Législatives : Tematai Le Gayic veut « changer la vision que les abstentionnistes ont des politiques »

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À 21 ans, il est le plus jeune candidat de ces élections législatives. Tematai Le Gayic du Tavini Huiraatira est arrivé second dans la première circonscription avec un peu plus de 20% des suffrages exprimés.

Publié le 12/06/2022 à 21:05 - Mise à jour le 13/06/2022 à 9:50

À 21 ans, il est le plus jeune candidat de ces élections législatives. Tematai Le Gayic du Tavini Huiraatira est arrivé second dans la première circonscription avec un peu plus de 20% des suffrages exprimés.


Votre jeune âge, on en parle beaucoup, c’est un point qui aurait pu vous fragiliser face à des candidats plus expérimentés. Un député polynésien et indépendantiste de 21 ans, pourquoi est-ce que ça devrait être le choix des électeurs samedi ?

« Tout d’abord j’aimerais remercier toutes celles et ceux qui pris le temps et qui ont eu l’énergie d’aller voter pour ce 1er tour, quel que soit la circonscription et remercier les plus de 23 000 électeurs qui ont fait confiance aux trois candidats du Tavini Huiraatira. L’objectif de cette élection, c’était aussi de mettre en avant la jeunesse. Pour les élections législatives, parce que c’est une élection qui au final prépare l’avenir institutionnel de la notre pays, et quoi de mieux que de mettre en avant des futurs leaders qui puissent préparer ce nouveau statut. Cette préparation dans notre cadre à nous d’un nouvel état indépendant, sur plusieurs années. »

Face à vous il y a Nicole bouteau, l’ex-ministre du tourisme et du Travail, seuls 20 points d’écart vous séparent au 1er tour. Qu’est-ce qui pourrait inverser la tendance ?

« Évidement lorsqu’on regarde en fonction du nombre de voix qui nous sépare, ou du nombre de points qui nous sépare ça semble difficilement rattrapable. Mais sur les 30 000 électeurs qui se sont exprimés dans la 1re circonscription, il y en a 14 000 qui ont fait le choix, ni de Nicole Bouteau, ni de Tematai Le Gayic, et il y en a 40 000 qui ne se sont pas déplacés. Finalement on a une réserve de voix qui est de l’ordre de 54 000, quand il n’y a que 6000 petites voix qui nous séparent. Et au final l’objectif c’est d’aller convaincre à la fois ces 14 000 qui se sont déjà exprimés au 1er tour et ces 40 000 qui ne se sont pas déplacés pour beaucoup de raisons, la majorité parce qu’ils sont lassés de la politique, surtout des responsables politiques. Ils ne voient plus l’intérêt de se déplacer et de voter pour des responsables politiques. »

Et justement, comment convaincre ces abstentionnistes ?

« Alors les abstentionnistes, on fait un travail de terrain évidement. L’objectif c’est aussi de changer la vision qu’ils ont des responsables politiques. Pendant longtemps, ils ont cru en des responsables politiques qui ont menti, triché, qui sont corrompus, et donc il faut redorer l’image de ces responsables politiques. Il faut mettre en place des lois qui nous permettent d’être plus proche d’eux. Nous on est pour, par exemple, un référendum d’initiative citoyen, on est pour un référendum révocatoire ce qui permet de donner plus de pouvoir au peuple. Mais il y a aussi un travail à faire sur tous ceux qui sont allés voter au 1er tour. Lorsqu’on regarde, les élections françaises, c’est à deux tours, le 1er tour on choisis, on va voter pour qui on a envie, pour nos convictions et le 2nd tour on élimine. Au 2nd tour, on a le choix entre le parti majoritaire, ça fait 10 ans qu’ils sont au pouvoir et qu’ils veulent soutenir la politique d’Emmanuel Macron. Et un nouveau souffle, un changement qui finalement est le Tavini Huiraatira et la 1re force d’opposition dans notre pays, et la plateforme qui pourrait permettre le changement face au Tapura Huiraatira et face à Emmanuel Macron. Et lorsqu’on regarde notre programme au Tavini huiraatira et le programme de A here i a Porinetia qui souhaite plus de démocratie, Heiura les verts qui souhaite mettre en avant l’environnement, le Amuitahiraa qui souhaite qu’on récupère plus de pouvoir, pareil pour Tauhiti Nena, pareil pour Jean-Paul Théron… on se rend compte qu’on a plus d’affinités ensemble que si ces électeurs font le choix du Tapura Huiraatira« 

