Référendum en Nouvelle-Calédonie : qu’il y ai un effet de contagion à la Polynésie, « je n’y crois pas »

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Publié le 20/11/2014 à 10:33 - Mise à jour le 20/11/2014 à 10:33

Vous revenez de Nouvelle-Calédonie et d’Australie. Vous avez rencontré le président Hollande. Avez-vous pu discuter avec lui des grands dossiers de la Polynésie, comme par exemple le financement de la Caisse de protection sociale généralisée (PSG, NDLR) ?
« Bien sûr j’ai pu discuter avec le président et quelques uns des ministres des dossiers qui concernent la Polynésie française. Il faut savoir que nous avions quand même très peu de temps puisque nous étions toujours dans des manifestations, et ce sont les voyages en avions, en fin de compte, qui nous ont permis d’échanger et d’en parler. »

Qu’en est-il alors, par exemple, pour la PSG. L’Etat confirme son engagement ?
« Oui, pour la PSG, le président de la République, effectivement, confirme ce qu’il nous avait dit à Paris puisque des dispositions sont en train d’être prises sous la houlette du Premier ministre lui-même et du ministère d’Outre-mer ainsi que de la Solidarité pour que cette participation de l’Etat à la solidarité territoriale puisse se concrétiser le plus rapidement possible. Nous attendons des informations d’ici la fin de l’année. »

C’est urgent pour vous ?
« Oui, c’est urgent. Pour tout le monde »

Le système des retraites devrait être en cessation de paiement d’ici 2016 et le déficit cumulé de la PSG atteint presque 10 milliards de Fcfp en 2015. Le vice-président Nuihau Laurey était l’invité de ce journal mercredi soir et il nous disait qu’il fallait prendre des mesures urgentes. Quelles sont-elles ces mesures ?
« Bien sûr qu’il faut prendre des mesures urgentes. je voudrais d’abord rappeler aussi que cela fait quelques années que nous discutons de tout cela. Il faudrait effectivement que l’on rassemble tout le monde autour d’une table le plus rapidement possible. Partant du fait que le gouvernement a effectivement décidé que 2015 sera une année où il n’y aura pas d’augmentation d’impôt, il n’y aura pas d’impôts nouveaux, il faudra que l’on puisse s’organiser, répartir en fin de compte cette charge. »

Quelles sont vos propositions alors ?
« Je ne peux pas vous en parler maintenant, mais vous savez, c’est toujours les mêmes orientations, à savoir qu’il faudra vraisemblablement qu’on baisse nos dépenses en matière de santé, que l’on se répartisse la charge entre les différents acteurs économiques concernés par ce secteur. Et puis éventuellement, voir dans quelles mesures, lorsqu’on parle par exemple des frais médicaux, voir dans quelles mesures on pourrait trouver d’autres solutions sans venir toucher aux cotisations ou sans augmenter, sans créer d’impôts nouveaux dans ce sens. »

Est-ce qu’il y aura par exemple une action sur le ticket modérateur ?
« Il est fortement question effectivement de regarder comment l’on peut réduire ces charges en jouant un petit peu sur le ticket modérateur. Car l’autre effet attendu du ticket modérateur c’est que les gens seront un peu plus sensibles sur l’intérêt de tous de se protéger, de prendre des mesures afin que les problèmes de santé ne s’aggravent pas pour les uns ou les autres. Mais je ne peux pas vous en parler maintenant. »

Il faut donc améliorer la prévention ?
« Il faut aussi améliorer la prévention. Alors, à ce niveau-là, des mesures ont déjà été prises avec les médecins généralistes du Pays. Je crois que tout le monde est en train de se mobiliser autour de cette prévention. »

Edouard Fritch, en Nouvelle-Calédonie vous avez rencontré les nations du Pacifique lors d’une réunion sur le réchauffement climatique. Comment est-ce que la Polynésie peut se préparer à la montée des eaux ?
« Vous savez, nous avons effectivement entendu dans des discussions en privé, les mesures qui sont en train d’être prises par les pays du Pacifique. Mais vous savez, il n’y a, et j’en ai parlé au président de la République, j’en ai parlé à Laurent Fabius, ministres des Affaires étrangères : la chose qui est évidente aujourd’hui pour nous, c’est que l’on prenne des mesures, non pas pour éviter que la température continue à augmenter mais que l’on puisse commencer à penser à la protection des populations qui seront touchées. »

