Ils sont loin du Caillou mais ne manqueront pas de suivre l’issue de ce second référendum. « Ça me touche beaucoup. Et c’est quelque chose que les Kanak attendent beaucoup (…) Je suis impatient mais quand même tendu par rapport aux résultats. C’est fifty fifty. (…) Je pense que ça va être « oui », estime Vakoume Gabriel Calédonien résidant en Polynésie depuis 5 ans.
Pour lui, « il est temps que ça change (…) Je ne me reconnais pas comme Français (…) Je veux que mon identité soit reconnue à travers notre vrai pays, la Kanaky, pas la Nouvelle-Calédonie (…) Nous on vit ici, on vit loin mais on voit ce qui se passe au pays. »
Samedi, en soutien aux partisans du « Oui », ils feront le tour de Tahiti « avec nos drapeaux, nos couleurs, juste pour soutenir nos compatriotes qui sont au Pays et qui vont aller demain s’exprimer aux urnes. (…) J’ai fait une procuration pour voter dans ma commune. »
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Si la Nouvelle-Calédonie choisissait l’indépendance, cela pourrait changer le regard des Polynésiens, estime Gabriel. Mais pour lui, le fenua n’est pas aussi prêt que le Caillou à accéder à l’indépendance. « Sur 10, si nous on est à 10, moi je dis que vous vous êtes en dessous de 5. C’est dur. Après il y a plusieurs façons d’être indépendants. »
Henriette Atre, originaire de Lifou, habite aussi en Polynésie. Pour elle, l’indépendance permettra aux Kanak de mieux vivre leur culture : « On a envoyé notre procuration pour voter en Nouvelle-Calédonie (…) Nos vieux ont lutté pour qu’on soit indépendants (…) L’indépendance est importante pour qu’on puisse mieux vivre notre culture. (…) On a nos cultures, on a nos moyens pour être indépendants. »
Ce référendum, comme le premier, s’inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de quasi guerre civile entre Kanaks, peuple premier, et Caldoches, d’origine européenne. Ces affrontements avaient culminé avec la prise d’otages et l’assaut de la grotte d’Ouvéa en mai 1988 (25 morts).
Les accords de Matignon, signés en juin 1988 par l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, consolidés dix ans plus tard par l’accord de Nouméa, ont institué un rééquilibrage économique et géographique en faveur des Kanaks et un partage du pouvoir politique, même si les inégalités sociales restent importantes.