L’éternel clivage de Tarahoi se déplace à l’ONU

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Publié le 03/10/2016 à 17:06 - Mise à jour le 03/10/2016 à 17:06

Le Président Edouard Fritch est venu défendre « un dialogue ouvert avec l’Etat français ».
Oscar Temaru, lui, a fait venir 17 pétitionnaires, des élus ou des acteurs de la société civile, qui se sont attachés à démontrer le contraire.

Beaucoup ont centré leur intervention sur la question nucléaire. « Il y a eu 193 tirs, ce qui équivaut à une puissance nucléaire de 800 fois la bombe de Hiroshima » a ainsi clamé à la tribune le Père Auguste. « La Polynésie est une poubelle nucléaire réalisée par la France » a-t-il poursuivi, avant de dénoncer « un taux élevé de maladies transgénérationnelles, où la plupart de nos enfants développent des cancers liés au sang, de la thyroïde, des malformations ».

Quelques minutes plus tôt, le Président Fritch avait assuré être « pleinement  mobilisé sur ce sujet préoccupant ». Mais il a rappelé que la France avait reconnu le fait nucléaire, et versait une rente annuelle de « 180 millions de dollars » en compensation. Il s’est félicité « d’avancer sur la bonne voie », en insistant sur « la concertation ouverte et permanente avec les autorités de l’Etat français ».

Les pétitionnaires se sont inquiétés de voir la gestion de ses ressources naturelles sous-marines échapper à la Polynésie française au profit de la France, une crainte qu’Edouard Fritch a jugée « totalement infondée ».

Le Président a insisté sur la large autonomie dont jouit la Polynésie française, et sur le rejet constant de l’indépendance par les électeurs polynésiens. Il a demandé que sa collectivité ne soit plus inscrite sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser. La Polynésie française y avait été réinscrite en 2013, à la demande des indépendantistes. Cette réinscription entraîne un processus de décolonisation, pour le moment rejeté par la France, et qui peut déboucher sur un référendum d’autodétermination.

Cette demande de désinscription a surpris Moetai Brotherson, chargé des relations internationales au parti indépendantiste polynésien : « c’est un peu comme si vous alliez chez les pompiers leur dire que leur boulot, c’est pas d’éteindre les feux : venir à la quatrième commission de l’ONU leur expliquer qu’il faut désinscrire un pays qu’ils ont réinscrit, c’est une grossière erreur » .  

Les pétitionnaires polynésiens avaient convié un indépendantiste corse,  Sébastien Quenot, directeur de cabinet du Président de l’assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni. Mais il a rapidement été interrompu par le Président de séance, son intervention étant jugée hors sujet car elle ne concernait pas la Polynésie.

Le plus jeune des pétitionnaires, âgé de trente ans, a choisi une approche plus culturelle : pour le professeur de tahitien à l’université de Hawaï Steve Chailloux, la Polynésie subit « depuis plus de 136 ans une double colonisation, politique et linguistique, venant de la France ».

Comme chaque année, le représentant de la France à l’ONU n’a pas assisté aux interventions, et n’est revenu qu’après le départ du dernier intervenant. L’ambassade de France a refusé toute déclaration.

Une résolution sur la décolonisation de la Polynésie française sera soumise au vote de l’Assemblée générale des Nations-Unies en décembre. Le projet de texte évoque aussi l’exploitation des ressources naturelles sous-marines et la question nucléaire.

De notre envoyé spécial à New York, Mike Leyral

 

La réaction du Président Edouard Fritch après les interventions des pétitionnaires :

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