Nucléaire : Marcel Tuihani explique pourquoi les élus Tahoeraa ont déposé une résolution

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Publié le 26/11/2014 à 13:07 - Mise à jour le 26/11/2014 à 13:07

Aujourd’hui jeudi à l’assemblée de la Polynésie, les élus étudient la résolution signée par le président de l’institution Marcel Tuihani et une représentante Tahoeraa. Le texte, qui fait polémique, réclame plus de 100 milliards de dédommagements suite aux essais nucléaires en Polynésie. Ce jeudi matin, les débats étaient houleux et les avis, loin d’être unanimes (lire aussi ICI ).

Marcel Tuihani, président de l’assemblée de la Polynésie a expliqué les raisons qui ont poussé les élus Tahoeraa à déposer une telle résolution. « Trois événements » en sont à l’origine :

Le premier concerne les « propos du Contre-amiral Anne Cullere » à l’assemblée le 7 juillet dernier. « Lors de la présentation du système de surveillance Telsite, et du projet Telsite 2, répondant aux questions des représentants de l’Assemblée réunis en salle des commissions, elle nous indiquait que les atolls ne pourront sans doute jamais être restitués, qu’ils devront demeurer sous surveillance durant un temps indéfini et que des failles les rendent géologiquement instables ». « En outre, elle confirmait ce que le ministre de la Défense d’alors, Monsieur Gérard Longuet avait dit à la tribune du Sénat le 18 janvier 2012, lorsqu’il insistait sur les « informations que recèlent ces atolls, parlant d’un devoir de garantir la sécurité des lieux « aux yeux du monde » pour éviter toute prolifération nucléaire. »
 
Le second élément qui a poussé les élus Tahoeraa à déposer cette résolution concerne « des révélations faites par le Journal Le Parisien, dans son édition du 3 juillet 2013 sous le titre : « Essais nucléaires, ce que l’Etat a caché durant 50 ans ». Le quotidien s’est procuré pas moins de 58 documents que l’armée venait de déclassifier. On y apprend que les essais atmosphériques, loin d’êtres propres comme on nous l’avait affirmé, ont en réalité affecté de nombreuses parties de la Polynésie française, y compris l’île de Tahiti, à plusieurs reprises. 39 retombées sont recensées rien que sur Tahiti, et du plutonium, l’élément le plus dangereux pour la santé est retombé dans les pluies les 19 et 20 juillet 1974, jusqu’à 500 fois la dose maximale admissible ». »C’est en réalité toute la Polynésie française qui est susceptible d’avoir été contaminée à des degrés divers par des retombées radioactives transportées par les vents », poursuit Marcel Tuihani.
 
Le troisième et dernier point concerne la proposition de loi déposée par le sénateur Richard Tuheiava le 10 novembre 2010, qui demandait « la rétrocession des atolls de Moruroa et Fangataufa à la Polynésie française, à charge pour l’Etat d’en assurer la sécurité et la surveillance radiologique et géo-mécanique. Cette proposition de loi a été adoptée par le Sénat le 18 janvier 2012, mais elle ne l’a jamais été par l’Assemblée nationale, et pour cause, le gouvernement d’alors y était farouchement opposé », selon le président de l’assemblée de la Polynésie. Il poursuit : « Nous aussi, car nous disons à l’Etat, gardez ces atolls puisque nous ne pourrons plus jamais les utiliser comme cela était prévu lors de leur cession par l’assemblée de la Polynésie française en 1964, et indemnisez nous en contre partie. » 
 

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