Présidentielle 2022 : Louis Aliot en quête de parrainages pour Marine Le Pen, en Polynésie

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Le vice-président du Rassemblement National est au fenua jusqu'au début du mois de décembre. Un déplacement qui s'inscrit dans le cadre de la campagne présidentielle. Il y a cinq ans, le mouvement de Marine Le Pen avait fait le plein de soutiens en Polynésie. Y parviendra-t-il à nouveau?

Publié le 18/11/2021 à 17:05 - Mise à jour le 18/11/2021 à 17:08

Le vice-président du Rassemblement National est au fenua jusqu'au début du mois de décembre. Un déplacement qui s'inscrit dans le cadre de la campagne présidentielle. Il y a cinq ans, le mouvement de Marine Le Pen avait fait le plein de soutiens en Polynésie. Y parviendra-t-il à nouveau?

Rares sont les leaders politiques qui font campagne jusqu’en Polynésie lors des grandes échéances électorales. Le maire de Perpignan, également vice-président du mouvement porté par Marine Le Pen, rencontre des Polynésiens pour la 4ème fois en 10 ans. Une rencontre empreinte de discrétion : pas de conférence de presse, ni de grandes réunions publiques. Les échanges avec les sympathisants et militants ont lieu à l’abri des médias… afin « d’éviter les pressions » sur les participants : près de 80 par session selon le représentant local du Te Nati-Rassemblement national, Eric Minardi.

À Tahiti, la formation totalise près de 450 adhérents. Il s’agit de la fédération qui a totalisé le plus de parrainages lors de la dernière présidentielle : 34 à elle seule. Cette visite en Polynésie pourrait de ce fait être cruciale pour le RN : les 500 soutiens nécessaires à la participation de sa candidate, Marine Le Pen, à l’élection présidentielle, n’étant pas acquis.

Louis Aliot appelle les élus Polynésiens à s’engager « pour l’exercice de la démocratie ».

Louis Aliot et Eric Minardi, représentant local du Rassemblement National en Polynésie

Monsieur Aliot, pourquoi avoir fait le déplacement jusqu’en Polynésie ?
« L’objectif est de mobiliser les adhérents et les sympathisants, avec le leadership d’Eric Minardi, mais aussi de discuter avec un certain nombre d’institutionnels de la question des parrainages. Dans quelle mesure un certain nombre de responsables politiques Polynésiens pourraient signer en faveur de la candidature de Marine Le Pen ? On discute avec tout le monde et on n’a jamais refusé de discuter avec des politiques qui nous tendent la main. On l’a d’ailleurs prouvé la dernière fois avec Gaston Flosse. »

Rencontrerez-vous les différentes forces politiques locales ?
« Il n’y a aucune raison que l’on ne discute pas avec les formations politiques sur des enjeux de territoires, quels qu’ils soient, parce que c’est important de rassembler les gens sur des objectifs. Il ne faut pas couper le lien avec Paris, pour les formations politiques locales… et Paris a intérêt à discuter, de plus en plus, avec la Polynésie, car c’est devenu un enjeu de politique mondiale. On a la chance d’être au cœur de ces échanges et affrontements désormais, et de ce point de vue là, ça va rehausser les enjeux, et je l’espère, permettre à Paris et aux formations politiques nationales de proposer un nouvel avenir pour la Polynésie. Polynésie qui était un peu l’oubliée de l’outre-mer français, et qui va revenir au centre des préoccupations. »

« Je suis venu dire aux maires : n’hésitez pas à signer pour nous, ce n’est pas un engagement politique ».

Louis Aliot, vice-président du Rassemblement National

Comment comptez-vous convaincre les élus polynésiens de vous accorder un soutien?
« C’est juste permettre à une candidate, qui a été au deuxième tour de l’élection présidentielle la dernière fois, de pouvoir se représenter. Monsieur Macron n’a pas besoin de parrainages. Le représentant de la droite LR n’a pas besoin de parrainages. Nous si ! À partir du moment où on n’a pas le nombre d’élus qui correspond au nombre de parrainages qu’il faut : nous avons besoin de tous les parrainages. Et je pense qu’il est important, pour l’outre-mer, de montrer la force qu’elle représente. Car si des grands candidats, et des candidatures importantes comme celle de Marine Le Pen, sont demain des candidats grâce à des parrainages venus de l’outre mer, ça montrera que leur voix compte, et qu’elle ne s’est pas perdue au milieu des milliers de parrainages que monsieur Macron va rassembler. C’est si facile pour lui de le faire : il est président de la République ! »

