Edouard Fritch : « on peut encore évoluer et répondre à ce besoin de changement de nos populations »

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À la veille du second tour des élections territoriales, Edouard Fritch était l'invité de nos journaux. Le président sortant dit avoir entendu le besoin de changement exprimé par la population. La cherté de la vie, les allocations et le logement seront ses priorités en cas de victoire. Et si la liste Tapura n'était pas élue, il promet de rester un "vigilant observateur". Pour lui, la Polynésie ne pourrait être indépendante avant longtemps.

Publié le 28/04/2023 à 19:05 - Mise à jour le 28/04/2023 à 16:52

À la veille du second tour des élections territoriales, Edouard Fritch était l'invité de nos journaux. Le président sortant dit avoir entendu le besoin de changement exprimé par la population. La cherté de la vie, les allocations et le logement seront ses priorités en cas de victoire. Et si la liste Tapura n'était pas élue, il promet de rester un "vigilant observateur". Pour lui, la Polynésie ne pourrait être indépendante avant longtemps.

TNTV : On arrive au terme de cette campagne. Votre stratégie, vos choix, les arguments que vous aurez défendu lors des meetings et face aux médias… en êtes-vous satisfait ?
Edouard Fritch : « Oui on en est satisfaits puisque nous-mêmes et nos militants avons développé de gros efforts sur le terrain pour faire compléter l’information de nos électeurs. Et puis, depuis la semaine dernière, nous sommes deux à être sur le terrain avec le président du Amuitahira’a qui, de son côté aussi, continue à informer ses sympathisans. »

TNTV : À la suite de ces derniers meetings au côté de Gaston Flosse, percevez-vous un sursaut favorable à votre liste ?
Edouard Fritch : « Il suffit de regarder le nombre de personnes qui viennent à nos meetings et cela depuis les îles Sous-le-Vent et hier soir à Papeete, vous avez vu qu’il y avait plus d’un millier de personnes autour du chapiteau de la mairie. Oui, je crois qu’il y a un sursaut et surtout cette réconciliation a créé, je crois, une énergie sentimentale d’abord parce que les gens y croyaient peu, et cette réconciliation a surtout donné beaucoup de peps, beaucoup d’énergie, beaucoup de foi à nos militants. Le fait d’abord de se retrouver en famille (…) et de pouvoir se tenir par les coudes. »

TNTV : Cette réconciliation a aussi fait polémique. Vos concourrents du second tour ont d’ailleurs refusé sur une chaine concurrente de débattre avec Gaston Flosse qui n’est ni tête de liste du Tapura ni même éligible. Est-ce une erreur de campagne de l’avoir mandaté pour un débat politique ?
Edouard Fritch : « Moi, je pense qu’ils ont eu tord de refusé. D’abord, ça veut dire qu’ils avaient peur, simplement peur de débattre avec Gaston Flosse puisque, sur la chaine concurrente, ils ont admis le principe que d’autres que les candidats viennent. Jusqu’à hier soir, moi aussi je pensais que sur Polynésie la 1ère, j’aurais droit à la tête de liste du Tavini Huira’atira. Ce n’est jamais la tête de liste qui est venue. Donc, vous savez, tout le monde s’arrange. Il faut faire preuve aussi d’humilité parce qu’on a affaire à des hommes politiques, on a affaire à des candidats. Il faut y aller, il faut discuter. »

TNTV : Nuihau Laurey et Nicole Sanquer l’ont affirmé plusieurs fois dans cet entre-deux tour, Gaston Flosse leur avait proposé une alliance Amuitahira’a – A Here ia Porinetia pour faire barrage au Tapura. C’était avant de sceller votre alliance actuelle. Partant de cela, faut-il s’inquiéter de la pérennité de votre accord à l’avenir ?
Edouard Fritch : « Attention, ce n’est pas ce qu’a proposé Gaston Flosse. Il m’en a parlé. Ce qu’a proposé Gaston Flosse, c’est de créer une plateforme commune aux autonomistes. Ce n’est pas une alliance qu’avec le Amuitahira’a parce qu’il avait programmé de voir tout le monde dans la journée. Lorsqu’il a vu Nicole Sanquer et Nuihau Laurey le matin, il avait déjà sur son agenda marqué notre rendez-vous de 15h. Donc vraiment la volonté était de regrouper les autonomistes pour ces élections à venir mais surtout pour créer une plateforme derrière de gouvernement avec les différentes composantes autonomistes. Dans l’esprit de Gaston, vous l’avez vu, je crois qu’il n’est pas en train aujourd’hui de réfléchir à sa carrière. Il a fourni, il a investi tout ce qu’il a d’énergie dans la politique. Il y a mis toute sa vie. Je crois qu’aujourd’hui, notre préoccupation commune, sa préoccupation, c’est de protéger ce pays devant les dérives du Tavini Huira’atira et vous avez vu que, pendant cette campagne, effectivement, il y a de quoi s’inquiéter. »

