Présidentielle 2022 : un premier tour qui rebat les cartes des législatives

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Ce « désamour » pour la politique nationale évoqué par Edouard Fritch est-il aussi valable localement ? Et est-ce que cela pourrait se répercuter sur les législatives, dans deux mois ? L’heure est au debriefing dans toutes les formations du fenua et le jeu politique local pourrait bien déjà commencer à changer…

Publié le 11/04/2022 à 17:27 - Mise à jour le 21/04/2022 à 17:36

Ce « désamour » pour la politique nationale évoqué par Edouard Fritch est-il aussi valable localement ? Et est-ce que cela pourrait se répercuter sur les législatives, dans deux mois ? L’heure est au debriefing dans toutes les formations du fenua et le jeu politique local pourrait bien déjà commencer à changer…

En Polynésie, Emmanuel Macron a largement devancé Marine Le Pen en rassemblant 40% des voix contre 19% pour la candidate RN. Si le Tapura Huiraatira, soutien du Président sortant, se réjouit d’une telle avance, le taux élevé d’abstentions de près de 70% a de quoi interpeler.

Les abstentionnistes polynésiens ont-ils cherché à exprimer leur désintérêt pour la politique nationale ou un quelconque « rejet de la politique d’Edouard Fritch », comme l’estime le député indépendantiste Moetai Brotherson ?

Quoi qu’il en soit, pour a Here ia Porinetia, le manque de mobilisation pour ce premier tour « vient de cette défiance que les Polynésiens et Polynésiennes ont envers les hommes et les femmes politiques, et je dirais même envers le gouvernement », avance la présidente du parti Nicole Sanquer. Ce à quoi la représentante du Tapura, Tepuaraurii Teriitahi, répond : « les élections présidentielles par tradition sont boudées par la population. Quand il y a les législatives, c’est autre chose. Il y a plus de participation et il y a des candidats locaux ». « Pas de lien immédiat » donc entre cette abstention record et un éventuel « fiu » du gouvernement local, selon le Tapura mais plutôt une « désaffection générale ».

Côté Tavini, on voit cette abstention de bon augure, puisqu’Oscar Temaru avait appelé à ne pas se rendre aux urnes. « Voter pour l’un des deux candidats en lice, c’est persévérer dans une sorte de prostitution intellectuelle et politique qui n’ouvre la voie qu’à de la corruption à grande échelle », écrit d’ailleurs le président du parti dans un communiqué. Les bleus se concentrent plutôt sur les élections législatives, puisque Moetai Brotherson a indiqué miser sur la proximité en rencontrant directement les électeurs chez eux.

Lire aussi : Te Nati – Eric Minardi ne sera pas candidat aux législatives

Mais s’il y en a bien un qui se réjouit des résultats du premier tour, c’est le président du Te Nati, Eric Minardi. Satisfait du score de sa candidate en Polynésie, il est persuadé que les résultats de la Présidentielle vont redessiner le jeu politique local. « Tous les candidats aux législatives qui vont appeler à voter Marine Le Pen, pour beaucoup, ça sera pour faire barrage à Edouard Fritch ». « Te Nati est devenu depuis hier le deuxième parti de Polynésie » et « sera présent pour les territoriales » a fait remarqué son président.

« Peut-être que certains chercheront de nouveaux alliés parmi ceux qui ont obtenu de bons scores », évoque Tepuaraurii Teriitahi. Car de nouvelles alliances entre le Te Nati et d’autres partis pourraient en effet se créer dans les jours à venir. Gaston Flosse — dont la candidate Valérie Pécresse n’a obtenu que 7,9% des voies du fenua — pourrait-il s’allier de nouveau au parti d’Eric Minardi, comme cela fut le cas lors du premier tour en 2017 ?

Quoi qu’il en soit, si les résultats de la Présidentielle impactent bien les alliances en vue des législatives, reste à savoir si les candidats Tapura sauront mobiliser pour garder les voies des électeurs locaux d’Emmanuel Macron et obtenir celles des abstentionnistes…

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