Vous évoquez une « peur » de vos sympathisants d’afficher leur soutien, en raison de « pressions ? Ces pressions existent-elles et comment se matérialisent-elles ?
« Oui, ce sont des petites pressions, des petits chantages… des aimables conseils d’un certain nombre de responsables politiques… mais ça marche de moins en moins : les gens sont libres, on est en démocratie !
On leur a aimablement demandé de ne pas nous donner leurs parrainages. Les élus du peuple n’ont pas à subir d’influences de quelqu’un qui vient d’au dessus. Et d’ailleurs, j’espère que le président du territoire et un certain nombre de personnalités sauront garantir la liberté et l’indépendance des élus. Sans quoi, ce n’est plus de la démocratie, c’est de la tutelle politique, et ça s’apparente à du chantage ou à des pressions déguisées.
Nous avons besoin du maximum de parrainages possible. Si nous pouvions en avoir autant que la dernière fois : ce serait formidable. »

Au cours de cette campagne, et en cas de victoire à cette élection : comment envisagez-vous l’avenir de la Polynésie ?
« La Polynésie, c’est la France, et elle doit rester dans un cadre français, même si elle dispose d’une grande autonomie. Il faut que la métropole donne plus de moyens à ce territoire, parce qu’il est aujourd’hui au cœur des préoccupations mondiales pour la préservation des ressources naturelles, pour le développement de la protection de ce territoire là, notamment de l’espace maritime. Il va falloir que la France mette des moyens supplémentaires. Cela veut dire que la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie vont redevenir des enjeux et des sujets de débats et cela me paraît très important pour l’avenir. »

Gaston Flosse, qui vous a soutenus en 2017, prône une évolution statutaire sous forme de pays associé. Seriez-vous prêts à y donner une suite favorable ?
« Je pense qu’on est allés très loin dans l’autonomie, et qu’il n’est pas nécessaire d’aller plus loin. En revanche, il est primordial que la France s’intéresse beaucoup plus aux enjeux nouveaux, c’est-à-dire aux affrontements qui existent entre les Etats-Unis et la Chine. Et la France, dans cet espace là, elle a la chance d’avoir la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, et de défendre ces territoires là.

« Je ne pense pas que c’est en modifiant des statuts que l’on améliore la vie des gens »

Louis Aliot

Pour l’instant, la France doit garantir la sécurité et le bien-être des populations de Polynésie française : et c’est sur cela qu’il faut travailler. « 

Qu’observez-vous depuis votre arrivée, au travers de vos échanges avec la population, et quels sont vos priorités pour la collectivité ?
« En discutant avec les gens, on a bien vu le problème de pouvoir d’achat, de la vie chère. Il y a sûrement des choses à faire sur ce terrain là, mais elles sont aussi de la compétence du territoire. Peut-être que les Polynésiens devraient aussi secouer leurs élites locales pour leur dire « qu’est-ce que vous faites pour la vie de tous les jours » ? En ce qui concerne le gouvernement français, il faut se concentrer sur des enjeux plus « importants » de protection, de souveraineté, et aussi des enjeux d’aides directes et financières qui jouent nécessairement sur le pouvoir d’achat. Mais on ne peut pas tout demander à la France. Il faut aussi que les politiques ici prennent leurs responsabilités ! »

Que changerait le Rassemblement National au quotidien des Polynésiens s’il accédait à l’exercice du pouvoir ?
« La Polynésie redeviendrait l’un des sujets de préoccupation nationale, et non plus annexe. De ce point de vue là, nous ferions ce qu’il faut pour le développement économique, et pour profiter de cet espace maritime afin d’en tirer toute la potentialité. Ça ne veut pas dire l’exploitation des ressources, mais plutôt une réflexion autour de l’or bleu. Autour du développement de toutes les filières également, notamment en matière d’énergies renouvelables, de préservation de l’environnement. Nous souhaiterions faire de la Polynésie une vitrine pour la France. »

Louis Aliot dialogue avec les sympathisants locaux du Rassemblement national

Il pourrait y avoir un centre de recherche et des moyens supplémentaires mis sur la recherche, sur l’innovation, sur les nouvelles technologies, pour que cela aide au développement des autres territoires français. Il n’y a aucune raison que cela ne se fasse pas avec le potentiel qu’il y a dans ces îles !

Je crois que la France, elle est la France grâce a l’outre-mer. Et tous les discours qui disent que l’outre-mer nous coûte cher, et qu’il serait bon de s’en séparer font une erreur stratégique majeure, car sans l’outre-mer, la France serait un tout petit pays, et n’aurait pas les attributs de la puissance qu’elle a aujourd’hui !« 

Comment tourner la page du nucléaire, qui conditionne les relations entre le pouvoir central et la collectivité ?
« Je crois qu’il faut arrêter de parler. À partir du moment où on reconnaît les conséquences des essais nucléaires, il faut se mettre autour de la table et régler définitivement le problème ! On n’est pas là pour discuter du prix. Il faut dialoguer et prendre les décisions nécessaires. Si demain sommes au gouvernement, je pense qu’il y aura des efforts particuliers faits dans ce domaine pour permettre l’apaisement des consciences et pour permettre à la France de sortir de ce débat et de cette situation par le haut, et pas systématiquement par le bas comme ça a été le cas jusqu’à présent. »

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