Si le président sortant dominait le premier tour avec une avance confortable, au second tour les scores se resserrent avec la candidate du parti Rassemblement national. En tête des suffrages dans tous les archipels au premier tour, Emmanuel Macron perd les îles Sous-le-Vent au second tour avec 45,1% des voix contre 54,8% pour Marine Le Pen. À Bora Bora et à Taha’a notamment, Marine Le Pen décroche respectivement 56,5% et 62,4%. Seules Tumaraa, Taputapuatea et Uturoa à Raiatea sont restées fidèles à Emmanuel Macron.
Mais c’est dans la petite commune de Tatakoto, que la candidate du Rassemblement National enregistre son meilleur score, soit 77,8%. Un résultat qui n’a rien d’étonnant puisque cette petite municipalité d’environ 300 habitants avait déjà donné 75% de ses voix au candidat de Reconquête, le parti d’extrême-droite d’Eric Zemmour, au premier tour.
Si le Président-candidat se maintient dans les autres archipels, rassemblant le plus de voix aux Marquises (67,5%), le score s’avère particulièrement serré du côté des îles du Vent, avec 50,6% pour Emmanuel Macron contre 49,3% pour Marine Le Pen. Et pour cause, la candidate du Rassemblement National ravit plusieurs communes au soutien local de son adversaire, notamment sur Tahiti. C’est le cas de Mahina, Papara, Hitia’a o te ra, Taiarapu Est et Taiarapu Ouest, estampillées Tapura Huiraatira. Dans les communes Tavini, les électeurs ont donné une majorité de voix à Marine Le Pen, soit 51,9% à Faa’a et 52,9% à Paea.
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Des résultats aux airs de vote sanction contre Emmanuel Macron et surtout contre la majorité au pouvoir. Le président Fritch, lui préfère parler d’un vote « contestataire et de non-adhésion », à l’issue de deux années de crise marquées par de nombreuses restrictions.
Du côté de Arue, où la maire sans étiquette, Teura Iriti, n’a donné aucune consigne de vote pour le second tour, les électeurs ont également choisi la candidate du Rassemblement national. Pas de doute pour le président Fritch, « ça n’a pas été une élection Macron contre Le Pen, mais une élection Tapura contre le reste du monde politique de la Polynésie. » Interrogé sur le score du RN à Faa’a, le Tavana Oscar Temaru le rejoint sur ce point. « On a vu beaucoup de popa’a nous dire qu’ils venaient faire barrage à Macron et il y a aussi tous les partis politiques qui sont contre le Tapura ».
Pour Tauhiti Nena, la progression de Marine Le Pen en Polynésie à 48,2% des suffrages exprimés est une « victoire » illustrant un « désir de changement » de la Polynésie. Victoire également pour le président du Amuitahira’a, Gaston Flosse, qui n’hésite pas à revendiquer le score de Marine Le Pen au micro de Polynésie 1ère. : « Nous avons gagné, s’il n’y avait pas ce score des Marquises nous aurons gagné ». Des propos qui ont mis le représentant de Te Nati et soutien du RN en Polynésie hors de lui. « C’est faux ! Autant Tauhiti Nena et Nuihau Laurey nous ont apporté un véritable soutien, autant le Amuitahira’a n’a même pas collé d’affiche, ni distribué de tracts », s’est impatienté Eric Minardi. « Macron se serait retrouvé contre Mélenchon au deuxième tour, Gaston Flosse aurait appelé à voter Mélenchon. C’est le Te Nati qui a fait le score de Marine Le Pen ! Aucun grand parti ne nous a soutenu, je suis désolé. »
Alors qu’Emmanuel Macron l’emporte dans l’Océanie française grâce aux soutiens des grands partis locaux, Marine Le Pen fait une percée remarquable dans les Antilles françaises (60%) et à la Réunion (59,5%), où les électeurs avaient d’abord plébiscité la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon au premier tour. Un virage de la gauche vers la droite nationaliste qui marque une rupture profonde avec le président sortant.