Macron-Le Pen, un débat d’entre-deux-tours virulent et souvent confus

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Publié le 02/05/2017 à 10:43 - Mise à jour le 02/05/2017 à 10:43

Dès les premières minutes, ce débat a été lancé tambour battant. C’est la candidate du Front national qui a donné le « la » en la matière, ouvrant « 2017, le débat » par une attaque directe contre le candidat d’En Marche!, qu’elle n’a eu de cesse de raccrocher au quinquennat sortant.
 
« M. Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarisation, du communautarisme, de la guerre de tous contre tous », « tout cela piloté par M. Hollande à la manoeuvre », a lancé Mme Le Pen à son adversaire, appelé « M. le ministre de l’Economie, M. le conseiller de M. Hollande ».
 
« Vous n’êtes pas la candidate de l’esprit de finesse » ni « de la volonté d’un débat démocratique équilibré et ouvert », a rétorqué M. Macron, après avoir écouté sa rivale mains jointes sous le menton, les yeux braqués dans les siens. Il a opposé « l’esprit de conquête » qu’il incarnerait à « l’esprit de défaite » de la présidente du FN.
 
Symbole de l’âpreté des attaques, l’échange sur le terrorisme et l’islamisme. Mme Le Pen a accusé M. Macron de « complaisance pour le fondamentalisme islamique ».
 
« Ce que vous proposez, comme d’habitude, c’est de la poudre de perlimpinpin », a rétorqué M. Macron. Il a accusé Mme Le Pen de tomber dans « le piège » que les auteurs d’attentat « nous tendent » et de « porter la guerre civile ».
 
« Projet peur! », a balayé la dirigeante frontiste. Et M. Macron de rétorquer: « La grande prêtresse de la peur, elle est en face de moi! ».
 
Le débat a donné lieu à une violente partie de ping pong entre M. Macron, sans note et planté dans les yeux de sa rivale, et Mme Le Pen, qui consultait très régulièrement ses dossiers. « Mensonges! », « grandes bêtises! », « Vous ne connaissez pas vos dossiers! », a accusé le premier. « Je vois que vous voulez jouer avec moi à l’élève et au professeur, mais ça n’est pas mon truc », a répondu la seconde.
 
 
L’épisode emblématique de l’entre-deux-tours, la visite à l’usine Whirlpool d’Amiens le 26 avril, a été vite remise sur le tapis: M. Macron a accusé son adversaire d’y avoir « profité de la détresse des gens » et fait des selfies « quinze minutes sur le parking ». « Je ne vais pas me planquer » dans une rencontre avec l’intersyndicale, a répondu Mme Le Pen.
 
M. Macron a tenté de s’attaquer au « parti des affaires » que serait le Front national, visé par de nombreuses affaires judiciaires, et qualifié sur la fin Mme Le Pen de « parasite » du système sur lequel elle « vivrait ».
 
Il s’en est surtout pris plus méthodiquement aux « bidouilles » récentes de sa rivale sur son programme, l’interrogeant sur sa sortie de l’euro, sa réforme des retraites et le financement global de ses réformes.
 
Mme Le Pen a présenté son « arrogant » adversaire comme « à plat ventre » face à ses maîtres supposés. « La France sera dirigée par une femme », « moi ou Mme Merkel », a-t-elle lâché, dans une courte partie réservée aux questions internationales.
 
Alors qu’en 2002, Jacques Chirac avait refusé le débat face à Jean-Marie Le Pen, qualifié au second tour à la surprise générale, Emmanuel Macron avait tenu à livrer un match, finalement qualifié sur Twitter de « dispute de chiffonniers » par la directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon, lequel n’a pas clairement appelé à voter pour M. Macron.
 
« Bon boulot ce soir de Marine Le Pen qui, par son indignité, aura donné envie de voter Emmanuel Macron aux derniers hésitants », a raillé Thierry Solère, organisateur de la primaire de la droite.
 
Bien que les sondages donnent Emmanuel Macron vainqueur le 7 mai, avec 59 ou 60% des voix, l’enjeu du débat était important: 18% des personnes certaines ou quasi certaines d’aller voter dimanche n’expriment aucun choix à ce stade, selon un sondage Elabe publié mardi.

AFP

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