Les Tuamotu par exemple ?
« Par exemple les Tuamotu. Nous sommes dans cette zone du Pacifique, les premiers pays à être touchés puisque nous avons pratiquement 70 atolls aujourd’hui qui sont habités. Ce qui fait que, effectivement, dans deux ou trois générations, ils vont subir des conséquences. »

Alors comment fait-on pour sauver ces populations ?
« Il y a deux mesures qui peuvent être prises. D’abord protéger effectivement les populations sur place, de construire des murs de protection des différents villages. La deuxième solution c’est celle à laquelle certains ont commencé à penser : c’est de voir comment opérer dans 10 ans, dans 15 ans, les transferts de populations des Tuamotu vers les îles hautes du territoire. »

Vous avez déjà des pistes ?
« Je crois que c’est la commune de Rapa qui s’était déjà proposée pour accueillir certaines populations. Je crois que c’était la population de Napuka. Il faut qu’on en parle, c’est important. Il faut qu’il y ai un échange entre les maires des îles hautes sur le principal thème du transfert des populations car il faut préparer les populations aussi. Les gens ne sont pas prêts à quitter leur île, c’est sûr. »

Est-ce que la venue de Nicolas Hulot vous aidera en cela ?
« Je pense que Nicolas Hulot est déjà sensibilisé à ce problème. On en a reparlé à Nouméa : il doit effectivement venir l’année prochaine puisqu’ils sont en train de préparer cette grande réunion qui doit se tenir au mois de décembre 2015 à Paris où tous les pays concernés y compris les petits pays du Pacifique Sud seront invités. Et je leur ai dit en tous les cas qu’il faut aujourd’hui être pragmatique. Qu’il y ai un combat contre la hausse de la température, ça c’est un combat vers les grandes nations de ce monde. Mais il y a ces petites îles qui sont aujourd’hui concernées et qui n’ont aucun moyen, nous ne disposons aujourd’hui d’aucune aide pour se préparer à cette montée des eaux voire même aux cyclones qui vont arriver. Vous avez vu le cas de Mahaena. Il faut effectivement s’attendre, à cause du réchauffement de la planète, à des intempéries qui soient beaucoup plus forts et qui nous mettrons en difficulté très rapidement maintenant. »

Le président Hollande vous a aussi invité à faire partie de sa délégation lors de son déplacement en Australie au côté de la présidente de Nouvelle-Calédonie. Comment est-ce que vous l’interprétez ?
« Je pense que le président Hollande voulez affirmer la présence de la France dans cette région du monde, dans le Pacifique et effectivement il a souhaité que l’on l’accompagne. C’est un honneur bien sûr, c’est un privilège pour nous de faire partie de cette délégation et surtout d’être présentés. Nous avons vu le Premier ministre d’Australie, nous avons vu différents ministres, c’est notre façon de mieux se faire connaître dans cette zone du Pacifique. Il faut savoir aussi que l’Etat français a aujourd’hui une bonne presse, une vraiment bonne presse auprès des pays du Pacifique. On l’a vu lors de la réunion à la CPS ( Secrétariat général de la communauté du Pacifique, NDLR), et avec l’Australie pour la célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale : effectivement il y a des liens forts aujourd’hui entre l’Australie et la France. »

Est-ce que nos ressources intéressent l’Etat français ?
« Je pense que, bien sûr que nos ressources intéressent sûrement l’Etat français comme nos ressources intéressent l’Etat chinois… tous ces Etats qui sont aujourd’hui en train de regarder les ressources potentielles pour les années à venir. Ils s’intéressent à la Polynésie française. Maintenant c’est un problème de gestion. Il faudra qu’on se batte pour que nous, pays autonome, gérions au mieux ces ressources et même dans le cadre d’échanges avec la France. »

Dernière question monsieur le président. Le référendum de la Nouvelle-Calédonie se tiendra en 2018. Craignez-vous un effet de contagion sur la Polynésie ?
« Non, je crois que les problèmes ne sont pas les mêmes. La Calédonie a ses problèmes de structure de la population, la Polynésie française n’est pas dans cette problématique. Je crois que la Polynésie française pour l’heure reste attachée à la République. Nous verrons comment les choses évolueront mais, qu’il y ai une propagation des conséquences de ce référendum à la Polynésie, je n’y crois pas. »
 

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