« Je talonne les ministres jusqu’à les harasser »

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Publié le 09/04/2014 à 9:31 - Mise à jour le 09/04/2014 à 9:31

« C’est sur la population, dans son ensemble qu’a pesé l’essentiel de l’effort en faveur des démunis »

Le président du Pays a commencé son allocution par des propos très politiques. Pour lui, les élections municipales ont été une victoire sans conteste du Tahoeraa avec,  » sur 45 maires désignés jusqu’à présent, 30 sont Tahoeraa Huiraatira soit les 2 tiers, 3 sont Tavini, 7 sont ATP et 5 n’appartiennent à aucun mouvement ». « Des défaites comme celle-là, j’aurais voulu en connaître tout au long de ma carrière politique ! » a-t-il ajouté.
Il a ensuite dressé un bilan de la Polynésie telle qu’il l’a trouvée en prenant le pouvoir il y a presque un an, fustigeant l’héritage du gouvernement d’Oscar Temaru : « l’emploi en déroute, les finances publiques ruinées, interdisant tout sursaut,la cohésion sociale gravement mise en péril, l’économie en pleine récession. Le tableau clinique, comme disent les médecins, pouvait difficilement être pire ! Quand il faut redresser tout cela, et tout cela en même temps, oui, un an, c’est court ! »

Gaston Flosse estime que le gouvernement met les bouchées doubles : « Je ne me ménage pas. Je talonne les ministres jusqu’à les harasser. »
Il a en suite rappelé ses deux priorités : « tendre la main sans délai aux plus démunis et redresser les finances publiques désastreuses qu’on nous avait léguées ». Il a rappelé « la création du Secours à la famille Te Tauturu Utuafare a constitué notre première réponse à cette situation. Du 12 juin, date de sa mise en œuvre, au 31 décembre, ont été ainsi secourues, au moins, 22.000 personnes. Ceci s’est accompagné d’un relèvement significatif des allocations familiales et du minimum vieillesse du RST. Près de 20 000 enfants et 1750 personnes âgées en ont été, respectivement, les bénéficiaires. Un centre d’hébergement d’urgence a été ouvert pour les personnes sans abri. Simultanément, nous avons conçu et vous avez voté la loi du pays créant le Contrat d’Accès à l’Emploi, le CAE. Puis-je rappeler que ce dispositif a été immédiatement attaqué ? A n’en pas douter, l’UPLD craignait que la nouvelle majorité et le gouvernement ne parviennent à offrir rapidement des emplois à tous ceux qui souhaitent désespérément y accéder. Ce sabotage politicien a réussi. Il suffit de déposer un recours, si fantaisiste soit-il, pour bloquer durant des mois, voire plus d’une année, des mesures urgentes. Le résultat de cette manœuvre a été de retarder l’entrée en vigueur du CAE jusqu’aux premiers jours de 2014. »

Il a ainsi évoqué le redressement des finances publiques : « Dois-je rappeler qu’Oscar Temaru nous avait laissé 54 milliards de dettes ?Nous avons dû augmenter les impôts des entreprises les plus importantes et des citoyens les plus aisés, comme nous l’avions annoncé. (…) Nous avons pris nos responsabilités. Nous les avons prises également en abaissant de cinq points l’impôt sur les sociétés. Nous savons, en effet, que la relance passe par la bonne santé des entreprises. Permettez-moi donc d’insister sur l’effort consenti à leur bénéfice. Cinq points de moins, cela veut dire qu’un impôt qui s’étageait de 30 à 40%, se situe maintenant entre 25 et 35% soit une baisse de 17% pour les sociétés qui étaient taxées à 30%. » (…) « Alors que le montant de liquidation des dépenses d’investissement avait chuté à 12 milliards en 2012, les crédits de paiement disponibles pour 2014 s’élèvent à 37 milliards 410 millions. Je souligne qu’il ne s’agit pas là de simples inscriptions budgétaires mais de fonds qui seront réellement disponibles du fait de notre solvabilité reconquise ».

Il a également évoqué l’investissement : « L’OPT va commencer 1,7 milliard de travaux pour le centre de tri postal de Faa’a en mai prochain. L’OPT débutera la reconstruction de son siège avant octobre, pour son transfert du Parc Bougainville à l’avenue Prince Hinoi. Le montant de ces travaux est estimé à 5,4 milliards. Le Port autonome a entamé un programme de 3 milliards. L’aéroport va démarrer des travaux de rénovations pour 1,9 milliards. Le logement social, enfin, disposera de 10 milliards de crédits. »
Pour le président du Pays, c’est « le volet premier du plan de relance ».

