Législatives : Le Tavini devient la 2e force politique du fenua

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Avec 36% des suffrages exprimés, le Tapura fait presque aussi bien qu’en 2017 aux législatives et confirme sa suprématie politique. Il est suivi cette fois-ci du Tavini qui devient la 2e force politique avec ses 27% des voix, loin devant le Amuitahira’a de Gaston Flosse et ses 14%. Un score marqué par une forte attente de l’électorat pour un changement de la classe politique et un certain clivage entre autonomistes et indépendantistes.

Publié le 05/06/2022 à 19:27 - Mise à jour le 09/06/2022 à 14:57

Avec 36% des suffrages exprimés, le Tapura fait presque aussi bien qu’en 2017 aux législatives et confirme sa suprématie politique. Il est suivi cette fois-ci du Tavini qui devient la 2e force politique avec ses 27% des voix, loin devant le Amuitahira’a de Gaston Flosse et ses 14%. Un score marqué par une forte attente de l’électorat pour un changement de la classe politique et un certain clivage entre autonomistes et indépendantistes.


27 candidats, soit autant qu’en 2017, et un taux de participation quasi identique, mais un rapport de force qui évolue. Avec 36% des voix contre 39% en 2017, le Tapura huiraatira’a confirme sa suprématie politique, mais perd du terrain. En tête dans 2 circonscriptions contre 3, 5 ans plus tôt, le parti au pouvoir se heurte cette fois au Tavini huiraatira’a pour le second tour, avec des candidats au coude à coude dans les circonscriptions 2 et 3 et un écart parfois de tout juste quelques centaines de voix. La partie est donc loin d’être aussi simple qu’en 2017.

« L’électorat envoie des messages clairs au Tapura. Il y a une insatisfaction de l’offre politique, et de manière générale une insatisfaction de la politique »

Sémir Al Wardi, politologue

Le verdict des urnes rebat ainsi les cartes, plaçant désormais le Tavini en 2e force politique du Pays. « L’offre politique étant ce qu’elle est, l’électorat veut montrer qu’il souhaite un changement de la classe politique. Or, le Tavini présente des jeunes qui n’ont pas des années d’expérience« , poursuit le politologue Sémir Al Wardi. « Moetai a également fait un travail reconnu par l’électorat, un travail qui peut engager sur les autres candidats du Tavini ». Preuve d’une forte attente de l’électorat pour le renouvellement de l’offre politique. « Il y avait quand même une alerte pendant la présidentielle et on voit qu’elle continue, que l’électorat envoie des messages clairs au Tapura. Il y a une insatisfaction de l’offre politique, et de manière générale une insatisfaction de la politique« , commente l’observateur de la société polynésienne.

Autre signe très net envoyé par l’électorat : l’avance confortable accordée à Nicole Bouteau dans la 1ère circonscription.  Avec 12 970 voix (41,9%), la candidate du Tapura enregistre le double des voix de son jeune adversaire du Tavini, Tematai Le Gayic et ses 6 224 (20,1%). Une confiance que le politologue attribue aux choix politiques de l’ancienne ministre du Tourisme. Et notamment son départ du gouvernement devant l’entêtement de l’ex vice-président, Tearii Alpha, à refuser la vaccination anti-covid. Une posture à contre-courant de la stratégie sanitaire du Pays. « Elle s’est appuyée sur un principe fondamental de toute démocratie, c’est-à-dire que la loi s’applique aussi bien aux citoyens qu’aux dirigeants », commente le politologue. « On peut dire que l’électorat a beaucoup apprécié cette droiture, l’absence de tergiversations, ce respect des grands principes de la démocratie. C’est un signe et un message très clairs ».

« La stratégie qui consistait à changer de nom, le Tahoeraa huiraatira’a, un nom bien inscrit dans la culture politique locale (…), finalement, n’a pas porté ses fruits »

Sémir Al Wardi, politologue

Le renouvellement politique attendu par les électeurs, c’est aussi ce qui aurait permis au parti fraîchement créé, A here ia porinetia, et son programme en faveur du « renouvellement de la classe politique », d’arriver en 3e position dans deux circonscriptions avec 14% des suffrages. Un score quasi identique avec celui du Amuitahira’a no te nuna’a ma’ohi, qui enchaîne les défaites. « La stratégie qui consistait à changer de nom, le Tahoeraa huiraatira’a, un nom bien inscrit dans la culture politique locale et de changer aussi de ligne politique avec l’Etat associé, finalement, n’a pas porté ses fruits », analyse le politologue. « L’électorat s’en est méfié. On peut d’ailleurs se demander si le Amuitahiraa ne va pas changer de stratégie avant les territoriales de l’année prochaine ».

Reste à savoir qui du Amuitahiraa ou du A Here ia Porinetia prendra la 3e position sur l’échiquier politique. Avec un écart de seulement une quarantaine de voix, la lutte en perspective des territoriales sera rude.

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