, baisse des incivilités…). Une nouvelle campagne de labellisation est prévue cette année.

Des partenariats institutionnels et associatifs à développer

En parallèle, Mme Lehartel a rappelé l’existence du dispositif Margaret’s place qui concerne déjà deux gros lycées (Diadème et de Taravao), ce qui a permis d’affecter des psychologues cliniciennes à plein temps pour 3400 élèves. « Le projet d’ouvrir le même dispositif au collège/lycée de Bora portera à la rentrée 2023 à 4500 les élèves bénéficiant de psychologues à temps plein », a-t-elle ajouté.

« Tous ces dispositifs viennent évidemment compléter les interventions dans les établissements scolaires des partenaires institutionnels et associatifs. Si je ne dois en citer qu’un, c’est évidemment le Fare Tama Hau dont les médecins et les psychologues interviennent régulièrement dans les établissements scolaires qu’ils soient publics ou privés[…].

Le sujet est trop grave pour en faire un sujet de polémique. Je m’attache en tant que ministre en charge de l’éducation à déployer certes des personnels mais aussi des actions, des dispositifs et des partenariats qui visent à améliorer le bien-être des élèves et à garantir leur prise en charge[…]. Malheureusement, il faut en être conscient, avec plus de 50 000 élèves soumis quelquefois à des situations familiales et sociales incompréhensibles, ce n’est pas une science exacte comme l’a démontré l’agression de lundi dernier« .

La réponse complète de Christelle Lehartel :

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