« J’ai évidemment une pensée pour la victime, une pensée pour le blessé. Cet attentat prend une résonance particulière parce qu’il s’attaque à un prêtre dans une église, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus sacré finalement dans notre civilisation. Ce n’est pas un hasard, c’est la volonté des terroristes de nous frapper à l’essentiel. Il faut donc bien sûr serrer les rangs, parce que la lutte que nous allons devoir mener va être longue et extrêmement difficile, j’en ai parfaitement conscience. Il faut nous en donner les moyens.
Le temps aujourd’hui est au recueillement. Je me recueillerai à Papeete, où je suis, puisque nos compatriotes polynésiens sont aussi profondément bouleversés et émus par ce qui s’est passé, donc une cérémonie religieuse aura lieu ce soir, à laquelle je m’associerai. Et puis il faut agir, puisque comme je l’ai déjà déclaré, le fatalisme n’est pas une politique, il faut nous donner tous les moyens de nous mobiliser contre ce fléau qui nous atteint.
Le moment n’est pas au détail des mesures, mais je crois qu’il faut que nous nous donnions tous les moyens de neutraliser les terroristes en puissance. Des propositions ont été faites en ce sens. Et puis lutter contre la radicalisation des esprits, contre la radicalisation islamique qui nous cible directement, partout où elle se manifeste, tout particulièrement sur internet qui est un véhicule de haine, de mort, et qui infecte d’une certaine manière les esprits faibles. Également en prison, je l’ai déjà proposé, et puis dans les lieux de cultes, dans les mosquées, à chaque fois qu’il y a des prêches ambigus qui prônent la violence ou la haine, il faut immédiatement les fermer et renvoyer les imams, quand ils sont étrangers, à leur pays d’origine.
Voilà une détermination forte qu’il faut que nous manifestions les uns et les autres, parce que je le répète, le combat sera long et difficile. »
Modifiez-vous votre programme en Polynésie ?
« J’ai annulé toutes les manifestations publiques et festives, qui étaient nombreuses, notamment une grande réunion publique à Papeete dès ce soir : nous serons dans le recueillement à la cathédrale et j’observerai bien sûr cette période de deuil. A des milliers de kilomètres de Paris, on ressent aussi cette émotion et nos compatriotes polynésiens sont profondément bouleversés et solidaires.
Demain, j’aurai une rencontre de travail sur la question nucléaire avec les associations et notamment les groupements religieux, donc je la maintiendrai, je pense que ce sera aussi l’occasion d’un moment de recueillement. »
Alain Juppé a modifié son programme. Il annule la rencontre prévue avec les jeunes au Pink et la grande réunion publique. Il participera à une messe à 18 h à la cathédrale de Papeete.
Alain Juppé, interrogé par téléphone à Raiatea