On va continuer de parler des candidats malheureux, parce qu’il y a peu Gaston Flosse s’est exprimé sur notre plateau et a déclaré que vous n’étiez pas indépendantiste. Qu’avez-vous à lui répondre ?

« Je pense que Gaston Flosse est fâché des résultats des élections. Il faut se rendre compte quand même que c’est la 1re fois que monsieur Gaston Flosse se retrouve dans cette situation, qu’il n’a aucun candidat présent au 2nd tour et qu’il était peut-être mon challenger, mon concurrent dans la 1re circonscription. Peut-être que… c’est comme ça, il doit sûrement être fâché. Mais, l’abstention pour ces élections ce n’est pas lui qui a le monopole, il aimerait avoir le monopole de l’indépendance, ce n’est pas le cas, les polynésiens ont fait le choix du Tavini Huiraatira et il n’a sûrement pas le monopole de ces voix, et on le voit dans les quartiers, on le voit avec les différents référents du Amuitahiraa, qu’ils veulent apporter leur soutien au Tavini Huiraatira parce qu’ils savent que pour avancer, pour permettre que leurs idées soient entendues lors de ces élections législatives, ils doivent faire le choix de cette nouvelle plateforme que propose le Tavini Huiraatira. »

Dans les trois circonscriptions, il y aura donc des duels Tapura/Tavini, autonomiste/indépendantiste. Pensez-vous que c’est aux parlementaires, notamment aux députés, de porter ce combat ?

« Le clivage autonomie/indépendance, il a été mis en place dès la veille du 1er tour par des élus du Tapura Huiraatira. Nous on rappelle que ces élections législatives, ce n’est pas un combat pour l’indépendance, nous n’allons pas décréter l’indépendance le 18 au soir ou le 19 au matin. Le combat c’est, est-ce que nous voulons d’abord protéger les intérêts des Polynésiens ou ceux du président de la République. Parce que, quand on entend le Tapura Huiraatira, c’est toujours pour Emmanuel Macron, pour la politique d’Emmanuel Macron, pour le gouvernement Tapura. Nous ce que nous disons c’est qu’il y a les intérêts des Polynésiens à défendre en 1er lieu et on se rend compte que les polynésiens veulent faire le choix du Tavini Huiraatira parce que c’est la seule voix pour protéger d’abord les intérêts des polynésiens vis-à-vis de la République française.« 

Un dernier mot pour les téléspectateurs qui nous regardent ?

« Oui, alors, j’appelle l’ensemble des Polynésiens et des Polynésiennes à s’investir dans ces élections pour le second tour, de venir massivement voter le 18, de faire confiance à la jeunesse. Notre objectif pour ces élections, c’est qu’il y ait plus d’engouement même si on sait que les élections législatives ne font pas tourner les foules. C’est vrai que ce n’est pas si proche qu’un maire, ce n’est pas si proche qu’un représentant à l’assemblée, mais c’est important pour les cinq prochaines années, par ce que les personnes qui seront élues pour ces cinq prochaines années auront des choix à faire pour les 30 ans à venir. Si nous prenons les mauvaises personnes et surtout, si nous ne prenons pas une jeunesse informée et convaincu par l’avenir de ce pays, ils ne seront pas là pour regarder le désastre qu’ils mettront en place. »  

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