On a pu constater ce matin (samedi, NDLR) que vous étiez loin de ce qui était espéré (en nombre de participants à la marche, NDLR). Est-ce que vous estimez que les gens n’ont pas encore pris conscience de l’importance du fait nucléaire ou est-ce que c’est juste un problème de timing ?
« Non je pense que c’est problème de timing. il y a eu la marche du 2 juillet dont on se réjouit qu’elle a été un succès. C’est difficile de mobiliser deux fois de suite dans le même mois autour du même sujet. Mais tout de même il y avait du monde ce matin. Il y avait des gens motivés qui sont restés là jusqu’à la fin et qui ont écouté l’ensemble des discours y compris ceux des invités internationaux. »
À l’annonce de cette marche, Oscar Temaru avait rappelé la plainte pour crime contre l’humanité qu’il fallait déposer à La Haye. Où en est ce sujet aujourd’hui ? Est-ce que des personnes se sont manifestées. Est-ce que des organismes internationaux sont venus soutenir cette demande ?
« Ce qui est sûr c’est qu’aujourd’hui (samedi NDLR) à 14 heures, on était à 263 signatures de gens qui ont individuellement porté plainte. Donc ça va venir compléter le dossier à La Haye. Et je crois qu’en fin de journée on sera à peu près à 500 signatures. »
En parlant de timing, il y a aussi la visite du Président de la République qui se fait bientôt. Est-ce c’était une manière aussi d’alerter la population éventuellement sur le fait d’interpeller le Président de la République sur ce fait nucléaire ?
« Je pense qu’il faut que le Président lui-même fasse un examen de conscience et se demande pourquoi il vient. Je crois que ça c’est important. S’il vient pour faire une opération de com’ à 10 mois de l’élection présidentielle, récupérer quelques tifaifai, des sculptures de droite et de gauche et s’entendre chanter la Marseillaise par des petits enfants, autant qu’il reste à Paris et que les contribuables français fassent l’économie des sommes considérables qu’un tel voyage coûte. »
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Aujourd’hui est-ce que vous avez un autre message à lui adresser (…) Est-ce qu’il y a des demandes que vous allez formuler officiellement auprès du Président de la République ?
« Les demandes il les connait déjà. Elles ont été formulées le 17 juin au travers de la proposition de loi que j’ai déposée à l’assemblée nationale et sur laquelle il a donné consignes à sa majorité de la balayer d’un revers de main. Les demandes profondes du peuple polynésien sont connues. Ça commence par une demande de pardon. C’est je pense le préalable incontournable. Pour l’instant, on nous oppose une fin de non recevoir sur ce sujet comme sur bien d’autres. Donc on se demande vraiment ce qu’il va venir faire ici. »
Concernant l’indemnisation des victimes des essais nucléaires, votre travail au niveau de l’Assemblée nationale, vous avez déjà rappeler un dossier que vous aviez évoqué déjà, est-ce que d’autres parlementaires ultramarins ou même de métropole vous rejoignent dans cette lutte là ?
« Bien sûr. je veux remercier mes deux collègues députés Maina Sage et Nicole Sanquer qui ont voté en faveur de ma proposition de loi, il faut quand même le rappeler. Ça prouve que sur des sujets d’importance comme celui-là, on peut avoir une démarche trans-partisane. Ce qui est malheureux c’est qu’en dehors de ces deux collègues parlementaires, je crois que l’esprit trans-partisan n’est pas encore là. »
Par rapport à votre actualité à l’Assemblée nationale, est-ce qu’il y a d’autres dossiers dont vous pouvez nous faire part aujourd’hui et qui avancent bien malgré ces quelques réticences sur le nucléaire ?
« Il y a tout d’abord celui de l’expérimentation du cannabis thérapeutique puisque j’ai à nouveau interpellé le ministre (de la Santé, NDLR) Olivier Veran. On a aujourd’hui la certitude que si le gouvernement local effectuait la demande, cette expérimentation serait étendue chez nous. Je dirai que la balle est dans le camps du gouvernement polynésien. Il va falloir qu’ils nous confirment qu’ils vont bien faire cette demande. Toujours sur ce même sujet, j’ai une proposition de loi qui est prévue en décembre. Il est encore un peu tôt pour en parler plus en détail mais je pense que c’est un sujet qui est important et encore une fois il ne s’agit pas de faire du prosélytisme mais bien d’aller dans le sens d’une réduction des addictions et de cesser l’hypocrisie sur ce sujet. »
Un colloque est prévu au mois de novembre sur le sujet. Vous allez inviter d’autres associations locales peut-être ?
« Seront invitées toutes les associations locales qui œuvrent sur le sujet, de nombreux experts internationaux qui soit feront le déplacement, soit interviendront via zoom en fonction des conditions sanitaires. C’est un colloque qui va se dérouler à l’Université sur trois jours avec un travail important qui est fait à la base. On a terminé la plus grande enquête d’opinion sur le sujet jamais réalisée en Polynésie donc on aura une espèce de photographie de la perception de la société sur ce sujet en ouverture du colloque. »
Une toute dernière question concernant la venue du Président de la République : est-ce que le Tavini Huira’atira et ses alliés pour le nucléaire prévoient une manifestation à son arrivée ou pendant son séjour ?
« Alors j’ai cru comprendre en fin de la manifestation d’aujourd’hui (samedi, NDLR), dans le discours de clôture du président (du Tavini Huira’atira, NDLR) Temaru qu’effectivement une réflexion était en cours sur la meilleure manière d’accueillir le Président Macron. je pense que ça se fera comme toujours de manière pacifique. Mais il faut trouver également le moyen d’éveiller ou de réveiller la conscience du Président de la République. »