Il n’a ensuite donné que les grandes lignes de la cinquantaine de mesures prévues dont voici l’essentiel :
Le plan comporte trois axes majeurs :
–          Favoriser la création d’emplois,
–          Dynamiser nos principales potentialités économiques,
–          Renforcer la compétitivité de l’économie. »
 
Droit du travail :
« Le plan s’appuie donc sur le vaste programme de travaux publics de toute sorte dont je vous ai rappelé la teneur. Simultanément, nous entendons faciliter l’embauche par un assouplissement du droit du travail. Il consiste à mettre en place: le « contrat de chantier ». Celui-ci proportionne la durée du contrat à celle du chantier pour lequel on embauche une personne. La relance de l’emploi passe également par l’assouplissement de l’utilisation du chèque emploi/service. Un projet de loi du pays permettra de déplafonner le nombre d’heures mensuelles autorisées afin de permettre un mi-temps. »

Logement :
Nous avons élaboré, à cet effet, un dispositif facilitant l’accession à la propriété. Il comporte une prime pour l’acquisition d’un logement neuf. Elle sera attribuée sous condition de revenus et plafonnée, à cet effet, à quatre SMIG.
Le dispositif s’accompagnera d’une réduction importante des droits d’enregistrement.
Les primo acquéreurs se verraient offrir un taux zéro pour la tranche inférieure à 15 millions et un taux de 2% au lieu de 7%, au-delà. Nous attendons de ces deux mesures une dynamisation sensible du logement intermédiaire.

Tourisme :
« Le second axe du plan de relance porte sur la dynamisation de nos potentialités : le tourisme, les ressources de la mer et de la terre et le recours aux énergies renouvelables.
S’agissant du tourisme, notre action s’inscrit en deux temps : tout d’abord nous devons améliorer et diversifier notre produit.
Le réaménagement de nos sites terrestres sera entrepris dès cette année. Par ailleurs, des mesures d’encouragement au tourisme nautique seront prises » (une demande soulignée par Olivier Kressmann, leader du Medef, ndlr).
« La création de grands complexes hôteliers et de loisir ainsi que l’accroissement et la diversification simultanés de l’offre de transport aérien, constituent le thème majeur de notre politique de développement touristique à moyen et long terme.
Vous avez voté la loi du pays qui crée la zone prioritaire d’aménagement et de développement touristique de Tahiti Mahana Beach. »
« Ce n’est pas un mystère non plus que je fais tout mon possible pour séduire des investisseurs potentiels pour qu’ils reprennent le golf d’Atimaono et qu’ils édifient autour un ensemble immobilier de prestige sans lequel aucun golf ne peut couvrir ses frais. Ce projet, est adossé à la création d’une ligne aérienne entre la Chine et Tahiti et d’un deuxième golf, apportant ainsi une dimension nouvelle à notre tourisme. »

Environnement :
Concernant l’aquaculture aux Tuamotu : « nous n’en sommes plus à rechercher un investisseur. Nous l’avons trouvé. Il s’agit d’un fonds d’investissement chinois, le TIAN RUI International Investment. (…) Il prévoit la mise à disposition d’une terre domaniale de 26 hectares pour une période renouvelable de 30 ans aux conditions habituelles de mise à disposition de terres publiques. »

Ressources naturelles :
« Nous avons passé un accord d’une durée de 15 ans avec la société chinoise Xisha Noni pour relancer l’exportation du noni. Cette société s’est engagée à acheter, à terme, 4.000 tonnes par an de fruits payés 60 FCP le kilo au producteur. »

Compétitivité :
« Le troisième et dernier volet du plan a pour objet de rendre notre économie plus compétitive ».
« Un projet remanié de code de la concurrence est destiné notamment à lutter contre les abus de position dominante ou aux effets négatifs de la concentration commerciale. Encourager l’initiative privée constitue un autre objectif de ce troisième volet. Deux mesures s’inscrivent dans cet ordre de préoccupation : un dispositif de financement des petites et très petites entreprises et la mise au point d’un cadre législatif fait pour encadrer le partenariat public – privé. L’instauration d’une fiscalité plus favorable à l’initiative figure également parmi les projets à l’étude.  »
« (…) Nous préparons l’exploitation des richesses minérales des fonds de notre ZEE. »
 
Gaston Flosse a terminé son discours en rappelant les risques de l’indépendance et l’importance de l’autonomie de la Polynésie française. Il a même évoqué un réajustement technique de notre statut d’autonomie.

Retrouvez le discours dans son intégralité :

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