Une dette nucléaire à 18 milliards sans obligation de justifier les investissements, un financement substantiel du RSPF et des rénovations des établissements scolaires du secondaire, une défiscalisation prorogée sine die (!), une nouvelle loi pour les indemnisations des victimes du nucléaire et l’application de la contribution au service public de l’électricité (CSPE)… Sarkozy n’a visiblement pas discuté longtemps avant de lâcher sur tout ce qu’il refusait pourtant quand il était à l’Elysée.
C’est que, en retard dans les sondages qui continuent invariablement de donner Juppé vainqueur de la primaire de la droite, Sarkozy est prêt à tout pour récupérer des voix dans tous les territoires de la République. « 20 000 voix du Tahoera’a possibles » pronostique Gaston Flosse avec un optimisme déconcertant. Les organisateurs de la primaire en Polynésie eux même n’osent pas tabler sur plus de 10 000 votants…
Mais ce qui fait le plus plaisir à Flosse n’est pas tant de surprendre tout le monde (y compris les gens de son propre camp qui ne se précipitent pas pour commenter le nouveau ralliement à Sarkozy), c’est surtout d’aller taquiner Edouard Fritch. Pris entre les promesses de Hollande, les accords de Papeete et un Juppé séduisant et soutenu par l’un de ses ministres, le président du Pays ne peut pas, pour l’instant, se jeter dans la bataille électorale de la présidentielle. En annonçant une convention de partenariat entre les Républicains et le Tahoera’a (encore au stade de la rédaction) Flosse s’amuse et propose à Edouard Fritch « d’aller chercher ses investitures aux législatives du côté du Parti socialiste ».
Bref, alors qu’il avait déclaré au dernier congrès du Tahoera’a « jamais nous ne soutiendrons Nicolas Sarkozy », Gaston Flosse devrait se souvenir qu’il ne faut jamais dire jamais en politique. « Nous sommes tous des enfants de Jacques Chirac », se justifie le Vieux Lion qui n’est jamais à court d’une contradiction.
Mais son rapprochement avec Sarkozy, comme cette convention entre les Républicains et le parti orange, ne sont pour l’instant qu’un coup de poker. Un pari négocié avec un candidat à la primaire donné perdant et Laurent Wauquiez. Ce dernier, rappelons-le est le président « par intérim » du parti gaulliste. Et les statuts du mouvement gaulliste sont clairs : c’est le vainqueur de la primaire qui recomposera la direction du parti. A sa main évidemment, afin de mettre en marche la machine électorale pour l’élection présidentielle. En clair, si Sarkozy est battu les 19 et 26 novembre prochain, c’est toute la stratégie de Flosse qui s’effondre. Jusqu’à la prochaine.