Vous êtes arrivée en tête pour le premier tour des législatives loin devant votre adversaire. Quelle a été votre première réaction à l’annonce des résultats ?
« Heureuse. Une grande satisfaction. Effectivement, quasiment 13 000 électeurs qui ont porté leur confiance sur ma candidature et sur celle de Joseph Kaiha, notre hakaiki de Ua Pou; Et des remerciements tout de suite parce que je me suis repassée ces 4 mois de campagne; Aller à la rencontre de nos archipels… Je crois que j’ai fait toutes les vallées habitées des 6 îles des Marquises. J’ai sillonné les Tuamotu. En tout j’ai dû faire 32 îles, parfois des îles où je n’étais jamais allée : Karenga, Katiu, où parfois il n’y avait que 30 personnes sur l’ile au moment où on est passés mais où les rencontres ont été extrêmement riches. On a une circonscription, la circonscription 1, qui est juste incroyable, avec des communes comme Papeete, Pirae, Arue. Des communes urbaines, l’agglomération de Papeete. Et puis ensuite nous avons les archipels où là on est dans le monde rural, le monde des îles. »
C’est cette proximité qui a joué en votre faveur par rapport aux autres candidats ?
« Je pense que c’est cette proximité. Ensuite pendant cette campagne, j’ai eu la chance d’avoir à mes côtés Maina Sage notre député actuelle qui a fait le choix d’arrêter la politique. Et donc ça a été l’occasion pour elle de remercier mais surtout d’expliquer concrètement quel est le rôle du député. Et elle a pu mettre en lumière, dans son bilan, ce qui venait améliorer le quotidien des populations que ce soit dans les conventions financières négociées et votées au niveau de l’Assemblée nationale puisque le budget de la France prévoit également des budgets pour la Polynésie que ce soit pour nos ports, nos aéroports, nos quais; Et les populations des îles quand elles se disent que 70% du quai de Anaa est financé via une convention avec l’Etat, eh bien tout de suite ça parle. J’ai eu également le soutien de nos équipes, le soutien de beaucoup de tavana dans les archipels. Donc une campagne de proximité pendant 4 mois. Et puis je pense également que mon parcours, mon bilan, celui au sein du gouvernement, avec deux années de pandémie où nous avons porté des dispositifs pour sauvegarder les emplois, soutenir les entreprises, a également porté ma candidature pour ce premier tour. Maintenant l’élection n’est jamais gagnée d’avance et je suis extrêmement mobilisée avec mes équipes sur ce second tour bien évidemment. »
Vous avez recueilli près de 42% des suffrages. Est-ce que le Tapura a fait le plein des voix ?
« Alors c’est 42% des suffrages exprimés, c’est-à-dire des personnes qui se sont déplacées pour aller voter. Nous en avons quand même beaucoup qui ne se sont pas exprimés. Donc le taux d’abstention est quand même relativement élevé. Nous étions un long week-end. On a eu des témoignages aussi de personnes qui nous ont dit qu’ils avaient de toute façon l’intention de se déplacer au second tour (…) Je pense qu’on aura un taux de participation plus important et puis je dirai également que ce qui peut paraitre inattendu dans ce second tour c’est que nous avons aujourd’hui trois candidats autonomistes face à trois candidats indépendantistes. Ce n’était peut-être pas le scenario attendu mais en tout cas c’est le scenario qui est celui du deuxième tour avec le président du Tavini Huiraatira monsieur Oscar Temaru qui dès le soir du premier tour a clairement dit : « si j’ai trois députés Tavini Huiraatira, eh bien nous irons demander la mise en place du processus d’autodétermination en France, en Europe mais également à l’ONU. »
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Comment est-ce que vous avez réagi face à ces résultats du premier tour, le duel indépendance et autonomie ?
« De fait, ce clivage est revenu. C’est vrai que dans le cas de ce second tour, est-ce qu’on voit dans la France, dans le gouvernement en place, un adversaire ? Ou est-ce qu’on voit comme nous un partenaire, un partenaire fort dans un monde qui est en mutation, un partenaire qui nous a accompagné au plus fort de la pandémie, un partenaire qui nous a accompagné sur le plan sanitaire, qui nous a accompagné sur le plan économique pour que notre économie puisse être résiliente, qu’elle puisse résister ? Maintenant nous avons besoin d’un accompagnement pour la relance de notre économie parce que la relance de notre économie c’est aussi la création d’activités, la création d’emplois et c’est vrai que l’emploi est au coeur également de cette élection. Notre rôle en tant que député si nous sommes élus c’est d’être les porte-paroles de notre pays, d’être opérationnels. Si je suis élue le 18 juin, dès le lendemain je pars avec une partie du gouvernement, avec notre président, pour déjà aller porter nos urgences à Paris dans un contexte, vous le savez, où j’entendais notre vice-président et notre ministre de l’Energie, évoquer la flambée des hydrocarbures. Il va falloir de nouveau doter de 4 milliards le FRPH. ces soutiens, ces partenariats sont importants; je siègerai au sein de la majorité présidentielle. Il est venu, il connait nos problématiques. Il nous a accompagné. Nous savons que cette relation de confiance que nous avons bâtie avec Emmanuel Macron, nous pourrons la poursuivre sur les 5 prochaines années. »
Pour la stratégie de ce second tour, certains candidats déçus de ces législatives vont même jusqu’à soutenir votre adversaire avec pour mot d’ordre : faire barrage au Tapura. Comment est-ce que vous le ressentez ?
« Ça ne me pose pas de problème particulier. On se doutait qu’il y aurait cet appel à faire front face au Tapura Huiraatira. Moi je pense avant tout que les électeurs ne sont la propriété de personne. Donc je m’adresse avant tout aux électeurs de la circonscription 1 mais également à ceux des deux autres circonscriptions de mes collègues Tepuaraurii Teriitahi et Tuterai Tumahai. La question c’est cet appel que nous lançons : quelle société pour demain ? Est-ce que c’est une société dans un partenariat renforcé, dans un partenariat qui peut être encore amélioré, toujours avec la France. Ou alors est-ce que c’est un processus vers la souveraineté de notre pays ? »
Est-ce que vous avez reçu le soutien d’autres candidats déçus ?
« Non mais par contre des appels de tavana qui au premier tour avaient fait le choix d’autres candidats et qui dans le cadre de ce second tour, parce qu’ils sont avant tout élus communaux, parce qu’ils connaissent l’importance de ce partenariat Etat-Pays-communes, nous ont dit « on ne veut pas entrer dans cette aventure que pourrait être l’indépendance donc nous vous apportons notre soutien sur ce second tour ». »
Il reste encore deux jours de campagne avant le second tour. Vous allez retourner sur le terrain, organiser des meetings ?
« Dès le lendemain (du premier tour, NDLR) j’étais sur le terrain. C’est essentiellement du porte à porte sur Moorea, sur Tahiti, Papeete, Arue, Pirae. Des appels avec les îles parce que pas le temps de se déplacer dans les archipels et puis ce sont des rencontres avant tout pour inciter à venir voter dans le cadre du second tour, remercier encore une fois les électeurs qui se sont déplacés et c’est un appel à la mobilisation (…) Jusqu’à jeudi soir, nous serons sur le terrain. »