L’affaire Jambet n’en finit pas de faire des vagues. Nommé fin août à la tête de l’Office Polynésien de l’Habitat, il est aujourd’hui dans le collimateur de l’ensemble des formations politiques à l’Assemblée de Polynésie. Peu après sa nomination, nos confrères de Tahiti Infos avaient révélé que l’intéressé avait été condamné au civil pour avoir détourné environ 6 millions de francs à son ancien employeur en reproduisant la signature de celui-ci. Interrogé dans la foulée, le président Moetai Brotherson lui avait renouvelé sa confiance.
Mais vendredi, un conseil politique du Tavini a demandé à l’unanimité la démission, voire le limogeage, de Yan Jambet. « Ils ont décidé de faire savoir à ce monsieur qu’il faut qu’il s’en aille. Si ça ne se fait pas, c’est le président -du Pays, Ndrl- qui prendra sa décision, car c’est lui qui l’a embauché », indique, ce mercredi, le président du parti indépendantiste, Oscar Temaru.
Les partis d’opposition sont, eux aussi, dubitatifs. « Nous avons été surpris de voir le président défendre cette candidature (…) L’OPH n’est pas un petit établissement public. Il y a quand même un budget de 15 milliards de francs », souligne la présidente de A Here Ia Porinetia, Nicole Sanquer.
« Lorsque l’on a un président qui, lorsqu’il était député, et depuis toujours (….) a prôné la probité, on peut s’étonner qu’il n’applique pas cette exigence de probité pour un dirigeant d’établissement public (…) Quelqu’un qui a été condamné n’a pas sa place à la tête d’un établissement public », renchérit Tepuaraurii Teriitahi, représentante Tapura qui a d’ailleurs adressé une question écrite à ce sujet au chef de l’exécutif.
« Il y a clairement une division »
Outre le cas Jambet, c’est aussi l’état des relations entre le président du Pays et sa majorité qui interroge les élus de l’opposition. « Cela créé une division au sein du Tavini », estime Nicole Sanquer, « on voit bien que, sur plusieurs sujets, l’Assemblée a un discours différent du gouvernement. En pleine ouverture de la session budgétaire, cela créé quelques tensions ».
Tepuaraurii Teriitahi livre la même analyse : « C’est très inconfortable. À partir du moment où l’on prend une décision, et que la majorité ne vous suit pas, on n’est pas loin d’une défiance (…) On voit bien qu’il n’y a pas du tout de soutien (…) Il y a clairement une division ».
Pour l’élue Tapura, cette affaire fait même craindre « une forme d’instabilité » à quelques jours de l’ouverture de la session budgétaire : « Est-ce que la majorité suivra les préconisations gouvernementales en termes budgétaires ? Il y a de quoi s’interroger ».
Oscar Temaru assure, lui, que Moetai Brotherson a « tout le soutien de la majorité », mettant la nomination de Yan Jambet sur le compte d’une erreur de casting. « Ce sont des choses qui peuvent arriver. Comme disait Einstein, il y a que celui qui ne travaille pas qui ne fait pas d’erreur. Je connais le métier de président (…) C’est tout à fait normal », dit-il.
Selon son service de communication, Moteai Brotherson s’exprimera sur ce sujet dès son retour à Tahiti en fin de semaine.