« D’abord je suis content d’entendre que tout le monde parle de la culture comme un des axes forts du développement du tourisme. Il était temps. En tout cas pour nous ça fait partie des deux axes forts : la culture et l’environnement. C’est aussi pour ça que nous nous sommes battus pour avoir des labels auprès de l’Unesco parce que ce sont des labels qui reconnaissent les efforts qui sont faits dans ces deux domaines. Le Tahitian village, oui il va mettre du temps… »
Quelles sont vos actions en attendant ?
« Les derniers chiffres c’est 250 000 touristes sur 2017. En attendant nous continuons à développer le Pays au rythme qu’il est possible de développer. Dire 500 000 touristes, 600 000 touristes, c’est vendre du rêve. On a eu des investisseurs Australiens. Clive Palmer, c’était celui d’Oscar Temaru, d’ailleurs il a des problèmes avec la justice. On a des Chinois, des Arabes. 500 milliards. Nous, nous sommes allés chercher nos frères polynésiens juste à côté, pour développer un tourisme à notre image. »
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Il faut bien favoriser l’investissement. Quel est le programme du Tapura ?
« Il a fallu d’abord avant de se lancer dans de grands projets, assainir les comptes de la Polynésie. Il faut savoir que nous étions au bord de la cessation de paiement. Que par deux fois les précédents présidents ont demandé des avances de trésorerie à la France. Il a fallut d’abord consolider nos propres comptes pour pouvoir relancer de l’investissement local. Un certain nombre de dispositions ont été prises, nous avons baissé pas mal de taxes, notamment pour favoriser à nouveau le pouvoir d’achat mais aussi favoriser les investissements. Ce sera ensuite les grands chantiers. Mais nous faisons les choses dans les règles. C’est peut-être la grande différence. Le Mahana beach en un an, c’est du rêve. Sauf bien sûr à ne pas respecter les règles de l’administration. «
On va passer à un autre sujet : le nucléaire. Est-ce que ce n’est pas un sujet où le consensus politique entre les partis doit être de mise pour faire pression sur la France ?
« C’est ce que je demande personnellement lorsque je rencontre les associations. Au-delà des partis politiques, c’est toute la population, l’ensemble des Polynésiens qui doit porter cette question. Aujourd’hui ce n’est plus la cause d’un parti politique, d’une association. Cela doit être la cause de tous les Polynésiens. Nous nous sommes tous à un moment donné fait berner par la France. Certaines personnes seulement à l’époque se sont élevées. On pense notamment à Pouvana a Oopa mais aussi à John Teariki. »
Vous êtes d’accord sur la question d’un référendum ?
« Sur la question d’un référendum, le président Fritch avait déjà répondu qu’il est d’accord. Mais quelle est la question ? On n’a toujours pas de réponse. mais est-ce que ce référendum va nous unir ou ne va pas justement nous diviser. Parce que la réponse elle est binaire : oui ou non. Avant de savoir ce qu’on veut comme réponse, il faut savoir ce qu’on veut comme question. Nous on pense qu’il faut aujourd’hui unir tous nos efforts quels qu’ils soient. Que ce soit les églises, associations, les partis politiques. Tous nous devons nous battre pour faire avancer ce dossier. Même si une avancée notoire a été faite avec la venue de François Hollande qui a quand même prononcé des paroles fortes. Il ne faut pas l’oublier. »
On va parler environnement. On le voit, la pollution est de plus en plus présente au fenua. En tant que ministre de l’Environnement, vous avez mis en place le dispositif de pollueur-payeur. Mais on constate que la situation n’a pas bougée. Qu’est-ce que le Tapura compte faire ?
« La police municipale, les gendarmes mais surtout la police peut verbaliser. »
Est-ce qu’elle le fait ?
« Là c’est autre chose. »
Parce qu’en attendant, on a toujours le même constat
« Je ne sais pas si vous vous êtes rendus compte. Même sur vos télés, nous faisons passer aujourd’hui des messages pour sensibiliser la population à des gestes éco-citoyens. Nous essayons de promouvoir des manifestations éco-citoyennes. Le problème aujourd’hui c’est qu’il ne s’agit pas juste de dénoncer. Il faut aussi que chacun d’entre nous, nous faisions les bons gestes. On a eu un épisode dramatique l’an dernier avec les débordements de rivière. 80% des débordements ont été liés à des déchets d’origine humaine. Nous nous avons procédé au nettoyage des 4 grandes rivières : Fataua, Punaruu, Tipaerui et la Hamuta un an après. On a terminé la campagne le 22 décembre et on a sorti 300 tonnes de déchets de nos rivières. Ça veut dire que les gens n’ont pas compris ! Et ce ne sont pas forcément les riverains. »
Est-ce qu’il ne faudrait pas plus d’agents sur le terrain pour faire respecter ?
« C’est aussi pour ça que dans certaines communes il y a de moins en moins de problèmes. Si on prend la commune de Arue, au-delà de la sensibilisation, il y a aussi de la répression. Sur Punaauia, le maire a commencé aussi à dédier une partie de sa police municipale pour des actions de répression. Ils ont une brigade verte. je pense que les choses se mettent en place petit à petit. Le Code de l’environnement vient juste d’être modifié. J’étais conseiller technique en 94 quand on a évoqué les modifications du Code de l’environnement. Peu de ces modifications ont abouti. Nous l’avons fait. »
Depuis le début de votre campagne, vous mettez en avant les bons résultats du gouvernement. Vous êtes dans la continuité. Il reste quand même des points noirs : le chômage, la pauvreté. Qu’est-ce que vous pouvez dire ce soir aux électeurs pour les inciter à continuer de vous suivre ?
« Le chômage est lié à 10 ans d’instabilité, la pauvreté est liée à ces 10 ans d’instabilité. Nous disons qu’il faut de la stabilité. C’est une première réponse. Ce n’est pas suffisant. Mais la réponse de nos prédécesseurs ça a été aussi d’embaucher massivement dans l’administration et dans les communes à tel point qu’aujourd’hui nous avons trop de fonctionnaires. La réponse ne peut plus venir de l’administration. Ça passe par la création d’entreprise, par des embauches dans le privé, par le développement économique de notre pays et par des grands projets mais encore une fois pas des projets qui soient à notre échelle. C’est le but du Tahitian village. Encore une fois : 1500 chambres plutôt que des milliers. Je ne sais pas. Ça me fait très peur parce qu’on va devenir un nouveau Waikiki, un nouveau Las Vegas. Là, avec nos frères maori, nous voulons construire quelque chose qui soit à l’image des Polynésiens avec les Polynésiens. »