TNTV : Il y a donc une volonté de rassembler les autonomistes. Et si vous l’emportez, y aura-t-il un gouvernement d’ouverture ? Votre gouvernement sera-t-il totalement nouveau ou bien retrouvera-t-on des visages que vous considérez comme incontournables ?
Edouard Fritch : « Vous savez, je suis un homme d’ouverture. Depuis que nous sommes aux affaires, j’ai laissé deux commissions à l’assemblée de Polynésie française envers et contre ma propre majorité. J’ai laissé deux commissions à l’opposition et ils en ont profité jusqu’à la fin du mandat. On n’en parle pas beaucoup mais c’est ce que j’ai toujours fait. Après il va rester la question du gouvernement. Je pense qu’il ne serait pas raisonnable d’avoir dans un gouvernement des gens de l’opposition. Mais ceci dit, des autonomistes, pourquoi ne pas en discuter. Moi je suis d’accord pour qu’on élargisse un peu plus cette plateforme. Je l’ai reconnu ici à TNTV. Effectivement, le monopartisme aujourd’hui ne fonctionne plus. Les gens ont peur de voir un seul parti, puissant, fort aux commandes de ce Pays. Je crois qu’il faut se partager le pouvoir. Il faut qu’on soit à plusieurs et qu’on puisse montrer qu’on est décidés à partager tout ce que nous avons. »

TNTV : Est-ce que vous avez des noms ?
Edouard Fritch :
« Non, pas encore. »

TNTV : Comment rassurer la population sur l’exemplarité de votre gouvernement si vous gagnez ?
Edouard Fritch :
« J’ai envie de dire à la population que malgré tout nous sommes le seul gouvernement à avoir traversé 9 ans sans avoir entendu parler de détournements de fonds publics, d’abus de bien sociaux ou je ne sais pas quoi. Nous avons été exemplaires. Je crois que dans le comportement des membres de mon gouvernement, les gens sont exemplaires. À l’assemblée idem. Bien sûr qu’il y a eu ces difficultés que nous avons tous connues. »

TNTV : Et qui ont marqué la population…
Edouard Fritch :
« Et qui ont marqué la population. Bien sûr, nous étions dans une période de souffrance. Je le conçois bien. J’ai été méchant pendant deux ans. Bien sûr, lorsqu’on interdit aux gens de s’embrasser, l’orsqu’on interdit aux gens de se voir, c’est difficile. Moi même j’en ai beaucoup souffert. Donc j’ai été moi même assez désagréable. Mais je n’ai pas changé et je pense que, au niveau de nos comportements, on peut encore évoluer et répondre à ce besoin de changement de nos populations. »

TNTV : Si vous gagnez, vous aurez une forte majorité grâce à la prime de 19 élus; Vous garderez en tête ce message, cette envie de changement de la part de la population ?
Edouard Fritch : « Oui je le garderais en tête parce que moi même j’ai beaucoup souffert donc je comprends cette souffrance de quelques uns, parce que ce n’est pas toute la population. N’oubliez pas que nous avons quand même eu un peu plus de 30 000 voix donc on n’est pas si rejetés que ça j’ai envie de dire. Parce que lorsqu’on entend les autres listes, on a l’impression que le Tapura Huira’atira doit être enterré vivant. Mais ce n’est pas ça. Je pense que vraiment, nous devons faire évoluer les choses. Je crois, et on l’a ressenti pendant ces dernières années, les Polynésiens sont aujourd’hui ouverts au mond extérieur avec les réseaux sociaux, avec la télévision. Donc il y a effectivement ce besoin de faire évoluer nous mêmes ici en Polynésie française notre monde politique. Je suis prêt à le faire et je suis convaincu qu’il faut y aller. »

TNTV : Si vous êtes élu, quelles seront vos premières mesures ?
Edouard Fritch :
« Les premières mesures, c’est d’abord de lutter contre la cherté de la vie. Tout le monde le sait aujourd’hui et même mes adversaires politiques le reconnaissent : l’inflation vient de l’extérieur. L’inflation vient des produits, l’inflation vient des transports. Donc ici en Polynésie française nous avons mis en place 23 mesures pour tenter de maintenir les prix. On a la baguette, il ne faut pas l’oublier, la moins chère au monde. Notre baguette est encore à 60 Fcfp alors qu’à Paris elle est à 200 Fcfp. On est obsédés par ça. Au niveau du gouvernement, nous ferons tout pour cela. Ensuite, il y a la Protection sociale généralisée. Vous savez que je suis très attaché aux allocations, très attaché à ces minimums de revenus que l’on peut donner aux familles : la vieillesse, les enfants et les handicapés. Donc il faut à tout prix qu’on se lance dans ce projet énorme, lourd, de la réforme de la PSG. On a commencé, on va continuer le travail.
Et puis après, se battre pour que tout le monde ai un logement, que tout le monde ai un terrain. Nous avons dit que nous pouvons le faire : nous sommes passés de 200 à 2000 logements sur la dernière mandature. Je crois que vous pouvez nous faire confiance à ce sujet. »

TNTV : Et si vous perdez, vous mettrez-vous en retrait ?
Edouard Fritch :
« Non, je n’ai pas envie de me mettre en retrait maintenant. Je ne suis peut-être pas encore suffisamment vieux pour partir à la retraite et puis j’ai aussi ma commune de Pirae. (…) Je serais tout de même un vigilant observateur à l’assemblée de Polynésie parce que je pense qu’on aura quand même quelques élus à l’assemblée. Je serais vigilant sur tout ce qui a été dit et tout ce qui va se faire demain. »

TNTV : Une Polynésie indépendante, ce n’est pas aussi votre rêve ?
Edouard Fritch : « Non, pas maintenant, dans 50 ans. »

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