Obligation vaccinale : Gaston Tong Sang veut redéfinir « le périmètre d’application de la loi »

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Pas de violence ce jeudi à Tarahoi. Durant toute la matinée, les contestataires ont enchainé les prises de paroles pour obtenir un rendez-vous avec les élus. Un appel été entendu par le président de l’assemblée.

Publié le 23/09/2021 à 16:50 - Mise à jour le 23/09/2021 à 17:08

Pas de violence ce jeudi à Tarahoi. Durant toute la matinée, les contestataires ont enchainé les prises de paroles pour obtenir un rendez-vous avec les élus. Un appel été entendu par le président de l’assemblée.

La session budgétaire ne pouvait s’ouvrir sans évoquer la pandémie de covid-19. Environ 400 manifestants, selon la police, avaient pris place dans le calme, à l’extérieur de l’assemblée, protégée par une centaine de policiers. Ces manifestants appartenaient à divers collectifs contre l’obligation vaccinale. Certains ont pris la parole pour exprimer leur désarroi. Le docteur Théron s’est adressé aux manifestants, à distance via Facebook live. Mais les protagonistes attendaient surtout un rendez-vous avec les élus.

À l’intérieur de l’assemblée, le président de l’institution Gaston Tong Sang a demandé une minute de silence aux élus en hommage aux personnes décédées des suites de la covid-19. Il est également revenu sur la polémique autour de ses déclarations concernant l’obligation vaccinale : « j’assume pleinement ma prise de position (…) J’estime que je n’ai trahi personne. Ni mon groupe, ni les instances dirigeantes de mon parti, ni même mes collègues maires. J’ai la conviction profonde que les divergences d’opinion, nourrissent la démocratie (…) Plus de 65% de la population a reçu au moins une dose de vaccin. Je m’en réjouis sincèrement (…) J’ai moi-même en ma qualité de maire, mis tout en œuvre pour faciliter la vaccination (…) À l’heure où je vous parle, Bora Bora affiche le meilleur taux vaccinal des iles sous le vent. C’est cela, la responsabilité. »

Gaston Tong Sang pour un « spectre d’application moins étendu » de la loi

Mais il s’est aussi prononcé pour un « spectre d’application moins étendu » de la loi sur l’obligation vaccinale : « mes responsabilités politiques au sein de notre institution, mais aussi au sein de ma majorité et du parti politique auquel j’appartiens m’ont conduit, le 20 août dernier, à voter en faveur du projet de loi du pays relatif à la vaccination obligatoire dont j’aurais souhaité — il est vrai — un spectre d’application moins étendu », a-t-il déclaré.

Gaston Tong Sang propose « que des discussions reprennent activement, dans les plus brefs délais, pour mettre fin à la radicalisation du débat public et pour apaiser les tensions.

Il s’agira d’envisager, à la lumière des dernières données scientifiques et des dernières statistiques vaccinales, une conciliation des notions d’immunité naturelle et d’immunité vaccinale, mais aussi une redéfinition du périmètre d’application de la loi relative à l’obligation vaccinale. »

Le président de l’assemblée demande aussi une redéfinition de « la notion de schéma vaccinal complet, dont on ignore finalement la complétude définitive. »

Lire aussi : L’assemblée face à une crise budgétaire et politique (liveblog)

Le président Edouard Fritch, dans son discours, a tenu à remercier « la majorité silencieuse des Polynésiens qui sont allés se faire vacciner » mais aussi les soignants. « Je ne prendrai pas le risque de mettre en danger la majorité de la population (…) Nous ne sommes pas là pour embêter les gens, pour les sanctionner (…) Nous sommes là pour répondre à l’urgence d’une situation critique et surtout, sauver des vies, sauver des familles« , a rappelé Edouard Fritch.

Revenant sur les accusations d’euthanasie auxquelles le personnel de l’hôpital de Taaone doit faire face, le président du Pays a déclaré : « Il me parait injuste et irresponsable d’accabler le personnel du centre hospitalier de Taaone »

Concernant l’ivermectine, le président a tenu à souligner que « contrairement aux affirmations des manifestants et des réseaux sociaux, la prescription par les médecins de traitements alternatifs, à base notamment d’ivermectine ou d’hydroxychloroquine, n’a jamais été interdite en Polynésie. J’ai personnellement donné des consignes pour laisser la liberté de prescription, dans le respect des règles déontologiques »

Edouard Fritch comme Gaston Tong Sang ont appelé à l’unité. Après les discours, le président de l’assemblée a suspendu la séance. Sept personnes représentant les collectifs de manifestants ont pu rencontrer Gaston Tong Sang et les présidents de groupes politiques.

« Les élus se sont exprimés, les collectifs aussi. L’Eglise protestante aussi. La réaction et les déclarations du président nous ont rassuré par son pragmatisme à réanalyser et à reconsidérer cette loi de Pays (sur l’obligation vaccinale, NDLR). L’ouverture est claire, s’est réjoui Gilles Parzy, porte-parole du collectif Nuna’a a ti’a, après deux heures d’entretien. Ça va demander, on l’a compris, du travail et du consensus au sein de l’hémicycle. Donc voilà, on est dans cette attente-là. On peut dire qu’on peut garder un espoir. (…) On sera là et jusqu’à obtenir gain de cause. »

Concernant l’ivermectine, les collectifs ont « demandé finalement qu’une déclaration claire soit faite vers les médecins du Pays pour qu’il n’y ai plus aucune restriction de prescription envers ces produits-là. Simplement par rapport à la cohérence de ce qui a été déclaré par madame Tepuaraurii Teriitahi (…) Si on a ces recours qui se libéralisent, effectivement c’est une grande satisfaction. Ça permettra que les patients soient réellement pris en charge et n’aillent pas encombrer l’hôpital et on connait toute la suite. »

Crédit : Tahiti Nui Télévision

Rendez-vous donc dans une quinzaine de jours pour connaitre les propositions des élus sur l’évolution de la loi. Une loi sur l’obligation vaccinale qui à ce jour fait l’objet de sept recours d’annulation auprès du Conseil d’Etat.

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