René Bidal recadre Christine Bourne

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Publié le 04/09/2016 à 10:48 - Mise à jour le 04/09/2016 à 10:48

Dans une lettre ouverte, le haut-commissaire René Bidal répond sans détour à Christine Bourne. L’auteure du blog Tahiti Today regrettait il y a peu de ne pas recevoir les communiqués envoyés par le haut-commissariat.  « Ce n’est pas par manque d’humour que je vous ai « blacklistée », comme vous dites, car l’humour est un sel de l’esprit et de la vie que j’aime par-dessus tout, même si en effet, je ne goûterai pas à le partager avec vous. Non, si je vous ai écartée des diffusions du haut- commissariat, c’est tout simplement parce que je vous trouve discourtoise, inutilement acide et que je n’ai jamais trouvé dans vos éditoriaux un quelconque intérêt sinon, peut-être, celui de satisfaire une forme de plaisir égotiste dans lequel l’action des services de l’État ne trouve évidemment pas sa place », écrit René Bidal. 

Le haut-commissaire reproche à Christine Bourne de l’avoir attaqué, « à plusieurs reprises, dans des articles télématiques, sur des sujets que vous méconnaissez et à l’occasion desquels vous vous érigez en donneuse de leçons », écrit-il. 
« En réponse à cette venimeuse habitude j’aurais pu, il est vrai, continuer à observer le silence, comme certains de mes prédécesseurs l’ont fait en traitant vos billets par le mépris. Mais mon avis est contraire, car se taire serait vous persuader que vous disposez d’un pouvoir de nuisance qui, à mes yeux, s’arrête aux limites de votre autosatisfaction », ajoute-t-il.

Christine Bourne n’a pas tardé à répondre sur Tahiti Today. « Dans cette lettre ouverte , ce haut commissaire fait de moi, alors qu’il prétend  le contraire, une nouvelle mouche qui l’énerve, la première n’ayant pas été appréciée. On ne doit jamais montrer, quand on occupe sa fonction, que l’on est touché ! Et ce n’est pas en essayant de me brûler au fer rouge, j’étais là avant lui, et je suis blindée, qu’il croit avoir fait « mouche » !! »

La guerre semble déclarée entre l’auteure du blog Tahiti Today et le représentant de l’Etat en Polynésie. Et Christine Bourne ne s’en cache pas : « Je ne lui plais pas, mais lui non plus ne me plait pas. Les choses sont claires. Dieu merci le ridicule ne tue pas sinon les humoristes passeraient leur temps à mourir et l’auteur de ces lignes  reposerait depuis belle lurette sous des pelletées de terre. Ce qui me fait dire que ce Haut commissaire vivra encore longtemps ! Amen. »

Retrouvez l’intégralité de la lettre du haut-commissaire ci-dessous. 
Et la réponse de Christine Bourne en cliquant ICI

 

Lettre ouverte du haut-commissaire à Madame Christine BOURNE
 
Madame,
 
Sans me connaître et comme vous le faites depuis trop de temps et avec tout le monde, vous avez cru spirituel de m’attaquer, à plusieurs reprises, dans des articles télématiques, sur des sujets que vous méconnaissez et à l’occasion desquels vous vous érigez en donneuse de leçons.
 
En réponse à cette venimeuse habitude j’aurais pu, il est vrai, continuer à observer le silence, comme certains de mes prédécesseurs l’ont fait en traitant vos billets par le mépris. Mais mon avis est contraire, car se taire serait vous persuader que vous disposez d’un pouvoir de nuisance qui, à mes yeux, s’arrête aux limites de votre autosatisfaction.
 
Je vais donc faire ce qu’en trente ans de carrière je n’ai jamais fait : vous écrire cette lettre ouverte afin que ceux qui vous lisent (et les autres) aient une juste compréhension et donc une claire explication de l’acrimonie que, sans que je puisse en douter, vous ne cesserez désormais de me réserver.
 
Pourtant, la vérité ne devrait pas être difficile à lire par vous, Madame, qui vous érigez en redresseuse de consciences ; alors lisez ceci : ce n’est pas par manque d’humour que je vous ai « blacklistée », comme vous dites, car l’humour est un sel de l’esprit et de la vie que j’aime par-dessus tout, même si en effet, je ne goûterai pas à le partager avec vous. Non, si je vous ai écartée des diffusions du haut- commissariat, c’est tout simplement parce que je vous trouve discourtoise, inutilement acide et que je n’ai jamais trouvé dans vos éditoriaux un quelconque intérêt sinon, peut-être, celui de satisfaire une forme de plaisir égotiste dans lequel l’action des services de l’État ne trouve évidemment pas sa place. Il faut choisir, soit on fait du journalisme, soit on fait du spectacle et l’on peut, alors, se détourner de toutes les règles, notamment celle de l’honnêteté intellectuelle.
 
Rassurez-vous Madame, c’est la première fois et la dernière que je vous réponds et que j’évoquerai votre nom. Avant de vous quitter, deux précisions tout de même :
 
– la première ; je suis en effet préfet de la République et fier de servir l’État depuis trente ans. Mais cette condition professionnelle, contrairement à ce que vous laissez entendre, n’est pas incompatible, au contraire et heureusement, avec le plaisir que j’éprouve à travailler en Polynésie Française. Je suis respectueux de ce magnifique territoire, des enjeux qui sont les siens et de la richesse humaine que j’y découvre et que me manifestent de nombreux polynésiens. Je suis résolu à m’y investir pleinement pour y défendre l’intérêt général, au plus proche des institutions du Pays et dans une relation de confiance affirmée et assumée.
 
– la seconde ; le petit déjeuner de presse que j’ai tenu à organiser, le 6 juin, au plus proche de mon arrivée, n’a été raté que pour vous, puisque vous êtes arrivée en retard, alors que tous les autres journalistes étaient présents sans exception et que leurs questions étaient déjà bien engagées autour de la table. Durant le temps de votre présence, vous avez été inutilement provocatrice alors que j’arrivai sur le territoire et vous vous êtes affranchie de la plus élémentaire des politesses.
 
Puisque vous aimez sans cesse parler de mouche, je vous incite à relire « Le Coche et la Mouche » de Jean de La Fontaine ; mais, pour vous éviter tout suspens inutile, je vous écris la morale qui termine cette belle fable : « ainsi certaines gens, faisant les empressés, s’introduisent dans les affaires ; ils font partout les nécessaires et partout importuns devraient être chassés ».
 
Bon courage Madame, épanouissez-vous dans le fiel, il y a des détestations qui honorent ceux à qui on les destine, la vôtre m’honorera tout particulièrement.
 

 

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